Critique : Terrain d'entente

Après l'excellent Deux en un , découvrir le nouveau film des frères Farrelly, Fever pitch (Terrain d'entente en salles le 19 octobre 2005 pour une sortie technique : comprenez une poignée d'écrans sur la France entière) constitue une déception. Voir ainsi les Farrelly se vautrer dans le confort de la comédie romantique lambda (ici à connotation sportive) occasionne un joli coup de blues. Alors, durant la projection, on n'y croit pas tout à fait. On se dit que les deux frangins sont trop déjantés et imprévisibles pour que cette histoire d'amour impossible entre un prof raide dingue des Red Sox de Boston et une jeune femme carriériste se contente de nous infliger les scènes incontournables du genre (ils n'ont rien en commun et pourtant ils vont s'aimer puis être séparés par leurs différences…pour mieux se retrouver et comprendre qu'ils sont faits l'un pour l'autre). Et pourtant, c'est ce qui se passe…

Enfin presque car en transposant l'univers du roman de Nick Hornby (qui avait déjà servi au film Carton jaune avec Colin Firth) du football au base-ball, les Farrelly réussissent lors de quelques rares mais bonnes séquences à dépeindre ces « geeks » si tendres à leur cœur depuis leur début (le génialissime Dumb & dumber). Voir le falot Jimmy Fallon en obsédé pathologique de son équipe sans cesse perdante (les Red Sox n'ayant pas remporté les World Series depuis 80 ans…à l'époque du film) tenter de se désintoxiquer pour plaire à sa belle occasionne quelques éclats de rires. À l'image de cette désopilante séquence où il apprend que le premier match qu'il rate depuis 23 ans, était justement LE match à ne pas rater pour cause de performance hallucinante de son équipe.

Mais ces instants sont malheureusement noyés dans un récit des plus convenus (même si non déplaisant) comme le démontre dans ses grandes largeurs le final on ne peut plus hollywoodien du film, aucun grain de sel « farrellyen » ne venant alors contredire le sentiment que les deux cinéastes se sont vendus (le temps d'un film ?) à l'establishment. Par amour de leur sport national ? On l'espère…