Eternal Sunshine of the Spotless Mind : pleurer ça fait du bien, surtout avec Jim Carrey

Un effacement de mémoire, un couple qui bat de l'aile, Jim Carrey et Kate Winslet dans un film fascinant et déprimant, Eternal Sunshine of the Spotless Mind de Michel Gondry.

Et vous, que feriez-vous si votre ex avait décidé de vous effacer de sa mémoire ? Voici le point de départ d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind, deuxième long-métrage de Michel Gondry, co-écrit avec Charlie Kaufman, déjà scénariste de son premier film Human Nature, d'après une idée originale de l'artiste plasticien Pierre Bismuth. Malgré ce scénario surréaliste, on ne se rappelle pas du film de Gondry comme une œuvre de science-fiction, mais plutôt comme une exploration profonde d'une relation amoureuse, une grande œuvre universelle sur la déliquescence d'un couple.

Parce que oui, même si l'histoire d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind pourrait figurer dans un épisode de Black Mirror, série d'anthologies qui aborde les dangers des nouvelles technologies dans la société, le film ne se déroule ni dans le futur, ni dans une société dystopique, mais bien dans le présent, dans le monde qu’on connait, avec des personnages qu’on a l'impression d'avoir déjà croisés – surtout le pathétique Joel incarné par Jim Carrey – , qui se questionnent et font face aux mêmes difficultés que le commun des mortels.

Pour raconter son histoire, Michel Gondry a décidé de mettre la forme au service de son récit. Si Eternal Sunshine of the Spotless Mind est une œuvre aussi percutante, c'est bien grâce à une construction narrative réfléchie, appliquée, qui perd le spectateur pour mieux le retrouver. Passé, présent ou futur ? Peu importe, Joel et Clementine se retrouveront quoiqu'il arrive.

 

"Meet me in Montauk"

 

ATTRAPER LE TEMPS

Après The Truman Show, Jim Carrey continue sa mutation vers le drame en incarnant Joel, un personnage des plus pathétiques. C'est en parfait loser qu'on le découvre au début d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind alors qu'il se réveille sur son canapé convertible et qu'il part prendre son train avec sa voiture toute cabossée, pendant que son discours cynique sur la Saint-Valentin résonne en voix off. Mais Joel n'a pas toujours été aussi détestable et ça, le spectateur le découvrira plus tard.

Pour raconter l'histoire d'amour de Joel Barish et Clementine Kruczynski (Kate Winslet), un personnage pétillant au premier abord, mais finalement tout aussi brisé que son compagnon, les scénaristes ont trouvé un concept fort : celui de montrer leur relation à travers les souvenirs de Joel. Même si de nombreux cinéastes et scénaristes ont raconté la rupture amoureuse à travers l'exploration des souvenirs du couple, Michel Gondry et Charlie Kaufman sont allés encore plus loin.

 

"Everybody's Got to Learn Sometime" en boucle