Critique : Super Nacho

Par Flore Geffroy
19 juin 2006
MAJ : 29 septembre 2018

Soyons tout de suite bien clair : les qualités purement cinématographiques de Super Nacho sont loin de donner le tournis. Tourné comme un piètre film de touriste en vadrouille (au Mexique, mais ce pourrait tout aussi bien être en Afrique qu’en Equateur), le film ne brille ni par ses qualités esthétiques, ni par un sens éblouissant de la narration.

Et pourtant… Pourtant, le réalisateur de cette farce comique s’appelle Jared Hess. On doit à cet individu de 26 ans l’ovni – et désormais cultissime aux Etats-Unis – Napoleon Dynamite, sorti en 2004. Cette fois, Jared Hess semble s’être laissé phagocyter par son personnage principal, Ignacio, alias Nacho le catcheur au grand cœur. Ou plutôt, Nacho le personnage se fait gober tout cru par son interprète, le phénoménal Jack Black. Infatigable, le comédien fait un one-man show assez ébouriffant. Ce survolté électrise un scénario sans surprise et porte chaque minute avec une force comique pas forcément subtile, certes, mais suffisamment efficace pour déclencher le rire. Qu’il chante comme une casserole ou se trimballe sur son triporteur motorisé, sa dégaine de balourd en collants moulants à la Superman fait merveille. Il reste irrésistible lorsqu’il se fait rosser par une montagne de muscles ou sert la tambouille aux petits orphelins. Peu importe qu’il en fasse parfois des tonnes : ce type-là est un festival de grimaces, de sourcils qui se lèvent, de regards ahuris, de sourires niais… Il en serait presque épuisant, s’il n’était autant azymuté.

Toute prestation de ce calibre se doit d’avoir un faire-valoir. Celui-là s’appelle Esqueleto (Squelette, ) – Héctor Jiménez – un grand échalas tout maigrichon qui forme, avec l’enrobé Nacho, un tandem à la Laurel et Hardy. Un tandem évidemment antinomique : la perche longiligne et le petit enveloppé ; l’homme de Dieu et l’homme de science ; le courageux et le lâche. Ajoutons enfin le seul élément féminin (et lumineux) dans un monde d’hommes et de brutes, une nonne aux airs de madonne (et de Penelope Cruz). Voilà qui tranche avec les gueules burinées d’un casting sinon pas vraiment aux normes hollywoodiennes pour le physique. Finalement, inutile de chercher midi à quatorze heures : Super Nacho n’a d’autre vélléité que de détendre. C’est parfois gras, pas totalement indigeste et complètement inoffensif. Alors pourquoi pas ?

Flore Geffroy (à Los Angeles)

Rédacteurs :
Résumé
Tout savoir sur Super Nacho
Vous aimerez aussi
Commentaires
0 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires