Critique : Le Petit bougnat

Nicolas Thys | 7 septembre 2007
Nicolas Thys | 7 septembre 2007

Se replonger dans Le Petit bougnat c'est revivre une époque, celle de la fin des années 60. A croire que ce film pourrait presque être labellisé « Fin des trente glorieuses ». Tant par son contexte social, depuis la naissance des banlieues et leurs problèmes, quoique minimes comparés à ceux d'aujourd'hui, à la naissance des HLM, que démographique : population qui commence à évoluer, à se mixer, à se diversifier, Le Petit bougnat représente une certaine histoire de la France vue à travers les yeux d'enfants et d'adolescents.

Mais cette ambiance « fin des sixties » se retrouve également dans la mise en scène. Depuis la nouvelle vague, à noter que le film est produit par Georges de Beauregard qui fît débuter les Chabrol, Godard & Cie, et mai 68 liquidé depuis moins d'un an, un mot fusait dans les bouches de tout un chacun : Liberté. Et c'est ce qu'on retrouve ici : des dialogues cocasses qui ne sont pas sans rappeler par instants, trop fugaces malheureusement, les savoureuses réparties argotiques de la Zazie de Queneau et Malle, un tournage au grand air caméra à l'épaule, une équipe technique réduite au minimum pour limiter les contraintes, un maximum d'improvisation, tout ce méli mélo apporte un ton joyeux et unique au film de Bernard Toutblanc-Michel.

S'inscrit également, à travers les péripéties du « bougnat », un enfant noir né en Auvergne, ayant grandi à Paris, et de Rose, Isabelle Adjani en culotte courte dans son tout premier rôle, une visite de la France profonde et de sa mentalité parfois réac'. Inutile de préciser que malgré certains passages où la couleur de peau se fait ressentir, le film édulcore certainement de beaucoup la réalité de l'époque, au profit d'une histoire d'ados parfois assez naïve et exagérée mais toujours amusante.

Finalement, beaucoup moins réussi que L'Argent de poche de Truffaut où les réalités sociales sont beaucoup plus accentuées, mais bien meilleur que Scout toujours et son humour gras et facile, Le Petit bougnat est un gentil divertissement de l'ordre de La Guerre des boutons qui ravira essentiellement admirateurs d'Isabelle Adjani et quinquagénaires nostalgiques.

Résumé

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