Cannes 2017 : Critique à chaud de Une femme douce

Chris Huby | 25 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Chris Huby | 25 mai 2017 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Sergey Loznitsa s'était fait remarquer avec My Joy et Dans la brume, ses deux premiers films qui ont fait le tour des festivals du monde entier. Ukrainien d'origine, il poursuit avec Une femme douce son étude de la décrépitude de l'ex URSS.

 

Un jour, une femme reçoit le colis qu’elle a envoyé quelques temps plus tôt à son mari incarcéré. Inquiète et profondément désemparée elle décide de se rendre à la prison, dans une région reculée de Russie, afin d’obtenir des informations. Ainsi commence l’histoire d'un voyage semé d’humiliations et de violence, l’histoire d'une bataille absurde contre une forteresse impénétrable.

 

LUTTEZ RUSSE

Ici son héroine, une petite bonne femme au visage fermé et déprimée se trimballe dans une administration retorde qui n'a pas de sens si ce n'est celle qui impose l'inconnu et le secret à ceux qui veulent connaître la vérité. Très vite, elle pose les mauvaises questions à un personnel étrange et particulièrement violent sur le sort de son mari, enquête qui lui vaudra de passer par toutes les vicissitudes d'un système moisi et à moitié dingue.

Photo

 

Film réaliste dans le fond, mais à la limite de l'onirisme dans son traitement, Une femme douce ne cesse d'impressionner par son évolution au fil de ses 2h20. Lent et démonstratif dans ses très beaux premiers plans, il finit par s'endiabler et proposer des séquences très fortes jusqu'au final implacable. Du questionnement labyrinthique au traitement kafkaien, Loznitsa tente avec ce nouveau film de montrer le sort des individus sous une politique Russe écrasante et vicieuse.

 

Photo

 

WOMAN IN PRISON

Les images sont marquantes en cela qu'elles sont habitées à la fois par l'étrange et par le métaphorique, les plans sont souvent très longs à la limite du trop et pourtant tout cela finit par fonctionner pour peu que l'on se laisse emporter par un style prononcé et voulu. L'ennui appuyé voulu par le metteur en scène explique à quoi les individus en sont réduits au bout de quelques années : pauvreté sans avenir, alcolisme outrancier, prostitution, mafia de quartier, etc... Un univers de l'abandon qui détruit les esprits et qui est totalement voulu par un Etat dominant et qui sape jusqu'au plus profond. La ville-prison dans laquelle évolue le personnage principal explique la Russie vécue par Loznitsa: tous les esprits et tous les individus font parti d'un système qui broie et dont on ne s'échappe pas.

 

En conclusion ce long-métrage est à découvrir. Il s'agît là d'un film complexe d'approche, mais passionnant de bout en bout pour peu que l'on accepte le principe de l'étrange imagerie fabriquée par un metteur en scène qui commence à vraiment compter.  

 

 

Affiche officielle

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
pierre baudine namur
25/05/2017 à 20:32

bonne visualisation a suivre.

cannes
25/05/2017 à 11:40

Film splendide