Heartstopper : pourquoi la romcom Netflix mérite votre attention

Matthias Mertz | 3 mai 2022 - MAJ : 03/05/2022 12:58
Matthias Mertz | 3 mai 2022 - MAJ : 03/05/2022 12:58

Parce que nous avons été séduits par la comédie romantique queer Heartstopper sur Netflix, nous vous proposons 3 bonnes raisons de vous laisser tenter.

Chez Ecran Large, on est habitué aux mauvaises surprises. Aux films de super-héros mous ou paresseux malgré leurs 200 millions de dollars, aux films noirs plus inoffensifs qu'une partie de Cluedo, ou aux productions d'action-aventure qui nous font regretter nos premiers Indiana Jones. À l'inverse, certaines productions, de Les Crimes du Futur de David Cronenberg à Everything Everywhere All at Once de l'écurie A24, flairent la production de qualité qui excite, sans surprise, la rédaction.

Pourtant, on vous parle aujourd'hui d'un programme qui n'avait pas la tête de l'emploi : Heartstopper. Une comédie romantique queer sur Netflix qui aurait pu ressembler à tous les clichés du genre, avec ce que ça comporte d'acteurs bodybuildés, d'intrigues tirées par les cheveux, d'overdose d'opiacés et de rapports sexuels. Il n'en est pourtant rien.

La série en huit épisodes de 25 minutes adaptée des romans graphiques d'Alice Oseman nous renvoie à l'époque où on lisait la bande dessinée Lou avec une lampe torche sous la couette. On vous donne donc quelques raisons de sortir la crème glacée et de vous y mettre dès maintenant.

 

Heartstopper : photo, Kit ConnorOn était tous niais à quinze ans, nul besoin de se cacher

 

GOOD KIDS

Si vous pensez au genre du teenage drama, vous devriez sans doute vous rappeler Euphoria, 13 Reasons Why, Elite ou encore Sex Education (peut-être les plus anciens d'entre vous se rappelleront aussi de Skins). Dans tous ces programmes, on retrouve du trash, parfois distillé avec brio, parfois sans aucune parcimonie. Il est désormais devenu commun dans ces productions de montrer du sexe, des troubles du comportement alimentaire, de l'auto-mutilation (allant parfois jusqu'au suicide) ou encore des addictions puissantes aux stupéfiants.

La dépiction de l'adolescence pour Hollywood, c'est ça. Prendre des tonnes de drogues, baiser à foison et avoir une santé mentale dans les choux. Dans Heartstopper, vous ne trouverez rien de cela. La série raconte la rencontre entre Charlie (Joe Locke), un élève de troisième qui a fait son coming-out gay un an auparavant, et Nick (Kit Connor), un nouvel arrivant en classe de seconde avec qui il partage un cours. Ils deviennent rapidement amis.

 

Heartstopper : photo, Kit Connor, Joe LockePromis, la neige n'est pas en CGI (c'est un mensonge)

 

La série est une bouffée d'air frais dans le genre de la comédie romantique. Elle est en effet plus accessible, puisque moins chargée en séquences choquantes ou explicites, mais aussi beaucoup plus légère et optimiste. Vous allez avoir des papillons dans le ventre en voyant des couples se former, des ados se tenir la main, ou s'embrasser pour la première fois.

Pour autant, Heartstopper n'est pas niais. Pas plus que des adolescents boutonneux de quinze ans, tout du moins. La série parvient d'ailleurs à raconter la scolarité de certains personnages queer avec justesse, en montrant la violence pluriforme qu'ils subissent, sans en faire des martyrs pour fabriquer des images choquantes. En somme, le monde d'Heartstopper n'est pas entièrement rose et en sucre, il est au contraire plutôt réaliste et évite l'écueil de concourir dans la compétition du plus trash.

 

Heartstopper : photo, Corinna BrownVous aurez même le droit à des références à Donnie Darko ou Moonlight

 

Sunlight 

La puissance de la série ne réside d'ailleurs pas que dans son caractère authentique. Heartstopper fonctionne en tant que comédie romantique avant tout grâce à son casting solaire qui, une fois n'est pas coutume, se rapproche de l'exception. Charlie et Nick sont d'excellents protagonistes, chacun à leur façon, qui se complètent tout à fait.

Joe Locke donne à Charlie un air espiègle et sensible, sans jamais être un cliché de détresse. Il est suffisamment fort pour se dresser contre l'homophobie des caïds de son lycée, tout en étant suffisamment vulnérable pour toujours douter de ce qu'il peut apporter dans une relation amoureuse. Nick est quant à lui un véritable labrador, bienveillant, populaire et énergique, sous les traits de Kit Connor.

 

Heartstopper : photo, Kit Connor, Joe LockeOn vous défie de ne pas apprécier de les voir ensemble à l'écran

 

Si l'on y retrouve la caractéristique classique du teenage drama (prendre des acteurs de presque vingt ans pour jouer des collégiens d'à peine quinze, personne n'est parfait), ne pas être inondé d'images de corps parfaits d'adultes entraînés est une libération (Riverdale, Euphoria, on pense à vous) pour les plus jeunes qui s'abreuveront de la série, sans immédiatement nourrir des complexes.

Le reste du casting est du même acabit, plus proche de lycéens cools et branchés que d'adultes déguisés. Tous disposent par ailleurs d'un design qui rend leur personnalité immédiatement accessible, mais pas dénuée d'intérêts. Vous aurez le plaisir de les découvrir dans des uniformes de lycéens britanniques avec tout ce que ça comporte de blazers impeccables et de cravates nouées. Il y a même Olivia Colman, vous ne voudriez pas la décevoir, si ?

 

Heartstopper : photo, Kit Connor, Joe LockeQuand ton coeur est à 120 battements par minute

 

Charlie's Universe

Enfin, s'il fallait définitivement vous convaincre de donner sa chance à Heartstopper, nous aimerions vous parler de sa mise en scène. Vous avez probablement déjà remarqué que les images de la série contiennent des animations à l'écran. Celles-ci sont un héritage de la forme originelle du récit, le roman graphique.

Toutes ces originalités n'empêchent pas la série de livrer ce qu'on attend d'une comédie romantique traditionnelle pour ados. Qu'il s'agisse des soirées gargantuesques qui se finissent par un baiser, des brimades devant le lycée, ou des cours de sport avec les discussions de vestiaires, Heartstopper honore le genre en remplissant son habituel cahier des charges.

La série trouve toutefois quelques originalités, par exemple dans les conversations Instagram qu'elle parvient à rendre dynamiques. Ce sentiment de voir un contact être en train d'écrire, puis effacer son message, cette attente, et enfin cette crainte d'une réponse négative (ou pire, d'une absence de réponse) lorsqu'on confie son intérêt, la série l'a compris.

 

Heartstopper : photo, Yasmin FinneyLa direction artistique multicolore est un régal pour les yeux

 

Si ces quelques raisons n'ont pas suffi à vous donner envie de dévorer cette comédie romantique qui dure au total à peine plus de trois heures, nous avons le regret de vous annoncer que comme une partie de la rédaction d'Ecran Large, vous n'avez décidément pas de coeur. Les spectateurs de Netflix ne s'y sont d'ailleurs pas trompés, si la série a débarqué sur la plateforme le 22 avril 2022, elle figurait déjà dans le top 10 de la plateforme pour la période du 18 au 24 la semaine suivante.

En seulement trois jours, la série est parvenue à monter sur la septième marche du classement avec plus de 14 millions d'heures visionnées. Quant à sa réception critique, le film affiche une note de 84/100 sur Metacritic ou de 100% sur Rotten Tomatoes. Vous n'avez donc plus aucune raison de ne pas vous laisser tenter.

Heartstopper vous attend pour batifoler sur Netflix depuis le 22 avril 2022

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commentaires
alexandre
04/05/2022 à 10:48

Ca fait du bien de voir ce genre de série, ça rassure. Tous ces jeunes ados qui s'infligent le silence alors qu'ils ont le droit ( voire le privilège ) de pouvoir s'aimer sans que ca ne soit un problème. Cet âge où on apprend a vivre avec le reste de la société qui nous accepte plus ou moins bien et où, on peut tout de même trouver de la bienveillance. Les personnages sont attachants.
Aux haters : Vivement que les boomers désertent cette terre dont ils ont abusés et que leurs vieilles valeurs toxiques disparaissent.

GTB
04/05/2022 à 00:57

@Valaba> "et encore une fois vous prouvez que le camp du bien autoproclamé ne supporte pas la contrariété."

Mais, de quoi parlez-vous?....Quel "camp"? Quelle "contrariété"? Il n'est ici question ni de l'un, ni de l'autre. Juste d'une juxtaposition de mots, confus, qui n'ont aucun sens. Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Vu le discours imbitable du bonhomme c'est dire le niveau de confusion. Mon propos ne parle de rien d'autre. Gardez donc vos histoires de camp, de tolérance, de bien; pour le dire poliment, les gueguerres idéologiques à coups de sophismes me glissent dessus.

MacReady
04/05/2022 à 00:13

On montre des couples hétéros dans des programmes pour enfants depuis des décennies : c'est normal.
On montre des couples homo à des enfants depuis quelques années : c'est dangereux, ça influence, ça mérite qu'on soit prudent.
Deux poids deux mesures. Aucun enfant n'est choqué par deux hommes ou deux femmes qui s'embrassent : ils le sont uniquement si leurs parents, les adultes et le monde, les éduque et les incite à penser ainsi. C'était la même chose avec des couples aux couleurs de peaux différentes, et il suffit de regarder quelques décennies en arrière dans les livres d'histoire pour le constater, et se dire qu'il faut surtout de la prudence sur ces jugements construits sur une vision très étroite.
A moins de considérer que l'homosexualité est contre nature (auquel cas il faut regarder... la nature, où l'homosexualité chez les animaux est totalement normale, et continue à exister sans problème, sans menacer la survie des espèces ou déclencher l'apocalypse) ou contagieuse (voir des homos à la TV donnerait envie d'être homo, donc voir des hétéros donne envie d'être hétéro : on est bien peu de choses dis donc)... c'est simplement un discours rance, de mauvaise foi, et qui pour le coup devrait faire réfléchir celles et ceux qui le prononcent en croyant "protéger" les enfants (alors qu'ils ne protègent que leur vision étriquée de l'humain, et de la nature).

MisterM
03/05/2022 à 23:22

Etant donné que les bluettes parlant d'amour entre adolescents hétéros (parfois bien plus jeunes que 15 ans) pullulent sans que personne n'ait à s'en offusquer, il serait intéressant que rientintinchti précise clairement ce qu'il qualifie de "nuisible" dans la proposition de cette comédie romantique.

THX
03/05/2022 à 22:28

@rientintinchti
En somme vous craignez que votre gosse devienne gay en regardant une série TV ?

Alors rassurez-vous ! Je vous invite à consulter les récentes découvertes scientifiques dans ce domaine : on ne « devient » pas gay : on l’est, ou pas.
L’adolescence est le moment où l’immense majorité des gays découvrent leur différence, et la seule chose que le visionnage d’un tel programme pourrait changer chez eux c’est sa compréhension et son acceptation. Libre à chacun de le regarder ou pas, et aux parents de ne l’autoriser qu’à l’âge approprié (comme pour la violence, etc.).
Mais peut-être préférez-vous que ces personnes refoulent ce qu’elles découvrent sur elles-mêmes, et subissent tout le mal-être lié à cette culpabilisation ?
Qu’elles ne puissent trouver aucun référent dans le vaste monde sériel ?

Dans ce cas, c’est de l’homophobie.
Le taux de suicide des jeunes homos est 4 fois plus élevé que la moyenne !
Alors si on l’était par choix, ces jeunes choisiraient certainement d’être des hétéros vivants plutôt que des homos morts, vous ne croyez pas ?
C’est donc bien assimilable à du racisme : discrimination arbitraire d’une communauté de personnes, qui sont simplement nées ainsi.

Pour continuer le parallèle, c’est comme si on interdisait à un gosse blanc de fréquenter des noirs ou de regarder ou série avec des noirs, par peur qu’il devienne noir…
Eh bien non, s’il n’est pas noir il apprendra juste à mieux comprendre les difficultés que vit cette communauté, et deviendra plus tolérant.
Et s’il est noir il sera heureux d’être représenté à l’écran, de voir comment un protagoniste auquel il peut enfin s’identifier gère le racisme ordinaire dont il est victime… et cela pourra peut-être lui permettre de l’affronter dans la vie, d’être mieux dans sa peau.

J’espère que cet exemple, plus proche de vos valeurs, vous amènera à davantage d’empathie, mais vos préjugés ont l’air solidement enracinés et je doute que nous tombions d’accord.
Ne souhaitant pas poursuivre indéfiniment ce débat, j’espère toutefois avoir amené quelques éléments nouveaux à votre réflexion.
Passez une bonne soirée.

THX
03/05/2022 à 20:34

Vu les 2 premiers épisodes. Merci pour la découverte feel-good.

@rientintinchti
Je me souviens avoir vu votre pseudo accolé à des commentaires dans lesquels vous condamniez le racisme. Or l’homophobie est une forme de racisme. Ne soyez pas « tolérant » juste quand ça vous arrange, ou vous concerne !
Des teen-dramas hétéro il y en a plein, dont certains infiniment plus trash que cette gentille romance, sans que ça dérange…

Docteur Benway
03/05/2022 à 20:04

@rienintinchi Retourne commenter les articles de Valeurs Actuelles au lieu de raconter n'importe quoi, tu y seras plus à ta place parmi tes paires.

Bon sinon, c'est mignon Heartstopper mais ça reste un peu inoffensif et mièvre. Au delà de 13 ans, c'est un peu limité en intérêt et bourré de poncifs éculés. C'est tichou mais trop léger. Dans un genre similaire, Young Royals était beaucoup plus intéressant et beaucoup mieux écrit, ça aurait mérité une critique.

The rainbow multiverse
03/05/2022 à 18:41

Superbe critique ! J’étais à la recherche d’une fiction avec des personnes LGBT+ dont l’histoire ne verse pas dans le pathos comme on en trouve un peu partout. Cela fait du bien ! Continuez comme ça ! Pourquoi pas un prochain dossier avec les meilleurs œuvres (films, séries, bandé-dessinées, jeux vidéos) qui mettent en scènes des personnes ou des thématiques LGBT+ !

Général Kou Yoku
03/05/2022 à 18:23

Bien heureux de ne plus financer les contenus remplis de propagande sur Netflix, qui continue de s'enfoncer dans la médiocrité encore et encore.

Valaba
03/05/2022 à 18:21

@GTB et encore une fois vous prouvez que le camp du bien autoproclamé ne supporte pas la contrariété. Le fameux camp du bien qui prône la tolérance mais ne tolère pas les critiques à sont égard.

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