Critique : Gardens of the night

Julien Foussereau | 10 septembre 2008
Julien Foussereau | 10 septembre 2008
Avec Gardens of the night, Damian Harris s'attaque à un sujet extrêmement sombre : l'enfance volée, le détournement des repères moraux par le rapt, la pédophilie et leur gestion à l'aube de l'âge adulte. Leslie a 8 ans lorsqu'elle se fait enlever par deux ordures manipulatrices. Sa vie sera détruite à jamais par la pédophilie, la pédopornographie et la prostitution.

Gardens of the night repose sur deux parties bien distinctes : la descente aux enfers de Leslie à 8 ans puis ses conséquences dix ans plus tard. La première impressionne par sa documentation des mécanismes infernaux des geôliers pédophiles pour briser toute velléité de s'enfuir. Bien que cela ne soit pas une révélation, il est tout autant question d'abus physique que de viol psychologique et la construction du piège se refermant peu à peu sur Leslie glace le sang par la mise en scène à hauteur d'enfant.

Certains estimeront le procédé un peu trop scolaire ou digne d'une soirée Arte spéciale « enfance en danger » dans laquelle ce film trouverait sans doute sa place. Mais ce ne serait pas rendre justice à la superbe photographie de Paula Huidobro, à la fois lumineuse et saturée. Ce traitement visuel, en accord avec le parallèle symbolique du Livre de la Jungle de Kipling agit comme une respiration dans un calvaire de plus en plus insoutenable. L'empathie est alors à son comble.

La deuxième partie narrant la vie de Leslie à 17 ans en clocharde tapineuse dans les rues de San Diego s'articule autour de deux questions : sommes-nous inévitablement le produit de notre passé ? Peut-on défaire ce qui a été fait ? La réponse se devine rapidement et la tentative d'une Leslie enfant de se raccrocher à son dernier gramme d'innocence a laissé sa place à une chronique sordide et terriblement ordinaire de la survie dans une jungle urbaine, bien plus cruelle que celle de Kipling, celle où les macs et les dealers sans foi ni loi se substituent aux pédophiles. Ils n'en sont pas moins aussi dangereux.

Pourtant, aussi réaliste soit-elle, cette description effroyable est amoindrie par un mauvais raccord entre les actrices Ryan Simpkins et Gillian Jacobs. Autant la première demeure étonnante de justesse dans sa forteresse animale, autant la seconde peine à afficher les stigmates qui ont détruit sa vie et cela se ressent sur la longueur. Heureusement que le générique de fin nous réveille tel un électrochoc par cette seule information : 58 000 enfants sont enlevés par des inconnus chaque année aux États-Unis. La moitié sera confrontée à des abus sexuels. Rien que pour ce chiffre et sa volonté de rendre hommage à ces victimes, Gardens of the night mérite notre attention.

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