Transsiberian : Critique

François Provost | 21 juillet 2008 - MAJ : 22/08/2023 17:45
François Provost | 21 juillet 2008 - MAJ : 22/08/2023 17:45

Après The Machinist où Christian Bale perdait la boule juste avant de partir en croisade contre le crime dans Batman Begins, Brad Anderson retourne à la réalisation dans un récit baigné du clair obscur russe pour explorer la psyché humaine. Avec un soupçon de profondeur et l'ambiguïté fantastique en moins, mais toujours avec un casting de personnages troublants, propices à un développement satisfaisant. Etrangement, la solitude du machiniste trouve ici un écho inattendu dans cette histoire de touristes américains traversant la Russie à bord du Transsibérien, long voyage de quelques 9000 km joignant la Chine à la Russie.

On s'en rend compte rapidement, Brad Anderson tient moins au potentiel de son histoire qu'aux relations distillées entre ses multiples personnages, entretenant tous de multiples facettes, à l'exception notable de Woody Harrelson qui fait très papa poule (dommage, surtout après son rôle chez les Coen cette année). Dans ce voyage mêlant meurtre et drogue à travers la Russie, il n'y a pas tant la population locale dont il faudra à un moment ou à un autre se méfier... l'ensemble du casting  appelle au doute quand on est du côté spectateur : jusqu'au bout, on doute face à cette histoire, sans réelles certitudes, même si très subtilement, le script de Will Conroy et le mise en scène de Anderson nous livrent quelques indices, quelques repères où s'accrocher pour suivre le voyage.

 

 



Au détour des plans, des schémas se dessinent, chacun semble emprunter une voie claire et précise. On sent la volonté d'écrire pour des personnages avant de les voir évoluer au sein d'un thriller millimétré, encadré par les paysages d'une Russie d'un autre âge. La caméra porté de Anderson s'immisce peu à peu dans le quotidien du couple en voyage, les suivant pas à pas dans leur découverte d'un pays qu'ils ne connaissent pas. Le trajet du train est un prétexte au voyage, où les autochtones et les touristes finissent par entretenir une promiscuité trouble à mesure que les cabines se remplissent.

 

 

 

Esquissant aussi avec rigueur les difficultés d'un pays pas encore tout à fait remis de la chute du régime communiste (hostilité a l'étranger, système défaillant, pouvoirs corrompus, incompréhension générale), Brad Anderson donne à réfléchir par l'entre-mise de la sceptique Emily Mortimer, témoin du moment, portant à bout de bras le film par son incroyable présence et sa ténacité exemplaire. L'espagnol Eduardo Noriega, l'allemand Thomas Kretschmann et l'anglais Ben Kingsley complètent le rapport de force, chacun à leur manière, gagnant peu à peu la confiance du spectateur pour mieux renverser les enjeux par la suite.

 

Résumé


Seul point négatif, la fin du film qui se perd dans un épilogue américanisé où l'intrigue oublie sa noirceur originelle alors même que l'on était en droit de s'attendre au pire vu ce qui avait précédé. Bémol qui n'empêche pas Transsiberian d'être une oeuvre forte procurant un plaisir évident tout en baladant couple et spectateurs dans un  univers hostile où l'on finit par se sentir très seul.

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