Cool World : le Roger Rabbit déviant, obsédé et oublié avec Brad Pitt et Kim Basinger

Simon Riaux | 14 novembre 2021
Simon Riaux | 14 novembre 2021

Le succès public et critique de Qui veut la Peau de Roger Rabbit a fait des petits. Le plus étonnant, déviant et obsédé d'entre eux est sans doute l'oublié Cool World, dans lequel s'ébattent Kim BasingerGabriel Byrne ou encore Brad Pitt.

Terreau d'expérimentation technique, domaine qui fit la gloire d'un certain Walt Disney, parfois considérée comme un des investissements les plus sûrs du cinéma (un enfant en salle c'est toujours, au moins, un adulte contraint de payer une seconde place pour l'accompagner), l'animation a engendré de nombreux classiques et chef d'oeuvres. Mais pour des pelletées de divertissements calibrés pour divertir des mômes au kilomètre, on trouve ici et là quelques perles devenues rares, voire de franches étrangetés.

Cool World constitue peut-être une des bizarreries les plus remarquables produites durant les années 90, s'inscrivant dans le sous-genre très particulier du mélange d'animation et de tournage live. Débarquant quelques années après le chef d'oeuvre de Robert Zemeckis, comptant bien capitaliser sur sa formidable côte d'amour, le métrage avait tout pour marquer les esprits. Après un bide spectaculaire, un gang-bang critique d'une rare violence, le film est aujourd'hui conspué, ou plus largement, oublié. Pourquoi a-t-il disparu dans les limbes, et pourquoi faut-il le revisiter ?

 

affiche américaineEt le carnage fut

 

LE SEIGNEUR DES ZÉROS

Nous sommes en 1990 et Ralph Bakshi, artiste et réalisateur au CV chatoyant, a des envies de mise en scène. Ni une ni deux, il contacte la Paramount. Il n'y est pas inconnu; puisqu'il a dirigé le département animation du studio, et qu'il a notamment réalisé une première adaptation animée du Seigneur des anneaux, une décennie plus tôt.

Ses autres travaux pour le 7e Art ont connu un retentissement moindre, mais ont marqué un public en quête d'une animation adulte, volontiers expérimentale, à l'intersection de la pop culture et de la culture de l'underground. Ainsi lui doit-on des curiosités telles que Tygra, la glace et le feu, ou encore American Pop. L'auteur souhaite désormais marier tournage "classique" et cinéma d'animation. Son idée ? Elle n'est pas piquée des vers.

Bakshi veut raconter comment un humain de chair et de sang entame une passion sexuelle dévorante avec une créature dessinée, engendrant un être hybride et monstrueux, lequel se rend dans notre monde pour y assassiner le père qui l'a abandonné. Ce sera un film d'horreur. D'après le cinéaste, le studio prendra la décision de valider le projet en moins de dix secondes. Ce qui deviendra Cool World est déjà formidablement taré et ambitieux, nécessitant la construction de décors synonymes, on y reviendra, d'expérimentations au résultat incertain.

 

photoJessica Rabbit peut aller se déshabiller

 

C'est pendant cette phase de préproduction que les dirigeants de la Paramount vont réécrire le scénario, pour lui tendre une version devenue une comédie tous publics, narrant les mésaventures d'un créateur, qu'ils imaginent visibles par tous les publics, au pire en vue d'un classement PG-13 (grosso modo l'équivalent de notre interdiction aux moins de douze ans). Bakshi l'ignore alors, mais c'est bien cette version qui a été proposée à son casting, à commencer par Kim Basinger, dont il dira en 2017 à l'équipe de CartoonBrew.com qu'elle souhaitait participer à un film d'animation qu'elle puisse partager avec ses enfants.

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commentaires
Atma
15/11/2021 à 14:10

j'ai tenu une grosse demie-heure et devant le jeu de Brad et le contraste entre Kim dessinée et le reste de l'animation, j'ai lâché l'affaire.

alshamanaac
15/11/2021 à 09:09

Je ne sais pas pourquoi, je n'ai jamais vu ce film, mais je me souviens des pubs et test du jeu qui était sorti sur la Super Nintendo à l'époque (et dispo que en import en plus...)... Le jeu avait hérité du note catastrophique, et avait du faire un bide comme le film.

JR
15/11/2021 à 08:43

Je me souviens que la K7 était rangée au rayon sf/fantastic (non loin d'Urotsukidôji) à l'instar de Roger Rabbit côté famille de mon videoclub. Le film m'a toujours intrigué (surtout plus grand avec Pitt et Burn au casting). L'article donne plus qu'envie de remédier à cette attente.

Henry Jones Sr.
15/11/2021 à 01:31

Je vous prends au mot et je vais aller regarder ça dare-dare

Nico
14/11/2021 à 16:17

Merci pour cette découverte, c est bien la première fois que j'entends parler de ce film!