La franchise James Bond se retrouve prise au centre d’une querelle juridique entre Dubai et Hollywood, concernant l’utilisation de son propre nom.
Depuis l’immense carton de la pentalogie James Bond menée par Daniel Craig, la saga 007 semble avoir bien du mal à se relancer. Les cinq opus ont engrangé des recettes mondiales impressionnantes : Casino Royale (2006) : 616,5 millions de dollars, Quantum of Solace (2008) : 589,6 millions de dollars, Skyfall (2012) : 1,11 milliard de dollars, Spectre (2015) : 880,7 millions de dollars et Mourir peut attendre (2021) : 774,2 millions de dollars. Au total, l’arc Craig de James Bond a généré près de 4 milliards de dollars au box-office mondial.
Malgré ce succès, l’avenir de la série est bien flou. Un flou alimenté par de nombreuses spéculations quant à l’identité du prochain 007, avec des noms tels qu’Aaron Taylor-Johnson circulant dans les médias. Parallèlement, des tensions sont apparues entre la productrice historique Barbara Broccoli et Amazon, nouveau propriétaire de la MGM depuis son acquisition en 2021. Ces différends pourraient s’exacerber dans les mois à venir, alors que la franchise est confrontée à une bataille juridique pour le moins cocasse concernant les droits sur le nom James Bond.

James Bond : l’espion qui a titré
D’après les informations révélées par The Guardian, Josef Kleindienst, un homme d’affaires autrichien et promoteur immobilier basé à Dubaï, a engagé des actions en justice au Royaume-Uni et en Europe, en contestant la propriété des marques « James Bond ». Il a déclaré que ces marques n’ont pas été exploitées commercialement depuis au moins cinq ans, ce qui, selon les législations européennes, pourrait entraîner leur révocation pour non-usage.
Parmi les marques visées figurent « James Bond », « agent spécial 007 », « James Bond 007 », « James Bond », « James Bond : World of Espionnage » et même la mythique phrase « Bond, James Bond ». Ces marques sont actuellement détenues par la société Danjaq, l’entité responsable de la gestion des droits de la franchise 007, tandis que la production cinématographique est assurée par Eon Productions.
La procédure lancée a aussi pour objet le refus d’utiliser le nom de James Bond dans un large éventail de type d’objets, de biens et de services. Il s’agit notamment de nom apposé sur des véhicules (une Twingo James Bond, quel régal), d’applications mobiles, de bandes dessinées et comics, de productions artistiques dématérialisées et d’objets de design.

Pierre & Vacances : James Bond Edition
Si Kleindienst obtient gain de cause, il envisage d’utiliser le nom « James Bond » dans ses projets, notamment dans le cadre d’un complexe de luxe qu’il développe à Dubaï. L’homme d’affaires a précisé qu’une annonce officielle de ses intentions et de l’intégralité de ses demandes sera dévoilée prochainement.
Au micro de The Guardian, Mark Caddle, avocat spécialisé dans les brevets et la propriété intellectuelle, a déclaré que de leur côté, les détenteurs actuels des droits disposent de deux mois pour défendre leur position en démontrant une utilisation commerciale effective des marques concernées au cours des cinq dernières années.
« À compter de la date de dépôt des annulations, Danjaq dispose de deux mois pour présenter sa défense. Si Danjaq veut maintenir ces marques en vie, elle devra engager une action auprès de l’office des marques pour démontrer qu’elle a utilisé James Bond dans les domaines contestés au cours des cinq dernières années ».

Mark Caddle a poursuivi son explication en précisant que Danjaq et Eon ne devraient pas avoir de mal à produire des preuves de l’utilisation des diverses marques James Bond. Selon lui, les réelles motivations de Josef Kleindienst, au-delà de la labellisation d’un complexe hôtelier sous le nom « Bond », restent assez obscures.
« Il est possible que [Kleindienst] essaie de préparer le terrain pour sa propre demande de marque pour Bond, ce qui est la voie habituelle, mais il n’a pas encore déposé de demande. Danjaq ne manquerait pas de contre-attaquer. James Bond est toujours bien utilisé et aimé. Je ne pense pas que cette procédure sera simple pour lui [même s’il gagne]. »
Concernant la marque James Bond, rappelons tout de même qu’un jeu télé à la Pekin Express, 007 : Road to a Million, a été diffusée sur Amazon Prime Video en 2023. De plus, un jeu vidéo James Bond est également en gestation chez IO Interactive, les créateurs de Hitman. La licence est donc loin d’être moribonde.
Ce n’est pas ce pauvre type qui freinera la franchise mais plutôt les blaireaux incompétents qui dirigent les studios et les plateformes de streaming.