Babe : comment le papa de Mad Max a transformé un film un peu honteux en pépite

Ange Beuque | 2 septembre 2023
Ange Beuque | 2 septembre 2023

Les enfants des années 90 n'ont pas pu passer à côté de Babe, le cochon devenu berger. Mais à l'image de son porc engagé dans un cursus professionnel déconcertant aux côtés de James Cromwell, le film coécrit par Chris Noonan et George Miller ne semblait pas du tout destiné à s'imposer .

Succès à la fois critique et commercial, Babe marque l'année 1995 de son sabot. Le long-métrage rapporte 254 millions de dollars (pour un budget hors marketing d'une trentaine de millions) en plus de remporter un Golden Globe et sept nominations aux Oscars. Avec ses 36,7 millions "à domicile", il décroche le statut de second film le plus rentable de tous les temps en Australie, derrière l'intouchable Crocodile Dundee. Un jeu vidéo est même lancé sur PlayStation 2 en 2006, plus de dix ans après sa sortie.

Pourtant, tout n'était pas gagné pour l'apprenti berger, dont la marche vers le succès n'avait rien d'une évidence. Producteur en plus de l'avoir coécrit, George Miller (Mad Max, Les Sorcières d'Eastwick) croyait suffisamment au projet pour consacrer plusieurs années à son prédéveloppement, et sans doute lui doit-on la pointe de cruauté inattendue qui transparaît derrière le conte... quitte à piétiner les plates-bandes du réalisateur.

 

Babe, le cochon devenu berger : photo, James CromwellChris Nolan, Chris Noonan ou les deux ?

 

Tout est bon dans le cochon

Vous préféreriez faire don de votre corps à Noël pour permettre à une famille de se rassembler autour d'un délicieux festin, ou devenir berger et patauger dans la boue au quotidien ? Le jeune Babe, lui, a choisi la seconde option sans hésiter. C'est du moins ce que narre The Sheep Pig (aussi connu sous le nom de Babe: The Gallant Pig), un roman de Dick King-Smith paru en 1983 et primé par le Guardian.

Ce point de départ incongru fournit un excellent combustible pour un film familial animalier, dans la foulée des Sauvez Willy (dont le second opus sortira la même année que Babe). Du côté de l'animation, Disney, qui traverse son second âge d'or, a largement démontré le pouvoir évocateur des animaux parlants, comme le prouve encore le triomphe du Roi Lion en 1994.

Le travail d'adaptation semble balisé : l'histoire charrie des thèmes, classiques pour le genre, de dépassement de soi et chamboulement de l'ordre établi par le pouvoir suprême de la gentillesse. Il suffit même de reprendre sa narration de conte et sa structure chapitrée, quitte à en faire lire les titres par des souris (parce que pourquoi pas) afin de ne pas pénaliser les plus jeunes.

 

Babe, le cochon devenu berger : James CromwellIf I had words to make a ham from you

 

Mais pour le studio Universal, ça reste un projet mineur, un "film avec un cochon" potentiellement un brin honteux. Le long-métrage sur lequel ils misent énormément, c'est Apollo 13 de Ron Howard, avec son sujet et son casting autrement plus prestigieux. Ironie de l'histoire, il sera coiffé au poteau pour l'Oscar des meilleurs effets visuels par... Babe.

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commentaires
Euh
03/09/2023 à 21:52

George Miller est un génie

Franken
02/09/2023 à 19:52

Un jour, sans doute après sa mort, on se rendra compte que la carrière de George Miller à été exceptionnelle.
Et ça vaut autant pour Babe (2) et Happy Feet (la réalisation du 2 est complètement dingue).

Scarface666
02/09/2023 à 19:25

Merci beaucoup d'avoir écrit un article sur Babe. Un de mes films d'enfance (enfant des années 90, en effet) et on en fait plus beaucoup des comme ça. Ce mélange de conte pour enfant et de noirceur, tout le monde s'y retrouve. Aujourd'hui j'essaye souvent encore de le vendre à des gens qui ne l'ont jamais vu, mais pas facile, c'est vrai qu'au vue du synopsys, ça leur parait être une perte de temps, ... dommage pour eux.

John Dahl
02/09/2023 à 19:04

A l'époque (en 1996) les entrées furent mitigées mais la critique, elle, était dithyrambique. Le film avait trois à quatre étoiles dans tous les magazines spés' (le 5 étoiles n'existait pas encore). De ce fait, j'étais allé le voir en salle, et je n'en garde aucun souvenir autre que si ce n'est que c'est un bon conte pour enfants...

A l'époque, tout le monde s'en foutait que le film soit produit par Miller (les spectateurs oubliaient presque que le réalisateur de Mad Max était à l'initiative de cette sucrerie pelliculaire, tellement il était alors au creux de la vague artistique et commerciale ; c'était bien avant Fury Road).

Le film avait très bien marché en France, bénéficiant d'un bouche-à-oreille positif (au contraire de sa suite qui fut un four).