Critique : Barocco

Nicolas Thys | 28 mai 2007
Nicolas Thys | 28 mai 2007

Contrairement à ce qu'indique son titre, Barocco est davantage un film maniériste qu'un film baroque, c'est-à-dire un film tourné « à la manière de », qui multiplie les références à un genre ou à des œuvres déjà connues afin de les déformer et de jouer avec les représentations comme le feront quelques années après lui les films de Brian De Palma par exemple.

A ce petit jeu, qui aurait vite pu très vite s'embourber dans un exercice de style fastidieux, Téchiné s'en sort particulièrement bien. Le scénario, pourtant à l'origine un simple prétexte à une relecture masculine d'Hitchcock et de Vertigo en particulier, est impeccable. Adjani et Depardieu, amoureux, sont embarqués dans une histoire sordide mêlant politique et gros sous quand ce dernier se fait liquider par un double aux cheveux bruns dont tombera amoureuse après lui avoir fait subir une légère métamorphose.

Le jeu des acteurs complètement artificiel et froid ainsi que la mise en scène millimétrée mais pesante s'amusant avec des miroirs brisés, des dédoublements en tout genre et des vitrines qui font office d'écran tentent sans cesse de mettre en péril la narration et de réfléchir sur le devenir du polar à l'américaine. L'ambiance mystérieuse aux éclairages feutrés et la musique en forme d'hommage à Bernard Hermann rappellent irrémédiablement Hitchcock mais un Hitchcock décortiqué, recomposé et modernisé.

Et ce petit jeu subtil d'un cinéaste cinéphile qui n'en est alors qu'à son troisième film fonctionne à merveille et nous emporte dans l'un des grands films noirs français des années 70.

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