Critique : Confession d'un enfant du siècle

Melissa Blanco | 27 août 2012
Melissa Blanco | 27 août 2012
"Il est doux de se croire malheureux, lorsqu'on est vide et ennuyé". Pour son deuxième long-métrage, la réalisatrice Sylvie Verheyde change de registre et s'attaque, quatre ans après la chronique adolescente Stella, à l'adaptation du roman d'Alfred de Musset, Confession d'un enfant du siècle. On y suit la trajectoire d'Octave, un amoureux transi trahi par sa bien aimée. Persuadé qu'il ne recroisera plus jamais l'amour, le jeune homme s'abandonne aux passions les plus féroces... avant de rencontrer la douce Brigitte, une veuve de dix ans son ainée. Commence alors un jeu du "je t'aime moi non plus" dont personne ne sortira indemne.

Difficile de ne pas rapprocher Confession d'un enfant du siècle de Bright Star tant la réalisatrice suit les pas de Jane Campion. Avec un même souci de la mise en scène, Sylvie Verheyde filme non sans envie la rencontre de deux timides et leur impossibilité à exprimer leurs sentiments. Il se dégage une atmosphère romantique, renforcée par "un filtre instagram" et un leitmotiv musical. Quelque chose de sensuel aussi, dans cette manière que la réalisatrice a de rester au plus près de ses personnages, caméra à l'épaule, et notamment de son protagoniste masculin.

Tout en restant fidèle à l'oeuvre originale, Sylvie Verheyde propose volontairement une transposition plutôt moderne de l'oeuvre. Si l'on est dans le film à costumes, impossible de ne pas voir dans cette description du "mal du siècle" non pas celui de Musset mais le nôtre. En offrant le premier rôle à l'ex-leader de The Libertines, la cinéaste utilise consciemment et à bon escient le passif de Pete Doherty, aussi connu pour ses frasques que pour ses compositions. Et qui de mieux que le musicien pour incarner ce poête maudit ? De tous les plans, il traverse le film de sa démarche de dandy et ensorcelle par sa voix envoûtante. Hypnotisée par son apprenti acteur, Sylvie Verheyde en oublie d'ailleurs de filmer ses autres comédiens, n'adoptant que le point de vue unique d'Octave. En découle un déséquilibre certain du récit, malgré la présence de Charlotte Gainsbourg, et la sensation d'une histoire d'amour brouillonne, doucement insignifiante.

Si Confession d'un enfant du siècle éveillait toutes les curiosités, la cinéaste peine à nous entrainer dans son tourbillon des sentiments. Reste l'impression d'un rêve sur grand écran, bercé par la plénitude de l'oeuvre et la joliesse des images.

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