Critique : Zebraman 2 : Attack on Zebra City
Ah, Zebraman,
c'est dire si on attendait son retour avec impatience.
Si le prégénérique fait sourire, Zebraman - traqué alors
qu'il descend ses poubelles - est forcé d'esquisser son cri de ralliement «
Strip Evil » devant un parterre de fans tétanisés, le doute s'installe très
vite. C'est au son d'une Britney Spears nippone du futur que démarre le
générique. 15 ans ont passé depuis les exploits du premier Zebraman. Notre héros
amnésique et peroxydé erre dans un Tokyo rebaptisé Zebratown sous l'impulsion
d'un docteur fou qui a décrété le Zebratime. Kezako : une dizaine de minutes
quotidienne où tout est permis, notamment à la police d'ouvrir le feu sur les
plus faibles. Le taux de criminalité chute,
mais à quel prix ! Les hôpitaux se remplissent de victimes impuissantes qui
doivent en plus écouter en boucle les chansons hystériques de ZebraQueen, fille
du docteur fou cité plus haut entourée des « Squad skirts » choristes en bas
résille et au coup de pied facile. Et que fait Zebraman, me direz-vous ? Hé bien
il comate en grimaçant et tente de savoir ce qu'il a bien pu foutre ces 15
dernières années, aidé dans son travail de mémoire par un aide soignant zélé
qui a emprunté le costume du super héros pour tourner une série et entreprend
de réanimer la
flamme vacillante de Zebra.
Si le premier opus de Miike a pu faire sourire par moment (ah, X-Or, Bioman et consorts), celui-là laisse carrément pantois devant l'accumulation de laideur, de connerie et de péripéties plus foireuses les unes que les autres. Combat improbable (Zebra vole et/ou s'écrase, on ne sait plus trop), humour désarmant à base de grimace et de rot, scénario accablant : il faut voir Zebraman se remémorer son passé en regardant tourner une chaussette noire et un slip sale dans le tambour d'une machine à laver pour tenter de capter le niveau d'aberration du métrage du stakhanoviste japonais. Quant à l'arrivée de l'alien issu du premier opus - qui détruit la moitié de la ville en pétant - il n'y a pas de mots, c'est indescriptible. Deux réactions possible : la greffe ou le rejet pur et simple.
A moins que le film ne fasse partie de ces œuvres difficilement abordables pour un public non japonais (l'humour absurde et bas de plafond de Kitano a un succès fou au Japon mais laisse le public occidental de marbre, en serait-il de même pour les projets de type Zebraman ?). Miike : de la quantité, du volume, de la qualité parfois mais surtout une forme de schizophrénie artistique ou une roublardise à toute épreuve. Un peu des deux sûrement. Capable du meilleur comme du pire (et parfois la même année, en 2010, il signe Zebraman 2 et 13 Assassins), le réalisateur donne le sentiment de s'en foutre complètement au fil des bobines qui pourraient être projetées dans le désordre, personne ne s'en rendrait compte. Ca sent le contrat de production à honorer à moins que Miike, tel un nouveau Tsui Hark, se soit désintéressé très vite de son sujet au profit du suivant : ici, 13 Assassins, heureusement d'un tout autre niveau.
Sébastien de Sainte Croix
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