Si elle ne parvient jamais à réellement convaincre le spectateur (le spectateur sobre en tous cas), cette love story inclassable, écrite, interprétée, produite, réalisée, montée et quasi-vomie à l’image par un seul et même animal aura au moins eu le mérite de nous révéler Evan Glodell, un cinéaste à la sensibilité vraiment à fleur de peau. Car si ratée soit-elle, sa fabulette fleur bleue, violemment hyper-sensible (et sensiblement hyper-violente), a pour elle ce lyrisme forcené et frustré, qui explose à l’écran comme une rage incontrôlée et qui se révèlera d’ailleurs à la fois la force et la grande faiblesse du film.
En effet, à force de ne pas réussir à canaliser sa créativité brutale et souvent grotesque, celle-ci finit par se retourner contre le métrage, qui, tandis qu’il avance, évolue imperceptiblement de l’histoire d’amour fusionnelle à la diatribe alcoolisée pro-amitié virile et, dans le fond, un peu misogyne sur les bords. Cela dit, pour qui saura se laisser porter par ce récit décousu et un poil répétitif, Bellflower proposera tout de même quelques séquences magnifiques au cœur d’un ensemble bancal et peut-être un peu trop poseur pour être totalement sincère.