L’enfer, c’est les hôtes
Sur le papier (et le papier seulement), Anzu, chat-fantôme est un autre sous-Ghibli qui lorgne paresseusement sur l’œuvre d’Hayao Miyazaki. Karin, la jeune protagoniste caractérielle, rappelle inévitablement l’héroïne du Voyage de Chihiro, tout comme l’espèce d’hôtel de l’au-delà renvoie instinctivement à son Palais des Bains. Sans oublier Anzu, le matou ventripotent qu’on est tenté de rapprocher du mythique Totoro ou de Papa Panda dans Panda Petit Panda.
L’univers surnaturel dépeint, ou plutôt esquissé, n’est ni des plus originaux ni des plus généreux, l’expédition en enfer étant étonnamment brève et presque décevante tant l’environnement est sobre et rationnel (du moins par rapport à ce que peut évoquer l’enfer). Mais le but du film n’est pas de tant de plonger dans un monde inconnu que d’inviter l’inconnu dans le nôtre.

Anzu, chat-fantôme est un joli écrin avec ses palettes pastel, ses touches acidulées et ses jolis arrière-plans, qui renferme cependant un bijou aussi mal taillé et rugueux que le caractère de sa protagoniste. Le long-métrage fait ainsi défiler les kamis et yokai au milieu des humains, mais de la façon la plus prosaïque possible. Avec leurs traits simplistes qui les privent de tout charisme et de toute autorité, ils ressemblent davantage à des mascottes de supermarchés qu’à des entités sacrées.
En plus de leur allure médiocre, tous adoptent un comportement quasi humain : ils pètent, font des excès de vitesse, jouent au bingo et s’ennuient comme des rats morts en soirée, ce qui renforce le décalage ambiant et le burlesque des différentes situations.

Si cette démarche à contre-courant n’est pas sans intérêt, l’histoire en pâtit malgré tout. Elle a du mal à décoller et à trouver son rythme, ou une direction claire entre ses tranches de vie estivales et sa demi-Odyssée à Tokyo qui finit (littéralement) au fond d’une cuvette de toilettes. Même si le détachement émotionnel, voire l’indifférence des personnages est volontaire, ça n’empêche pas le film d’être trop flegmatique pour émouvoir ou réellement impliquer le public.
On est donc bien loin des chaudes larmes attendues à la lecture du pitch, mais aussi loin de l’exercice de style radical qui justifierait un tel inconfort.

Doubles baguettes
Toutefois, Anzu, chat-fantôme reste un film notable pour la place qu’il occupe dans l’industrie. Il s’agit en effet d’une coproduction franco-japonaise, ce qui est plutôt rare, encore plus pour une œuvre cinématographique. On peut citer de tête le Mutafukaz de 2017, et… on serait bien incapable de trouver d’autres exemples sans retourner Google, ou alors du côté de la télévision uniquement (comme Ulysse 31 ou Les Mystérieuses cités d’or).
Le film a mis sept ans à se faire, le producteur Keiichi Kondo de Shin-ei Animation ayant essuyé pas mal de refus au Japon, principalement à cause du procédé technique qu’il envisageait pour la réalisation.
« Mon idée était toujours reçue avec un certain scepticisme, soit parce que le manga n’est pas le plus vendu au Japon, soit parce que la rotoscopie n’est pas une forme d’animation particulièrement prisée localement. »
Dossier de presse

C’est donc seulement lorsque Shin-ei Animation s’est rapproché du studio français Miyu Productions (Linda veut du poulet, Saules aveugles, femme endormie) que le projet a pu se mettre sur les rails. Ainsi, le gros du film a été tourné une première fois en prises de vues réelles sous la supervision de Nobuhiro Yamashita, tandis que Yôko Kuno (dont c’est le premier long-métrage) s’est chargée de la retranscription en animation. Le travail d’animation est donc resté du côté japonais, les décors et la colorisation des personnages ayant été effectués en France.
Par ailleurs, la cinéaste Yôko Kuno participe à son tour au décloisonnement du cinéma d’animation, longtemps resté la chasse gardée des hommes, après le récent Goodbye d’Atsuko Ishizuka, les derniers films Detective Conan de Chika Nagaoka ou encore les travaux de Naoko Yamada (Silent Voice, Liz et l’oiseau bleu) et Yuhei Sakuragi (Les Mondes Parallèles). Aussi imparfait soit-il, Anzu, chat-fantôme est donc le genre de production à encourager.

J’adore les mangas et surtout ceux qui retracent des histoires du folklore japonais. Cette animation est hyper décevante car elle est sans esprit, sans substance, elle ne révèle pas la profondeur du message et le dessin est très peu soigné, les personnage sont fades et le chat insipide. Oui, les paysages sont bien fait mais on n’en voit presque pas. C’est une réelle déception, perte de temps et d’argent que d’aller voir ce navet.