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« Le vrai Megalopolis », « monument »… The Brutalist, l’incroyable fresque qui fait trembler Venise

Par Alexandre Janowiak
2 septembre 2024
"Le vrai Megalopolis", "monument"... The Brutalist, l'incroyable fresque qui fait trembler Venise © Canva Lionsgate Lol Crawley

L’immense fresque The Brutalist sur un architecte visionnaire a fait sensation à Venise, déjà décrite comme un chef d’œuvre.

Le 16 mai 2024, les cinéphiles tremblaient d’impatience avant la première mondiale de Megalopolis au Festival de Cannes. En course pour la Palme d’or, il signait le retour de Francis Ford Coppola sur la Croisette en compétition, quarante-cinq ans après son (deuxième) sacre pour Apocalypse Now. Racontant l’histoire d’un architecte capable de stopper le temps et voulant construire une ville utopique, Megalopolis a malheureusement divisé la presse et les spectateurs présents sur place.

Entre ceux criant au chef d’œuvre terminal de la carrière de Coppola, ceux saluant simplement l’ambition et audace du réalisateur et ceux dénonçant un film malade et brouillon, cette œuvre d’une vie pour le cinéaste n’a pas totalement convaincu. Et alors que Megalopolis arrive ce 25 septembre dans les salles françaises pour que chacun se fasse son avis, un autre long-métrage pourrait bien lui voler la vedette : The Brutalist de Brady Corbet. En compétition à Venise, cette fresque suivant également un architecte de génie a reçu un accueil dithyrambique.

Adam Driver et Nathalie Emmanuel dans Megalopolis
L’histoire intime et professionnelle d’un architecte version Coppola

La naissance d’un génie

Brady Corbet, ancien acteur passé chez Gregg Araki (Mysterious Skin), Lars Von Trier (Melancholia) ou Michael Haneke (Funny Games US), s’est mis à la réalisation avec L’enfance d’un chef (prix du meilleur réalisateur de la section Orrizonti à Venise 2015 et également prix de la meilleure première oeuvre). Il a ensuite été sélectionné en compétition à Venise en 2018 avec Vox Lux et a donc fait son retour en compétition en 2024 avec The Brutalist.

The Brutalist raconte l’histoire de László Toth (Adrien Brody), un architecte juif d’origine hongroise qui émigre aux États-Unis en 1947, quelques années après avoir survécu à la Seconde Guerre mondiale, avec sa femme Erzsébet (Felicity Jones). D’abord contraint de travailler dans la pauvreté, leur vie est changée à jamais lorsqu’un mystérieux client (Guy Pearce) demande à László de concevoir un grand monument moderniste et de contribuer à façonner le paysage de l’Amérique moderne.

Adrien Brody et Felicity Jones dans The Brutalist
L’histoire intime et professionnelle d’un architecte version Corbet

Au vu du pitch, on comprend forcément un peu plus le lien avec Megalopolis. Cette fresque de 3h35 filmée en 70mm avait pour ambition de « raconter la vision sans compromis d’un artiste et la reconstruction d’une nation » dixit la note d’intention du co-producteur Protagonist Pictures, un peu à la manière du film de Coppola avec sa New Rome utopique. Mais contrairement à Megalopolis, The Brutalist a donc été accueilli sous une pluie d’éloges par les festivaliers vénitiens.

Depuis sa première ce dimanche 1er septembre, impossible de passer à côté des réactions ultra-positives à propos du film sur les réseaux sociaux. Ainsi, l’Italien Gabriele Nioli, critique chez Screen International, parle d’un « des plus beaux films de nos années, à mi-chemin entre There Will Be Blood et Oppenheimer«  quand Ben Rolph de Discussing Film évoque un « quasi-chef d’œuvre qui transcende le cinéma moderne » et Alex Billington, critique chez The First Showing, affirme que The Brutalist est « un chef d’œuvre, moment majeur de l’histoire du cinéma ».

The Brutalist
Une nation en chantier

MEGABRUTALIST

Dans les critiques officielles, les éloges sont encore plus impressionnantes. Pour The Playlist, The Brutalist « n’est pas un classique en devenir, mais un classique déjà installé », The Hollywood Reporter évoque « un film massif à tous les niveaux » tout comme The Daily Beast parle d’un « film monumental ». Plus encore, The Brutalist jouit de nombreuses comparaisons possédant « toute la force thématique de Il était une fois en Amérique ou There Will Be Blood » pour The Telegraph et faisant écho « aux ambitions monumentales d’Andreï Rublev [de Tarkovski] » selon The Film Stage ou à un « Fitzcarraldo de Werner Herzog sur les traces d’Ayn Rand » pour Vogue.

Plus encore, avec son scénario sur un architecte, le film a forcément été comparé en partie à Megalopolis de Coppola. C’est notamment Variety qui a longuement confronter les deux films dans sa critique :

« Si vous devez voir un seul film follement ambitieux et allégorique sur un architecte légendaire dont le rêve est de concevoir des structures qui forgeront l’avenir, allez voir The Brutalist. En d’autres termes, privilégiez The Brutalist, le troisième film réalisé par Brady Corbet, à Megalopolis de Francis Ford Coppola, saga sur un architecte qui amuse pendant environ une heure avant de sombrer dans une folie tout sauf grandiose. […] Megalopolis est un film qui se brise en mille morceaux scintillants. Avec The Brutalist, Brady Corbet réussit tout l’inverse. »

The Brutalist
Une fresque historique immanquable selon les premiers échos

D’autres critiques présents sur place parlent de The Brutalist comme du « vrai Megalopolis » ou du film que Megalopolis aurait voulu être. Autant dire qu’à 36 ans, Brady Corbet semble avoir frappé un grand coup pour son troisième film (seulement). La plupart des médias s’accordent déjà à dire qu’il fait désormais figure de favori pour remporter le Lion d’or, le film affichant une moyenne de 88/100 sur Metacritic (la plus haute pour un film en compétition cette année, à ce stade).

Impossible cependant de savoir exactement quand, nous autres mortels, pourront découvrir le film en salles. Pour le moment, The Brutalist n’a aucun distributeur aux États-Unis (et encore moins en France). Nul doute qu’il devrait très vite en trouver un vu les retours vénitiens et que le distributeur fera tout pour le sortir d’ici la fin 2024 (outre-Atlantique en tout cas) pour espérer concourir aux Oscars. Affaire à suivre, mais on a hâte.

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eddie-felson

Pas besoin de lire autre chose, encore moins de voir une bande annonce, le titre est retenu et le rendez-vous est pris en salle si toutefois ce film y sort… grosse hype au regard de ces retours dithyrambiques… vivement!

cidjay

ça, ça va faire mal à l’égo de Coppola…