Critique : La Rafle

Sandy Gillet | 10 mars 2010
Sandy Gillet | 10 mars 2010

Le seul intérêt de La rafle, mais il est majeur, est son côté pédagogique. Et en cela il remplit admirablement son rôle. Pour le reste il sera difficile de le défendre tant il est vrai que le second long de Rose Bosch réalisatrice a tout du produit calibré pour passer en prime time sur une chaîne du service public. Ce qui en soi n'est pas un défaut loin s'en faut, mais qui le devient quand tout est fait pour le dissimuler derrière les « oripeaux » d'une production à grands renforts de têtes d'affiches et d'effets numériques assez hideux. « Une qualité française » que n'aurait d'ailleurs pas renié l'État vichyssois...

C'est que La rafle se veut outre cette vaste entreprise de mémoire salutaire  (il n'existe en tout et pour tout qu'un seul cliché de cet épisode tragique et peu glorieux de notre histoire), une œuvre de fiction avec une volonté narrative à hauteur d'enfants. Une position affirmée jusqu'aux angles de caméras... Pour cela Rose Bosch s'est appuyée sur le témoignage d'un rescapé, Joseph Weismann, alors âgé de 11 ans et qui avec un jeune compagnon s'est échappé du camp de Pithiviers, alors antichambre française d'Auschwitz. Si la volonté est louable, elle est sans cesse nivelée par le bas (sans mauvais esprit quant à la volonté narrative adoptée) par il faut bien le dire un manque de talent évident dans le sens du rythme et de la dramaturgie. Tout juste pourrait-on sauver de ce marasme cinématographique le casting certes quatre étoiles pour ménagère de plus de 50 ans, mais qui tient la route quant à la sobriété du jeu d'ensemble adopté.

On se prend à rêver à ce qu'aurait pu faire Spielberg avec un sujet pareil. Lui qui avec La liste de Schindler avait su rendre son propos ni trop documentaire, ni trop putassier pour en faire un miracle d'équilibre tel un funambule allant d'un gratte-ciel à l'autre par vents violents. Même si La rafle ne se prévaut jamais d'une telle inspiration, il ne peut complètement s'en détacher non plus. Et si la comparaison est cruelle il n'en demeure pas moins un film à montrer dans toutes les écoles. S'il ne touchera pas au cœur nos jeunes bambins et ados boutonneux, il leur martèlera au final le message infiniment plus précieux que tout cela n'est pas une fiction.

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