lovecraft as-tu du cœur ?
Bon, on ne s’attendait pas non plus à un miracle. Le jeu a été développé par le petit studio Pieces Interactive (dont les derniers faits d’armes sont d’avoir bûché sur des extensions de Titan Quest) et édité par THQ Nordic : deux boîtes appartenant à Embracer Group, pour qui ça ne se passe pas super bien en ce moment côté finances. Malgré tout, on avait un peu envie d’y croire à ce retour inespéré d’Alone in the Dark. Pas besoin d’avoir les moyens du remake de Resident Evil 4 pour faire un bon jeu, après tout.
Et pour tout dire, durant les premières heures de notre test, on flairait effectivement la bonne surprise. Il a certes fallu être tolérant avec les évidents soucis techniques du jeu (on y reviendra), mais on a très vite été sensible à son charme « à l’ancienne » : le charme d’un vieux jeu d’énigme et d’angoisse qui rappelle bien les premiers opus de la saga Alone in the Dark. Un bon point pour le remake, donc.
Une fois arrivé à Derceto Manor (la maison de santé où un certain Jeremy Hartwood a disparu), le jeu nous balance sans long préambule dans l’exploration des lieux, dont on peut vite ressentir l’inquiétante et irrésistible pesanteur. Le manoir est vaste, sinistre, et semble à la fois totalement habité et curieusement vide. Et à mesure que l’on en découvre les mystères, la sensation d’assembler un puzzle interdit est particulièrement excitante.
Le remake de Pieces Interactive réanime alors avec succès l’atmosphère des premiers opus de la série, qui eux rendaient hommage à l’œuvre hantée de H.P Lovecraft. C’est d’ailleurs difficile de le manquer vu le nombre hallucinant de références aux textes de l’auteur dans l’ensemble du jeu. Et avec la présence de cette mythologie, mêlée à une ambiance adéquate, l’enquête se met à ressembler à une partie du jeu de rôle L’Appel de Cthulhu. Quand on est fan, difficile de ne pas se prendre au jeu.
un jeu (trop) à l’ancienne
Niveau mise en scène, le mélange entre film noir et cauchemar éveillé fonctionne bien… dans un premier temps. À défaut d’avoir un gros budget, Alone in the Dark use d’une réalisation minimaliste et d’un environnement idéal pour les claustrophobes afin de susciter la peur. Face à elle, nos armes semblent dérisoires, et seule notre ingéniosité est utile. C’est là que la difficulté exigeante des énigmes du jeu est très bien vue. Comme toute bonne enquête à l’ancienne, on ne nous prend pas par la main.
À nous de résoudre les puzzles et d’avancer dans le labyrinthe de Decerto, à la force de nos méninges. Comme dans les bons jeux point and clicks, c’est cette difficulté qui est l’adversaire le plus intéressant d’Alone in the Dark. Plus la maison se révèle, plus la tension augmente. Cette structure narrative n’est d’ailleurs pas sans rappeler la meilleure partie de Resident Evil 7 – la filiation est claire ici.
Toutefois, Alone in the Dark va perdre son intérêt aussitôt qu’il se repose sur autre chose que son ambiance et ses casse-têtes. Dès lors, son archaïsme le rattrape. Et contrairement aux Resident Evil, Alone in the Dark n’a pas les moyens d’être un bon jeu d’action lorsqu’il n’est plus un bon jeu d’épouvante.
On ne va pas tirer sur l’ambulance, mais clairement on ne peut pas ignorer l’aspect techniquement daté d’un tel remake, sorti en 2024. En dehors des deux protagonistes, les animations des visages sont aux fraises, et les mouvements des personnages sont rigides – même parfois bugués. Ainsi, dès qu’Alone in the Dark se met à imposer des phases d’action, c’est tout de suite l’horreur. Et pas dans le bon sens du terme.
Si elles étaient rares, encore. Mais plus l’histoire avance, et plus on se coltine des affrontements inutiles contre un bestiaire générique, déjà vu trop de fois par le passé. Du fait des mauvaises mécaniques du jeu, ces phases ne sont évidemment pas agréables, mais le pire reste qu’elles nuisent à l’expérience globale d’Alone in the Dark.
seul pour encore longtemps
Le jeu casse complètement son charme « à l’ancienne » quand il tombe dans les clichés de ses successeurs. Et c’est encore plus fatigant après avoir vu le même gameplay (en mieux) dans les Resident Evil, Dead Space et autres Alan Wake, ces dernières années.
On aurait espéré que dans cette réinterprétation, Alone in the Dark soit plus malin et se concentre sur son véritable point fort : l’horreur abstraite et invisible.
Au final, à force d’alterner entre les phases d’action et les phases d’énigme, le jeu de THQ Nordic perd de son aura et tombe dans le rébarbatif. L’ennui est le pire ennemi de la peur et ici, même la mythologie du jeu ne sauve pas de la lassitude.
Pour ne rien arranger, le level design est aussi vite à court d’inspiration (le manoir manque de surprises et les énigmes perdent en efficacité). Une fois le plaisir des premières heures passé, la suite du jeu se consomme ainsi avec moins d’appétit. La tiède conclusion n’aide pas non plus à laisser un souvenir mémorable d‘Alone in the Dark, et c’est bien dommage.
Pas encore commencé le jeu (fait le prologue et j’avais bien aimé la mise en bouche ) mais je ne pense pas qu’il soit raté, la sincérité du truc ne fait pas de doute et les défauts mis en avant sont plutôt des qualités dans le cadre d’un jeu old school (répétitif ? pas fou les combats ? pas grave si on baigne dans l’atmosphère du truc, à voir).
En tout cas, bien content qu’il existe avec deux vrais acteurs que j’aime bien.
Let’s play !
J’avais particulièrement aimé alone in the dark 2 sur atari ST à l’époque … (ça me rajeunit pas dis donc !) … et donc c’est vrai que c’est un peu la belle déception avec celui-ci :/
Dommage ! une licence qui mériterait un vrai jeu AAA