Critique : Les Tuche

Par Simon Riaux
30 juin 2011
MAJ : 25 février 2020
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La famille Tuche, dont les patriarches sont chômeurs de père en fils, gagnent à la loterie une petite fortune, et décident d'emménager à Monaco, où il leur faudra composer avec leur nouveau voisinage, au risque de se noyer dans les tentations de la haute société monégasque. De ce point de départ Olivier Baroux, l'ancien compère de Kad, s'essaie à la comédie familiale, où se greffent les partitions délurées de Jean-Paul Rouve et Isabelle Nanty. En somme, le réalisateur se retrouve face au même défi que ses personnages, réussir à mener à bien un projet contradictoire, sans perdre son âme.

Heureusement, Il ya eu des progrès depuis Safari. On sent poindre  de vraie envies de cinéma. Du look des Tuche, en passant par l'aménagement de leur villa, jusqu'aux personnages secondaire (dont une Claire Nadeau en grande forme), plusieurs éléments sont mieux amenés, filmés avec plus de caractère qu'avant. On constate la même chose dans l'écriture, grâce notamment à un gag qui ravira les amateurs de vitesse et de veau. Hélas, l'ensemble ne se départit pas de défauts profonds et parfois embarrassants.

Le metteur en scène a choisi de nous embarquer dans les mésaventures d'une famille à côté de la plaque, mais il s'égare en nous décrivant une tripotée d'abrutis, et annihile ainsi notre empathie naissante. Certaines répliques traduisent involontairement un mépris profond pour les personnages (voire l'usage que fait Isabelle Nanty d'un flacon de Chanel), à tel point que l'on se sent parfois plus proche des snobs monégasques que de leurs victimes ahuries. Le traitement réservé à Coin-coin, dernier né et surdoué de la famille, est particulièrement éloquent et schizophrénique.

Il est regrettable que le film évacue plusieurs problématiques intéressantes, potentiellement très drôles, telles que l'orientation sexuelle d'un membre de la famille. Ces idées deviennent rapidement de simples gimmick, qui font rire, mais que l'on oublie presque instantanément. On est désolé de voir le talent Jean-Paul Rouve amoindri par des sous intrigues dignes d'un mauvais téléfilm, à l'image de cette ultime pirouette qui vient relativiser le discours de l'ensemble sur le bonheur simple d'une existence dictée par autre chose que l'argent.

Les Tuche emmerdent les bourgeois, tellement bien qu'ils sont parfaitement inconscients de devenir les pires d'entre eux, l'accent en plus. Le réalisateur lui, accouche d'un long-métrage propre et très correctement exécuté, qui correspond probablement beaucoup plus aux critères d'un horaire de grande écoute sur la première chaîne, qu'aux intentions qui étaient initialement les siennes. Au final et à notre corps défendant, le film nous en Tuche une sans faire bouger l'autre.

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