Critique : Les Parrains

Johan Beyney | 17 octobre 2005
Johan Beyney | 17 octobre 2005

[img_left]lanvindarmon.jpg [/img_left]Après Le Boulet, Fréderic Forestier se lance avec succès dans une entreprise de réhabilitation de la comédie de gangsters, un genre dans lequel le cinéma français s'est largement illustré, sous les traits de Gabin ou Ventura et sous férule d'un certain Audiard. C'est bien à ces voyous de la vieille école que Les Parrains fait référence. Des hommes qui, en plus de leur bagout argotique, des belles fringues et des gourmettes, ne doivent leur existence qu'à une chose : le respect d'un code d'honneur du bandit unanimement partagé. On ne flanche pas. On ne laisse pas une femme gâcher de belles amitiés. Et, surtout, on ne trahit pas. Le réalisateur propose de ressusciter ces personnages disparus pour lesquels on ressent un certain attachement nostalgique, dans une comédie moderne menée tambour battant.

C'est pour la lecture du testament de leur ancien « associé », mort en prison après un casse foireux pour lequel il n'a pas dénoncé ses amis, que Lucien, Serge et Henri sont amenés à se retrouver. Rangés des voitures, ils croupissent chacun dans une vie peu excitante de brocanteur, vendeur de voiture de luxe ou agent immobilier (aucun lien avec un quelconque tempérament d'escroc donc…) jusqu'à ce qu'ils soient amenés par les coups du sort à reprendre du service. Pour moderniser son propos, Frédéric Forestier fait baigner ses retrouvailles dans une ambiance très inspirée des films de genre américain. Le générique très soigné, la bande-son funky, l'utilisation bien amenée du split screen renvoient à une esthétique seventies plutôt bien traitée. Dans cette comédie policière où l'humour prend la place de l'hémoglobine, on sent sourdre les références : de l'Audiard pour les personnages certes, mais également L'affaire Thomas Crown, Ocean's eleven ou Les neuf reines (ou son remake américain Criminal). En apportant sa french touch, Frédéric Forestier livre un film en forme d'hommage (et pas de plagiat), jouant sur le décalage géographique (la France n'est pas les États-Unis) et temporel (les voyous d'aujourdhui ne sont plus ceux d'antan). Grâce à une mise en scène rapide et rythmée, le film gagne en efficacité ce qu'il n'a pas en originalité.

Si la sauce prend aussi bien, c'est principalement– au-delà d'un scénario bien ficelé alliant humour et action – grâce à un casting très bien pensé. Lanvin, Darmon et Villeret, à la complicité évidente, sont parfait pour camper ces vieux loups de mer de la truande. Si les deux premiers apportent aux rôles les visages émaciés et les voix caverneuses de « ceux à qui on ne la fait pas », Jacques Villeret incarne quant à lui à merveille ce monde désuet du polar à l'ancienne. Les dialogues, bien écrits, permettent de donner corps avec drôlerie à cette ancienne amitié retrouvée. Même si, pour qui est un peu habitué de ces films d'arnaque, le dénouement n'a rien d'exceptionnel, la réunion de ces trois acteurs sympathiques autour d'une histoire qui ne l'est pas moins fait réellement plaisir à voir.

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