Critique : American teen

Julien Foussereau | 8 septembre 2008
Julien Foussereau | 8 septembre 2008

 

Lauréat du prix du meilleur documentaire au dernier festival de Sundance, American Teen ambitionne de porter un regard nouveau sur le monde adolescent américain. Pendant près d'un an, Nanette Burstein a posé sa caméra dans une petite ville de l'Indiana et s'est focalisée sur cinq adolescents. Faire voler les préjugés véhiculés par les teen movies à succès afin de nuancer les supposés castes lycéennes est une intention plus que louable. Seulement, Nanette Burstein a trop regardé les films de John Hugues et cela se voit ! Par le biais du montage, certaines tranches de vie passeraient presque pour des copier / coller de Sixteen candles et Pretty in Pink sans oublier bien sûr Breakfast Club. Comme si, étrangement, la réalité rattrapait la fiction, autant dans le fond que dans la forme.

 

Car Nanette Burstein a bénéficié de moyens plus que conséquents pour réaliser cette œuvre étrange. Plusieurs équipes avec éclairages artificiels et caméras HD, Paramount Vantage a sorti le grand jeu. Formellement, la beauté des images est à mettre du côté des points positifs de American Teen. Burstein va même plus loin en osant illustrer les rêves, les craintes et les fantasmes du quintet par des séquences animées inventives. Se dégagent de ces cinq chapitres animés une innocence, un romantisme et un idéalisme suffisamment touchant pour construire une mythologie alternative de l'adolescence made in USA. Hélas, Burstein joue trop la sécurité : la major de promo est toujours autant tête à claque que le nerd est pathétiquement loser tandis que le frimeur préférera rester avec ses abrutis de potes plutôt que de tenter la différence avec la rebelle...

 

Sex academy, « l'hénaurme » parodie de teen comedies démontrait l'impossibilité pour Hollywood de se départir d'un cahier des charges préétabli, American Teen sous-entendrait presque que ses clichés sont réalité. Seuls le sportif en quête d'une bourse universitaire et l'artiste en herbe sont réellement attachants et réussissent par instant à sortir du moule. Là, American Teen effleure de vrais problèmes comme la performance à tout prix ou bien la dictature cruelle du paraître. Mais Burstein racle la surface et s'amuse beaucoup plus à surdramatiser des situations par un montage alterné digne de la pire trash TV. Ce penchant conduit également Burstein à produire des situations comiques réellement efficaces quoique gênantes par leur facilité a posteriori : on rit plus souvent à leurs dépends et la déontologie documentaire prend du plomb dans l'aile.

 

De Gaulle disait que la vieillesse est un naufrage. On serait tenté d'ajouter après American Teen que l'adolescence est un fléau. Putain d'ados !

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