Critique : Shirin

Par Jean-Noël Nicolau
28 août 2008
MAJ : 1 octobre 2018

Shirin, le nouveau film d'Abbas Kiarostami se présente, comme souvent avec le réalisateur iranien, sous la forme d'un dispositif aussi fascinant qu'insoutenable pour beaucoup de spectateurs. Durant 1h30, il s'agit d'une succession de plans de 15 secondes sur des visages de femmes voilées en train de regarder un film. En off nous écoutons avec elle l'histoire de Shirin, future princesse, mais avant tout amoureuse au destin tragique. Le récit en lui-même est touchant et interprété avec intensité, avec force bruitages et musique lyrique.

 

Mais le véritable intérêt de l'œuvre réside dans ces femmes, toutes sublimes, dont les émotions se lisent avec une saisissante vérité. Shirin est un hymne à la splendeur féminine, aussi bien physique que spirituelle. Cette beauté se dévoile à la fois au travers de la mise en abyme de l'art cinématographique (les spectateurs contemplent les spectatrices) et à la fois dans la durée de l'expérience. Ne le cachons pas, Shirin est une œuvre extrêmement exigeante, dont la splendeur culmine dans les dernières minutes. Devant tous ces regards d'où perlent des larmes, nous sommes entraînés, presque malgré nous, dans le même état de bouleversement. On ressort de la salle les yeux humides, avec le sentiment léger, mais indéniable, d'avoir effleuré la grâce.

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