Critique : Chungking Express
« Un garçon aime une fille, une fille aime un garçon ». C'est à partir de ce synopsis simplifié à l'extrême que Wong Kar-Wai réalise Chungking Express, sans conteste son meilleur film. Dans la ville-monde de Hong Kong, assommée par une foule confuse et mouvementée d'individus affairés, deux histoires se succèdent. Celles de deux flics, deux matricules, lâchés par leur petite amie, et qui s'engagent, chacun à leur manière, dans une impasse amoureuse. Mais ce n'est pas tant ces histoires d'amour en elles-mêmes qui importent. Wong Kar-Wai met d'abord l'accent sur les différents parcours individuels en nous faisant partager les rêveries, les désirs et les tourments de chacun.
Peinture de romances basiques et contrariées plutôt que de romances sublimées, Chungking Express, bercé par une poésie intimiste, nous donne à voir un ensemble de personnages paumés en quête d'extraordinaire. Des personnages rendus attachants par leur folie ordinaire, comme ce goût du policier matricule 223 pour les boites d'ananas périmées. Profitant à plein du montage nerveux de Wong Kar-Wai, l'elliptique récit de Chungking Express nous fait parfaitement ressentir l'aspiration universelle à une folle passion. Au final Chungking Express est bien un film essentiel, un chef d'œuvre même, servi par une bande-son géniale et qui nous laisse sur l'étonnante sensation d'un besoin de fabuleux.
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