Critique : Under the cherry moon

Julien Foussereau | 6 mai 2008
Julien Foussereau | 6 mai 2008

Il y a bien longtemps dans les années 80, Roger Nelson alias Prince dominait l'univers de la musique. Ses albums squattaient les sommets des charts. Son pont d'or avec Warner Records était historique. En conséquence, l'ego de Prince atteignit les hauteurs vertigineuses de ses talonnettes. Il voulut être un artiste multicartes, le plus grand génie créatif de son temps. Parce qu'il se savait nain par la taille, il se dit que sa bobine sur grand écran en jetterait un max. Ce fut Purple Rain, musical gravement kitsch dans lequel notre Prince chevauchait une grosse cylindrée tout en s'aimant beaucoup en pourpre. Nos yeux saignaient autant que nos oreilles en redemandaient tant la musique était bonne. On aurait pu en rester là. Cependant, c'était mal connaître ce grand mégalo de « Prinssou », le seul à même de mettre en scène son génie incommensurable dans Under the Cherry Moon... Tous aux abris !

 

Oubliez les perles les plus grotesques de Purple Rain, elles sont enterrées par l'intégralité de Sous la lune cerise. Prince passe derrière la caméra et vous parle de l'Amour infini, en noir et blanc et sur la côte d'Azur. Alors fini de rire ! Passons l'histoire d'une crétinerie affolante : un gigolo, sexy motherfucker au point de déclencher des orgasmes chez des rombières niçoises rien qu'en jouant du piano, tombe amoureux d'une pouffe de bonne famille (Kristin Scott-Thomas ou la preuve que la valeur peut attendre un nombre certain d'années !)

 

En maître d'œuvre control freak absolu, Prince offre en pâture à ses disciples un spectacle désolant sur les ravages du tout à l'ego, très justement classé par la critique américaine comme un des pires films de tous les temps. Pendant une heure et demie, Prince dragouille au volant de sa love machine dans des tenues pas possibles, à prodiguer la moquette à l'air des leçons de vie à faire pâlir Patrick Sébastien dans T'aime ! quand il ne pratique pas un humour à réhabiliter Jean Roucas ! Mais c'est dans l'étalage du narcissisme le plus éhontée que Under the Cherry Moon laisse bouche bée tant tout cela dissimule mal un complexe d'infériorité que rendrait fou de rage un dictateur nord-coréen. C'est simple, Prince s'autorise un culte de la personnalité tellement démentiel qu'il finirait au bagne si, d'ordinaire, il donnait un concert à Pyongyang !

 

Vous l'aurez compris, Under the Cherry Moon se situe au delà de l'accident industriel, c'est l'apocalypse du TRES TRES mauvais goût, celle qui vous donne envie de vous défenestrer du rez-de-chaussée après avoir préalablement piétiné à la rangers cloutée vos albums préférés du Prince !

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