Bande originale : Eternal Sunshine of the Spotless Mind

Coralie Bru | 19 avril 2005
Coralie Bru | 19 avril 2005

L'histoire d'amour oublié de la délurée Clémentine et du rêveur Joel de Eternal Sunshine of the Spotless Mind ne pouvait trouver bande originale plus à son image. On n'attendait pas du réalisateur de clip Michel Gondry qu'il fasse l'impasse sur la musique : on est servi. Faire appel à Jon Brion (déjà auteur de la bo de Punch Drunk Love) paraît avoir été un choix judicieux dès la première vision du film. Plus connu pour son travail de producteur, celui-ci est auteur d'un unique et discret album pop (« Meaningless », inédit en France).Il est ici l'heureux papa de dix-sept titres aériens sur les vingt-six que contient le CD, dont le magnifique « Theme » sur fond de piano mi mélancolique mi heureux. Sur un décor grave et monotone viennent se coller des notes cristallines et ce duo de thèmes s'envole dans un air de comptine, avant de s'éteindre dans la mélodie lancinante que rendrait un vieux disque qu'on aurait trop écouté.

Les morceaux de Brion fusent ainsi dans l'album comme des apparitions magiques, suspendant la musique dans les airs pour quelques minutes. On regrette cependant que la répartition des titres ne tienne pas plus compte des rythmes de chaque morceau. Écoutées d'affilée, certaines créations bien mystérieuses restent très énigmatiques sans l'appui du film, et on aimerait les voir plus souvent ponctuées de morceaux complètement autonomes. Si le film est tourmenté à partir d'un certain point, on regrette que la balance n'ait pas été mieux faite ici : on prend clairement plus de plaisir à écouter la première partie. A cause de ce défaut, la bande originale pourrait tendre vers une errance comparable à celle des deux protagonistes, si Jon Brion, en bon producteur, n'avait pas eu la judicieuse idée de faire appel à d'autres artistes pour colorer un peu les états d'âme de Jim Carrey et Kate Winslet. Au pied du sapin : The Polyphonic spree, enjoués, Electric light Orchestra heureux, Don Nelson en habit de soirée, et la touche orientale de Lata Mangeshkar. Ce dernier morceau, si discret dans le film, prend ici une importance capitale, tant il est différent du ton général de l'album . Cette entrée en fanfare d'un chant oriental au milieu de ce déploiement d'ambiances électroniques est un petit bijou d'originalité et de pureté. Beck nous offre, lui, une reprise quasi miraculeuse des Korgis en transformant un vieux slow sirupeux des années 80 en véritable balade ténébreuse, comme sortie tout droit de la tête de Joel. Il fallait y voir clair pour tenter le coup : la chanson valait bien pourtant, on le voit, une petite réincarnation. Beck prend son temps et murmure une ballade tantôt douloureuse tantôt éclairée.

Pour finir on retiendra également la réjouissante envolée des Willowz,« Something », carrément déjantée pour le coup. Une voix sortie d'un dictaphone alternant aiguës et graves en une phrase, une énergie à épuiser une Clémentine au meilleur de sa forme à grands coups de guitare et de batterie guillerettes, telle est la recette de ce cachet multivitaminé qui donne des envies de sauter partout. Jon Brion parsème ainsi son sombre mélange d'étincelles de joie et de bonheur, car finalement, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, cette BO nous le rappelle, n'est pas un film si triste que ça.

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