Critique : L'Exode - Soleil trompeur 2

Sandy Gillet | 22 mai 2010
Sandy Gillet | 22 mai 2010

Soleil trompeur premier du nom participait en son temps (les années 90) à l'affranchissement d'un pays vis-à-vis de son passé communiste. Il y était question d'un Général de la révolution à la retraite que l'on venait chercher dans sa datcha pour y être exécuté sur ordre de Staline. Cinq ans plus tard en 1941 commence L'exode sous-titré Soleil trompeur 2. Où l'on y apprend que le Général Kotov a en fait survécu, qu'il est devenu prisonnier de droit commun (et non plus politique) et qu'il s'échappe du camp une fois celui-ci bombardé par l'aviation allemande. Le voici alors se jetant à corps perdu dans cette nouvelle guerre où il redevient simple trouffion pensant à tort que sa femme et sa fille ont péri eux aussi.

Si le premier opus de ce qui s'avère dorénavant être un triptyque avait pour lui la force de sa démonstration s'appuyant de surcroît sur une réalité historique démontrée (la paranoïa sans cesse grandissante de Staline vis-à-vis de tous ceux qui pouvaient faire de l'ombre à sa personne et à son leadership), L'exode ne semble exister que par la volonté de faire un film qui puisse enfin représenter d'une manière magistrale et épique le sacrifice de toute une nation contre la déferlante guerrière nazie. Mikhalkov considérant (à tort ?) que cette partie de l'histoire est au mieux sous-estimée ou  au pire, ubliée de ses contemporains.

C'est donc à une sorte de réhabilitation historique que s'attelle le réalisateur des Yeux noirs, motivation qui peut prêter à la polémique quand on sait que le bonhomme a bénéficié d'une somme considérable en provenance d'un État russe que l'on sait aspirant depuis longtemps à un retour à la grandeur passé. Et il est évident que ce Soleil trompeur 2, dans sa volonté de mémoire partisane, participe à cette reconstruction de la fierté nationale. De là à dire qu'il y a comme une volonté de souffler sur les braises d'un patriotisme jamais vraiment éteint comme l'a fait Staline en son temps pour sauver le pays de la débâcle, il y a un parallèle que nous franchirons allègrement.

De fait l'association entre retour aux sources et financement étatique massif au détriment de toute une génération de cinéastes russes furieux (mais moins en phase avec les volontés politiques du moment) donne donc un film forcément biaisé mais que l'on se surprend à visionner sans déplaisir, bien au contraire. Si le style est ampoulé (à la russe diront certains), on suit les aventures de ce Général à la recherche d'un nouveau destin ainsi que celle de sa fille à la recherche de son père, avec un vif intérêt et ce sans que l'on sente passer les 150 minutes du métrage.

Sans compter le cliffhanger de fin qui finit de nous convaincre que si le cinéaste est peut-être devenu une sorte de porte-parole un peu nauséeux de cette nouvelle Russie, il n'en n'a pas pour autant oublié qu'il faisait un film avec ce que cela implique pour capter et garder son public. Si l'on attendra le troisième et dernier épisode pour se prononcer définitivement quant à la route définitivement empruntée, prenons ce Soleil Trompeur pour ce qu'il veut être par dessus tout mais qu'il n'est pas encore : un film d'aventures guerrières dans la grande tradition du Pont de la rivière Kwai ou Lawrence d'Arabie !

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