Critique : Les 7 vierges

Lucile Bellan | 30 mars 2008
Lucile Bellan | 30 mars 2008

Alors que Tano est enfermé en centre de redressement, le mariage de son frère aîné lui permet de profiter de 48 heures d'une liberté relative mais qui donnera lieu à tous les excès. Un postulat classique, celui de la vie d'adolescents normaux (ou presque) qu'un élément déclencheur (le contestable The great ecstasy of Robert Carmichael) ou qu'une impression d'urgence (ici) ne manquera pas de faire exploser l'univers.

Mais autant vous prévenir tout de suite, la drogue, le sexe et l'alcool ne sont que des enseignes au néon pour faire venir le spectateur dans les salles obscures. Car bien sûr on ne dépassera pas ici les limites de la « normalité ». Tano et ses amis, jeunes assez pauvres d'un quartier glauque en Espagne, ont donc les moyens de leur milieu et boivent ... de la bière, fument... des joints (illégal certes, mais on a vu plus transgressif), et n'ont de sexe qu'avec leurs petites amies. Mais où se situe donc l'explosion ? C'est dans les yeux de Tano (très justement interprété par Juan José Ballesta) qu'il faut la chercher. Trop occupé à ses petits trafics et à ses copains, Tano est resté dans l'enfance. Il en oublie sa famille, les souffrances de celle-ci, il en oublie de grandir, devenir un homme s'il veut garder sa petite amie et la rendre heureuse. C'est donc un vieillissement instantané que va vivre ce personnage, acquérir de la maturité en quelques heures. Mais en est-il seulement capable ? Une réponse qui pousse le spectateur à rester jusqu'à la dernière minute.

Le jeune casting est excellent et d'un naturel hallucinant (à les entendre s'insulter comme on dit bonjour ou merci à la manière de jeunes chiens fous, c'est aussi ça le plus du film : l'immersion dans un monde adolescent et masculin). Et comme le réalisateur (Alberto Rodriguez) ne tombe pas dans le piège du sensationnalisme, c'est un regard très humain et franchement réaliste qu'il nous offre, avec une vraie maîtrise dans la mise en scène et les effets de style (toujours parfaitement dosés). Ce qu'il faut pour faire la différence.

Une chronique adolescente juste, mais qui apporte plus par le pays où elle se situe (l'Espagne) que par son histoire. Le genre étant déjà assez fourni en excellents métrages. Un film mineur donc mais de très bonne qualité (malgré le petit bémol de la fin trop prévisible mais qu'on pardonnera) et dont l'acteur principal est assurément à suivre de près.

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