Critique : Hitch - Expert en séduction

Stéphane Argentin | 14 février 2005
Stéphane Argentin | 14 février 2005

Choix marketing judicieux que la sortie d'une comédie romantique le week-end de la Saint-Valentin puisque Hitch a profité de cette occasion pour prendre la tête du box office US (cf. B.O. US du 11 au 13 février 2005). Le seul hic, c'est que le film ne débarquera en France qu'un mois après la fête des amoureux. Mais ce délai ne devrait nullement occulter son pouvoir de séduction car l'expert dans ce domaine a pour nom Will Smith et que ses leçons ont tout pour plaire.

Il faut dire qu'avec ses beaux airs, ce prince a fière allure dès l'ouverture en prodiguant ses bons conseils directement aux spectateurs tel le fidèle bras droit de Cupidon aidant les couples à se former tout en douceur. Et pourtant à ce jour, personne n'avait encore eu semble-t-il la bonne idée de confier un rôle aussi adapté à Will Smith, cantonné dans les buddy-movies. Quelle femme ne succomberait pas à l'acteur – chanteur black le plus cool et le plus en vue d'Hollywood et du showbiz en général ? La séduisante latino-américaine Eva Mendes ? Au début peut-être, mais sûrement pas à la fin. Car, s'il y a bien une chose qui ne surprendra pas, c'est de dévoiler la conclusion en forme de « ils se marièrent, vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ».

Alors me direz-vous, outre le couple Smith – Mendes, Hitch possède-t-il d'autres charmes justifiant un quelconque intérêt en marge des banalités habituelles du genre ? Assurément oui car, pour une fois, le film cherche précisément à éviter les clichés en vigueur en tentant de nous offrir des personnages un tant soit peu crédibles et non sortis d'un gentil conte de fées. Et en matière de contes de fées, le réalisateur Andy Tennant s'y connaît puisqu'il nous avait servi À tout jamais, une histoire de Cendrillon en 1998. Mais si le metteur en scène est un habitué du genre (il cumule les comédies romantiques depuis ses débuts dans le long-métrage en 1995), on pourra hélas lui reprocher une mise en scène trop effacée et statique, s'en remettant uniquement au monteur (lui-même un peu trop zélé par endroits dans sa frénésie de champs / contre-champs) et au directeur de la photo, Andrew Dunn, déjà beaucoup plus inspiré dans ses ambiances douces et feutrées et ses éclairages fusants parfaitement adaptés.

À défaut de technique, le charme de Hitch opère sans coup férir dans la présentation puis la synergie qui s'opère entre les personnages. Hitch n'est pas qu'un tombeur qui cherche simplement à élargir son tableau de chasse mais un véritable conseiller qui donne juste un « petit coup de pouce » (il n'est d'ailleurs pas interdit de noter quelques recommandations au passage) tout en cherchant lui-même l'élue de son cœur. C'est également sans doute pour cette raison que les formes de séduction les plus agressives sont mises de côté : la scène de speed dating n'est qu'un prétexte aux règlements de compte où le culbuteur d'un soir est mis sur le banc des accusés. Face à cette agence matrimoniale ambulante d'un nouveau genre, Eva Mendes campe une journaliste certes blasée par ses précédentes rencontres mais qui n'attend qu'une chose elle aussi : trouver la bonne personne. Pour la séduire, Hitch va déployer des trésors d'ingéniosité (le talkie-walkie) et de poésies (le musée) qui vont parfois se retourner contre lui tout en apportant une certaine crédibilité à l'ensemble (dans le genre « tout n'est pas toujours aussi parfait et idyllique que ce qu'on espérait »). À ce titre, certains gags, à la limite de l'humour ZAZ, ne font pas dans la finesse (un coup de pied en plein visage, une allergie alimentaire qui rappellera ouvertement le Coluche de Banzaï) mais sans pour autant paraître complètement hors du contexte.

Mais son véritable « atout charme », Hitch le doit surtout à Kevin James dans le rôle d'Albert, simple employé un peu gauche et enrobé, éperdument amoureux de la riche et célèbre Allegra (ravissante Amber Valletta que l'on retrouvera prochainement aux côtés de Jason Statham dans Le transporteur 2), elle aussi loin des clichés de la femme du monde BCBG totalement vénale et coincée. Dans son parcours tumultueux pour conquérir l'élue de son cœur et vaincre sa timidité, le « gars du Queens » (septième saison pour cette sitcom à succès) nous livre une performance qui aurait presque fini par éclipser celle de Smith si ce dernier, star et producteur du film, avait eu un temps de présence égale à son élève. Le naturel et la maladresse d'Albert donnent ainsi lieu aux scènes non seulement les plus touchantes mais également les plus hilarantes du film. À ce titre, la scène de danse (d'ailleurs reprise en conclusion du film, comme quoi le potentiel comique a très bien été cerné) est tout simplement à hurler de rire tandis que la parfaite complémentarité du troisième « couple » du film opère à fond, à savoir le duo Will Smith (stoïque et déconcerté) – Kevin James (exubérant).

Et bien que ce parcours d'obstacles ait parfois tendance à accuser une petite baisse de rythme en retombant dans les « incontournables » de la comédie romantique (le malentendu, la réconciliation finale…), l'élève réussit très bien à se passer du maître et à nous offrir « in fine » un numéro dont le charme agira sans mal même si le 14 février est déjà loin.

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