Critique : Vent mauvais

François Provost | 12 juin 2007
François Provost | 12 juin 2007

C'est souvent lorsque la production nationale se porte mal que surgissent des petites surprises difficilement oubliables, de par leurs qualités et volontés d'aller quelque peu au-delà du conventionnel auquel on est trop habitué ; Vent Mauvais est de ces films, charmeur, intriguant et vraiment plaisant dès que l'on s'y perd.  


L'ouverture fait rêver : débarqué dans une ville semblant déserte, un informaticien dépêché en urgence sur place se retrouve pris dans une tempête traversant la ville, les rues vidées de sa population lui donnant champ libre. Cette allure de western offerte au film lui confère une tonalité particulière, rehaussée par l'étrange atmosphère émanant du récit, perdue entre les mystères de ses habitants et leurs attentes.


Anti-héros échoué dans un village régit par les histoires et les non-dits, le personnage de Frank (joué par Jonathan Zaccaï, impeccable) traîne sa carcasse en attendant mieux. Flegme et détachement semblent être son leitmotiv, l'air hagard mais fasciné s'attardant sur le microcosme s'étendant devant lui. Le film distille sans ménagement sa faune étrange, se heurtant à l'apprenti enquêteur, lequel traverse nonchalamment l'écran, prenant parti et se ravisant, cherchant dans l'attente une issue susceptible de le satisfaire.


En ce sens, le film de Stéphane Allagnon se fait le reflet contemporain de personnages en perte de repères, isolés dans une bourgade où chacun semble résigné. Aure Atika d'abord, curieuse femme un peu baroudeuse, capable de soutenir les gens sans pour autant parvenir à s'évader de sa propre monotonie. Bernard Lecoq est comme souvent parfait, jouant avec un naturel désarmant l'homme blasé, manager de supermarché en fin d'ère, décidé à se retirer par la grande porte.


On pourra reprocher à Vent Mauvais d'être un film d'une facture relativement classique, mais celui-ci brasse les genres avec la volonté d'offrir une chronique de vie un peu différente, plus originale et portée par des personnages marginaux, au sein desquels souffle une tempête constante. Une jolie surprise.


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