Venise 2009 : Jour 5

Laurent Pécha | 6 septembre 2009
Laurent Pécha | 6 septembre 2009

Dimanche à la plage... ou pas.

 

Dimanche 6 septembre : 17h.

 

Suite et fin de la longue journée de samedi. Vous savez désormais tout le bien que je pense du Michael Moore, sentiment renforcé après une nuit de sommeil. Mais vous ne savez pas ce que j'ai pensé du dernier film que j'ai vu car, ici, les responsables de la salle de presse ont des horaires bien plus sympathiques que les miens. A 22h35, la salle de presse ferme. Et comme ce matin, j'ai enchaîné les projections, suis allé écouter Moore parler de son film (rapidement) et me suis débattu avec une connexion internet pourrie pour envoyer les interviews tournées en vidéo (que vous aurez par écrit à moins que le style Rec filmé par un sous Michael Bay sous ecstasy vous séduise), je n'ai pu écrire que maintenant. Mon espoir d'aller tâter de la plage est donc à l'eau puisqu'à 18h 45, c'est The Informant de Steven Soderbergh.

 

Donc, je m'égare et je reviens donc sur La Horde qui était le dernier film de mon périple de samedi. Dire que le film m'a plus qu'embarrassé, est une doux euphémisme. Quoi, Ecran Large va encore taper sur le badass movie de cette fin d'année ? Pas du tout, bien au contraire. Au bout de vingt minutes de projection, j'envoie un texto à Thomas pour lui dire que je trouve ça hyper bien jusqu'ici. Il me répond que je vais donc adorer puisque lui avait trouvé que cela sonnait faux dès la séquence d'ouverture. 70 minutes plus tard, c'est la confirmation. La Horde est le meilleur film français de genre (horrifique) que j'ai vu depuis... je ne sais même plus. Et moi qui ait donc publié il y a une semaine une critique (fort bien écrite et aux arguments pertinents au demeurant) qui disait plus ou moins le contraire. Mince, flûte, ou plus vulgairement fait chier ! Car La Horde, c'est tout le cinéma que j'ai aimé (et aime toujours tiens), celui que Starfix défendait. C'est Romero, Carpenter, Friedkin, Mc Tiernan, Tarantino,... C'est la rencontre jubilatoire entre le film d'action et le film d'horreur. Alors bien sûr, le budget autour des 2 millions ne permet pas toujours d'obtenir ce que l'on espérait : plus de zombies, plus de baston élaborée, plus d'utilisation de cette tour qui voit l'union contre nature entre malfrats et flics venus venger la mort d'un des leurs (la fameuse horde du titre) pour éviter de se faire bouffer par des morts-vivants sortis de nulle part. Mais c'est bien peu face au plaisir énorme de voir un récit habilement construit, sorte de jeu vidéo live avec niveaux de plus en plus complexes à franchir mais qui n'oublie pas pour autant d'offrir des personnages sacrement charismatiques (Claude Perron, je t'aime). Ça jacasse pas mal effectivement dans cette Horde mais les mots sont si truculents qu'on en redemande (Yves Pignot en ancien de l'Indochine explosant tout le monde dans le domaine). Et puis quand ça charcle, ça fait pas semblant comme on dit. Amateurs de gore et de sang qui gicle à tout va, vous allez avoir de quoi hurler de plaisir. La scène que vous avez peut être vue (elle est furtivement dans le trailer) avec Martins sur une voiture entourée de zombies, n'aurait pas fait tâche dans le Braindead de Peter Jackson. Et si on s'amuse à juger un film à l'aune de sa fin, nul doute que La Horde est un putain de bon film. Dahan et Rocher avaient promis un badass movie, ils ont sacrement tenu parole. On fera donc bientôt amende honorable avec une critique contre qui se ressemblera à peu près à tout ceci mais moins fouillis... les heures de sommeil, ça sert à ça.

 

 


 

 

Justement le sommeil, je pensais en récupérer pas mal ce dimanche matin en esquivant la projection de 9h du matin. Mais un Nico en forme presque olympique (il faut dire que le bougre dormait hier à 23h alors qu'on était censé se retrouver à une soirée à minuit et demi), prêt à shooter de la star (il a d'ailleurs tenu parole, allez voir dans les galeries), m'a sorti de mes doux rêves. Et puis ma conscience de méga pro m'a convaincu que je serai mieux préparer pour mes interview de lundi avec Claire Denis et Christophe Lambert si j'allais voir White material le plus tôt possible.

9h donc et je suis dans la Sala Perla pour découvrir le nouveau film de celle qui m'avait scotché avec 35 rhums il y a tout juste un an ici même. 100 minutes plus tard, le sentiment est presque le même et je n'arrive toujours pas à comprendre comment elle a fait. Car, cette histoire de « colons » blancs gérant une plantation de café dans un pays d'Afrique en pleine guerre civile, n'avait rien pour me séduire en apparence, moi, l'homme qui quelques heures plus tôt prenait son pied devant du déssoudage de zombies à la mitrailleuse. Mais, c'est aussi ça la magie du cinéma et aussi ma grande ouverture sur tous les genres cinématographiques (qui fait dire à certaines mauvaises langues que tous les films ont une chance avec moi...même Truands et G.I Joe, spéciale dédicace à certains lecteurs qui lisent mes chroniques vénitiennes). Suivant au pas l'étrange Isabelle Huppert, ne voulant pas abandonner son domaine malgré le danger qui plane sur sa famille avec l'arrivée des rebelles, je me retrouve happé par le rythme lent et décousu de ce White material. Avec ses personnages complexes et en souffrance (mention spéciale à Nicolas Duvauchelle en fils de Huppert et le très sobre Christophe Lambert), le film de Claire Denis tarde à livrer ses secrets, et c'est sûrement ça qui me séduit. Dans l'incapacité d'appréhender totalement les tourments de ces êtres en perdition, fasciné par la beauté d'une Afrique pourtant en plein déchirement, je sors de White material avec des images et des sentiments plein la tête. A l'image d'un final totalement déroutant, ultime pied de nez à un public qui, chose rare, n'applaudit ni ne siffle le film. Comme pour la rencontre avec Refn, le réalisateur de Valhanna Rising, j'attends avec impatience les interviews de demain avec Claire Denis et son acteur principal.

 

 


 

 

Pour me refaire une santé (mentale), direction la Sala Grande pour le premier des hommages rendus à John Lasseter avec la projection de Toy story en 3D. Un vrai plaisir de revoir ce petit bijou d'animation qui s'offre une mini cure de jouvence avec cet ajout d'une dimension. De quoi me mettre du baume au coeur pour écrire ce que vous venez de lire même si les aléas techniques de mon eeepc m'ont vite fait descendre de mon nuage (deux heures pour arriver à bout de tout ceci). Mais ceci est une autre histoire que je ne vous raconterai pas...pour cause de début de queue à faire pour le Soderbergh.

 

 


 

 

 

 

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