L'industrie du jeu française a battu tous les records en 2023 (malgré la crise)

L'industrie du jeu vidéo n'a jamais été aussi prospère en France qu'en 2023, notamment grâce aux ventes massives de la PlayStation 5. 

Le jeu vidéo, première industrie culturelle mondiale, n'a jamais engrangé autant d'argent en France qu'en 2023. Un constat réjouissant, mais terni par la crise actuelle du secteur qui, elle, fait très mal. Au milieu des licenciements et des studios qui ferment, l'Hexagone a pourtant vu exploser la vente de ses consoles et de ses jeux.

C'est un chiffre d'affaires s'élevant à pas moins de 6,1 milliards d'euros qui a été relevé par le bilan du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL). On constate ainsi une hausse de 9,9% des profits par rapport à l'année précédente. Un record pour notre pays, que l'on doit à d'heureux concours de circonstances dont les soudains restockages de PS5. 

 10 ans après sa sortie, GTA 5 est toujours parmi les jeux les plus vendus en France

sell games

Les données relevées par le SELL incluent l'entièreté de l'écosystème vidéoludique actuel (jeux, consoles, manettes, accessoires, dépenses dans les jeux mobiles et les jeux service, etc.). Mais la principale source de cette incroyable augmentation des profits entre 2022 et 2023 serait surtout attribuable à Sony et aux réapprovisionnements de PlayStation 5 dans nos boutiques.

Et cette réapparition salvatrice de la PS5 en 2023 s'est effectivement produite au meilleur moment possible pour elle. Après presque 3 ans de galères pour acheter la console (sortie fin 2020), la situation de celle-ci s'est finalement normalisée, coïncidant avec l'arrivée du nouveau God of War et d'énormes exclusivités comme Final Fantasy XVI et Marvel's Spider-Man 2. 

La première exclusivité de la PS5 qui donnait envie d'acheter une PS5

l'âge de la ps5

Les ventes de la console la plus intéressante du moment se sont envolées de 72% en un an en France, atteignant un milliard d'euros (selon le SELL). Et ce qu'il y a de bien avec les consoles de jeu, c'est qu'une fois qu'elles sont achetées, il faut les rentabiliser. Autant dire qu'à partir de là, le succès de nombreux titres disponibles sur PS5 était assuré, ce qui leur a ainsi permis de tirer le marché vers le haut.

Et au niveau du choix, 2023 a justement été une année dingue. Il y avait largement de quoi faire pour mettre à l'épreuve notre machine fraîchement acquise. On pourrait citer une pléthore de titres, parmi lesquels le sympathique Hogwarts Legacy, dont le succès commercial a marqué le début d'année. Pour rappel, le jeu Harry Potter a été le jeu solo le plus vendu de 2023, avec 22 millions d'exemplaires écoulés dans le monde (selon le président de Warner Bros. Interactive Entertainment, David Haddad), dont 1,1 million en France.

Le champion des ventes en 2023

Toujours pour la PS5 (et Xbox et PC), d’autres succès commerciaux majeurs sont à noter comme ceux de EA Sports FC 24 (1,4 million d’unités vendues en France) et Call of Duty : Modern Warfare III (628  000 unités vendues). On peut également estimer que l’excellent Baldur’s Gate 3 a dû peser dans la balance même si, pour le moment, les ventes du jeu belge sont encore confidentielles.

Du côté de Nintendo, les exclusivités de la Switch ont (comme d’habitude) été aussi d’importants contributeurs à la réussite globale du marché vidéoludique français. The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom (plus de 970 000 unités vendues) et Super Mario Bros. Wonder (plus de 750 000 unités vendues) ont particulièrement brillé. Un exploit remarquable pour des jeux sortant sur une console qui affiche une telle longévité (sept ans) et qui est toujours aussi populaire. 

La Switch n'a besoin que d'un seul héros pour rivaliser avec la PS5

la prospérité avant la chute ? 

Au total, les dépenses liées aux jeux vidéo sur consoles et PC auraient atteint les 1,5 milliard d’euros en France en 2023, connaissant ainsi une hausse de 25 % par rapport à 2022. James Rebours, président du Sell, a néanmoins souligné un important contraste entre l’apparente vitalité du marché français du jeu vidéo et la préoccupante situation mondiale. En effet, il faudrait un peu plus de recul pour être certain que 2023 n’ait pas été une simple parenthèse enchantée avant la terrible rechute. 

La surproduction de jeux qui a suivi la période de pandémie a trop coûté à l’industrie et aujourd’hui, celle-ci lime ses effectifs et ses ambitions. Elle lorgne aussi de plus en plus vers des modèles de services à abonnement et de GAAS (Games as a service) qui n’ont pas encore prouvé leur rentabilité immédiate. Le SELL a ainsi appelé à la prudence et à la vigilance. Si la croissance du marché français ne se normalise pas en 2024, le syndicat anticipe déjà une baisse des profits de 2% à 10%.