The King’s Man : Première Mission - critique qui joue au plus Fiennes
Depuis qu’il est passé derrière la caméra avec Layer Cake, Matthew Vaughn éparpille, revisite et reconfigure les grandes figures de la pop culture, du gangster, en passant par le super-héros ou l’espion Bondien. Avec un troisième volet de la saga Kingsman en forme de prequel nommé The King’s Man : Première Mission, il s’essaie à un tout autre genre, aux enjeux et traditions radicalement différents de ceux qu’il a explorés jusqu’alors.
GENTLEMAN GUERRIER
Si ce nouvel opus opte une nouvelle graphie et s’intitule The King’s Man : Première Mission, ce n’est pas seulement par coquetterie, mais bien pour nous indiquer que le centre de gravité de la saga a changé. Nous ne sommes plus ici aux prises avec des combattants résolument indépendants du pouvoir, puisque nos héros se placent, de leur propre aveu, au service de la couronne, veillant notamment à sa survie. De fait il retrouve donc ici une certaine tradition de l’aventure à l’anglaise.
Il a l'air fin Ralph
Un concept du gentleman, abondamment cité dans les deux premiers chapitres de la saga, le plus souvent pour être questionné et détourné, quand il est ici rétabli dans son acception classique, en témoigne la superbe de Ralph Fiennes, qui tient ici presque seul les rênes de l’intrigue, avec pour motivation originelle de préserver son Royaume, tant en termes d’intégrité que de dignité, alors que la Grande Guerre menace, puis fait rage dans toute l’Europe. Bien sûr, notre noble héros ne nous épargnera pas quelques saillies toutes britanniques et autres répliques frôlant l’impertinence, mais on est désormais à mille lieues des antagonistes zozotant des fins du monde cartoonesques, ou des espions rentrant les poils de ministres avenantes.
The King’s Man est désormais le terrain de jeu de dignes combattants, meurtris par les affres de la guerre ou la brutalité des hommes, mus par de glorieux serments, un sens du sacrifice hors-norme, un désir irrépressible d’aller toujours de l’avant. En un mot comme en 100, Matthew Vaughn ne rigole plus (tout à fait). En témoigne l’ouverture du récit, qui tranche avec les délires des chapitres qui ont précédé. Nul massacre en hélicoptère ou poursuite affolante dans les rues de Londres, mais le déroulé sur fond vert d’un trauma moins bien étalonné qu’une sex tape de moines franciscains.
Je serai le plus beau pour aller tuer
GUÉGUERRE MONDIALE
En effet, pour qui a toujours goûté la virtuosité avec laquelle le cinéaste a su investir quantité d’univers, de personnages ou de figures de la culture occidentale, l’entrée en matière de son nouveau film a des airs de désauce amère. Alors qu’un Fiennes grossièrement rajeuni s’émeut de la guerre civile sud-africaine, la caméra nous assène un double trauma originel non seulement attendu, mais déployé lourdement, et au gré d’une technique quasi-indigente, à tout le moins très en deçà de tout ce qu’a précédemment proposé l’auteur.
Il en sera ainsi du premier acte du long-métrage, qui doit faire face à une équation à peu près insoluble : hybrider le grand cinéma d’aventure classique, son sens de la gravitas, avec l’impertinence et l’amour du détournement qui fonde la saga dans lequel l’histoire s’inscrit. Car à l’évidence, Vaughn n’a pu financer son éclatant trip d’un bout à l’autre de l’Europe, en costumes, bourré d’action et de gadgets, qu’en promettant de le maquiller en un épisode de sa franchise à succès. Malheureusement, ces deux univers ne forment jamais un tout cohérent. Pire, ils s’alourdissent l’un l’autre.
"Te revoilà, mon fidèle second rôle !"
Tout d’abord parce qu’en voulant relire les grandes étapes du premier conflit mondial, le scénario se contraint à d’interminables circonvolutions, comme lors de l’assassinat d’un certain archiduc qui précipitera l’Europe dans le chaos, inutilement complexifié, et synonyme de grossières explications à l’adresse du spectateur. Et il en va de même sitôt le film contraint de contextualiser, au risque de se dilater à chaque rebondissement. Une structure qui étouffe la vitalité de l'ensemble, notamment durant une première bobine dramatiquement explicative, où les personnages déblatèrent mais paraissent ne jamais agir.
Enfin, c’est bien la tonalité de l’ensemble qui interroge. Le réalisateur s’avère incapable de trancher entre bouffonnerie et gravité. Représenter les souverains de la vieille Europe en gamins irresponsables, pourquoi pas, mais réduire les totalitarismes soviétiques ou nazis à de simples castings absurdes, décrire les tranchées comme la plus tragique des boucheries... avant de faire jouir sa caméra d’une homérique baston nocturne sont autant de contradictions qui finissent par brouiller le message du film, jusqu’à l’alourdir définitivement.
Tsar Académie
BATAILLE DE LA SOMME DE TOUTES LES PEURS
The King’s Man est-il pour autant un film raté ? Non, le métrage contient son lot de faux pas, donne pour la première fois le sentiment que son metteur en scène ne maîtrise pas son sujet, jusqu’à se laisser dépasser par ses propres ambitions, mais il n’a pas pour autant perdu sa capacité à étonner, ou tout simplement à incarner un cinéma virevoltant, à défaut d’être virtuose. Le goût de l’épopée que recherche frénétiquement le cinéaste nous emporte plus d’une fois, quand il parvient à aligner l’inventivité, la technicité et la ludicité qui sont devenues ses marques de fabrique.
Cabot quand il nous offre une scène d’action où un Raspoutine lubrique entend découper ses adversaires en caricaturant un danseur du bolchoï, enflammé quand il se frotte à 1917 le temps d’une immersion dans les tranchées qui vire à la pure boucherie, mais aussi joueur quand il nous balance dans les pattes des légendes de la trempe de Mata Hari, le conteur a changé de modèles, et se rêve désormais en maître d’oeuvre d’un Capitaine Blood belliciste, ou en descendant de L’homme qui voulut être Roi.
Cette note d'intention se retrouve parfois formidablement synthétisée, comme lors d'une attaque de sous-marin emballée en un fabuleux plan, convoquant l'héritage de Jules Verne aussi bien que l'imagerie de quantité de films de guerre, mâtinés de pulps déchaînés.
En avoir plein le dos
Cet appétit pour un spectacle grandiose autant que pour des personnages brisés par leurs hubris n’est plus une aspiration hollywoodienne fréquente, ce qui confère à ce souffle aventureux une dimension particulièrement divertissante et rafraîchissante. C’est d’ailleurs ce qui achève de faire du dernier acte une impeccable réussite, qui parvient enfin à mélanger - presque – tous ses ingrédients (exception faite du dévoilement grotesque du méchant).
Quand ses protagonistes découpent sans vergogne leurs adversaires, après un crash aérien techniquement impressionnant, et avant un exercice d’escrime explosive qui se paie le luxe de rendre hommage à tout un pan du cinéma de divertissement qu’incarna Errol Flynn, impossible de résister à la bordélique générosité qu’incarne Matthew Vaughn, qui compte parmi les derniers auteurs de blockbusters.
Lecteurs
(3.3)28/03/2023 à 01:27
Une tuerie , je suis fan de cette série de trois films et espère en voir d'autres pour moi Matthew V et un des plus grands réalisateurs de divertissement de cette foutu époque.
Le charme british des perso la mythologie , le charisme de ces acteurs principaux .
La réalisation de ce dernier épisode est folle le passage avec Raspoutine et simplement dingue une telle frénésie et une originalité dans une scène d'action avec un personnage historique ça rend le délire loufoque et féerique à la fois.
Le problème c'est que pour les âmes sensibles avec le changement de ton qui a parfois dans ce film, ça peut en dérouter plus d'un et c'est bien ça moi qui me fait kiffer, quelque chose d'original dans la narration.
En plus le type c'est très bien filmer des scènes d'action c'est pas filmé avec les pieds comme un vieux tacheron qui filme un téléfilm à la con sur Netflix, la musique elle se pose là aussi ..
Ralph F j'ai toujours aimé, je suis aux anges il est au top , sont fidèle djimon H est terrible également.
Et pour les autres épisodes, Colin First acteur magique, réussir à le rendre aussi funky à côté chapeau melon et bottes de cuir c'est un dessin animé pour grand-mère dans un EHPAD.
Pour moi cette épisode reste mon préféré avec le premier.
En espérant que ça finisse pas en série sur une plateforme.
27/03/2023 à 20:21
Perso je n'ai aimé que le premier !Le 2 a vraiment un humour lourdingue et le " je n'aime pas la période historique.
12/11/2022 à 01:32
Le souci du film a été, pour moi, le ton qui n'arrête pas de fluctuer. On passe d'un truc burlesque à un film de guerre tragique au premier degré, tout en étant par moments ébloui par la maîtrise des scènes d'action de M Vaughn. Raspoutine est sous utilisé et fait l'effet d'un pétard mouillé alors que Rhys Ifans démontre encore une fois son aisance à jouer dans n'importe quel registre. Fiennes paraissait lui comme un casting idéal, précurseur parfait de Colin Firth. Et pourtant il est mou du genou en termes d'interprétation. Et celui qui joue son fils à le charisme d'une huître. Et le tout se termine en tragédie alors que, je pense, on était parti pour voir un spectacle jouissif et non pas un semi grand drame sur la grande guerre. Un petit péché d'ambition peut-être ?
11/11/2022 à 21:18
Pas aussi bien que les 2 précédent mais rien que pour Raspoutine ça vaut le coup. Dommage d'ailleurs que sa présence ne soit pas plus longue.
11/11/2022 à 20:36
Un flop intégrale
Dommage ca aurait pu être un succès !
22/02/2022 à 20:33
On passe un bon moment, on passe de l action à l humour sans problème, on remarque aussi toute ces piques colonialistes et "reflet" de la société d aujourd'hui.
Un gros +1 pour la scène a main nue la nuit que j ai vraiment trouvé ouf
13/02/2022 à 20:57
Le soucis majeur de The King’s Man : Première Mission, repose avant tout sur l'état conflictuel qui règne aujourd'hui en Angleterre. D'un coté les conservateurs attachés au Brexit, et qui désespérément s'accrochent aux vestiges du vieil empire britannique moribond, et de l'autre les travaillistes, soutenus par des organisations de sujets britanniques issus des colonies, qui veulent revenir dans l'Europe tout en voulant faire le grand nettoyage sur le passé peu glorieux de l'ancien empire. La réalisation à contre courant, engagée par Matthew Vaughn n'est certainement pas due au hasard.
11/02/2022 à 22:00
Petite anecdote intéressante : Au Québec, le personnage de Conrad Oxford est doublé par Xavier Dolan.
Ce dernier a travaillé longtemps dans l'industrie du doublage (plus de 260 films à son actif), mais j'e ne serais pas étonné qu'il choisisse dorénavant des projets qui le passionne.
26/01/2022 à 01:43
Et désolé pour toutes ce fôtes de français. C est vraiment temps d aller me coucher
26/01/2022 à 01:37
Un vrai plaisir pour moi ce Kingsman! Avec la bande annonce, je m attendais pas à grand chose. Une confrontation avec raspoutine clownesque après 2 heure de film. Et franchement, des belles surprises que ce soit scénaristique, historique ou épique. Mais moins comique que les autres. Il a plus un côté dramatique. Mes attentes ont été bien déjouées, dont la scène bien wtf avec Conrad, des scènes d action toujours bien filmées et chorégraphiées. Bien aimé les réf historiques aussi. Et j ai trouvé la mélange de tout ça vraiment bien foutu et plutôt jouissive. Et au final, le fait de s ennuyer un peu les 30 premières minutes fait encore plus apprécier la suite. Par contre, trop dégoûté de pas avoir vu la scène post gen. Bref, ça m'a fait du bien de ressortir du ciné avec un petit sourir aux lèvres, rassasié par ma soif d action mais aussi surpris et ému. Et ça faisait longtemps. Ni spiderman ni matrix ne m ont procuré tout ça. Bref vraiment un film à voir, bien trop sous évalué. A voir d ailleurs le peux de commentaires sur ce site et le manque de succès générale. A mon avis, la BO n a pas aidé