La 25ème heure : le tout premier chef d'œuvre post-11 septembre

Mathieu Victor-Pujebet | 6 novembre 2022
Mathieu Victor-Pujebet | 6 novembre 2022

Lorsque Spike Lee filme Edward Norton dans un New York post-11 septembre, ça donne un chef-d'oeuvre noir et amer du nom de La 25ème heure.

Le cinéma américain, à l'inverse du cinéma français, a toujours eu une tendance à s'emparer très rapidement de son histoire contemporaine pour la digérer et la fictionnaliser. En témoigne la tétrachiée de films sur la Guerre du Viêt Nam (Apocalypse Now, Voyage au bout de l'enfer, Full Metal Jacket) ou encore le récent mouvement Me Too qui a eu une résonnance quasi instantanée dans la cinématographie outre Atlantique (Promising Young Woman, ScandaleInvisible Man).

Un autre bon exemple de ce phénomène serait les attentats du 11 septembre, qui ont directement contaminé le cinéma américain des années 2000 et du début des années 2010. Qu'ils en aient parlé directement (Vol 93, World Trade Center) ou métaphoriquement (Cloverfield, La Guerre des mondes), toute une collection de films s’est emparée de l'attaque des deux tours comme pour exorciser ce trauma.

Mais l'un des plus beaux films sur le sujet, et sans doute l'un des tout premiers, est l'un de ceux qui en parlent le plus discrètement, à savoir La 25ème heure, réalisé par Spike Lee.

 

La 25e heure : photoDéfaite de famille

 

Juste la fin du monde

Le pitch de La 25ème heure est d'ailleurs centré sur un tout autre évènement. Monty (le génial Edward Norton) est un petit dealer de New York qui se fait coincer par la police des stupéfiants. Il va devoir passer les sept prochaines années de sa vie en prison, loin de sa compagne Naturelle (Rosario Dawson) et de ses deux meilleurs amis Jakob (Philip Seymour Hoffman) et Francis (Barry Pepper). Une fête s'organise la veille de son départ, mais comment s'amuser dans ce contexte, comment faire comme si de rien n'était ?

C'est pourtant ce qu'essaient de faire les protagonistes du film réalisé par Spike Lee, notamment en se rappelant régulièrement qu'il ne faut surtout pas mentionner le départ de Monty en sa présence. Le malaise est d'ailleurs palpable lorsque la serveuse d'un bar invite le trio d'amis à son anniversaire le dimanche suivant, quelques jours après l'incarcération de Monty.

Il y a certaines choses qu'il ne faut pas dire. Une règle que les personnages prennent souvent au pied de la lettre, Monty refusant de se confier à sa femme, Francis évitant soigneusement de faire des reproches à son meilleur ami et Jakob étant incapable de partager le désir qu'il éprouve pour une de ses étudiantes. De façon générale, il semblerait que la communication entre les personnages soit bouchée dans La 25ème heure.

La suite est réservée aux abonnés. Déjà abonné ?

Accèder à tous les
contenus en illimité

Sauvez Soutenez une rédaction indépendante
(et sympa)

Profiter d'un confort
de navigation amélioré

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Birdy ok
08/11/2022 à 10:34

Merci Anderton. Dommage, ça claquait bien quand même.

Anderton
07/11/2022 à 17:18

@Birdy OK : il y avait déjà un film avec Anthony Quinn qui portait le même nom, c'est pour ça qu'en France, le titre a été par la suite re-titré en "24 heures avant la nuit"

Birdy ok
07/11/2022 à 14:14

Allez j'ajoute mon admiration pour ce grand film à la suite de vos posts. Il le mérite.
Et j'adore ce titre qui hélas disparu pour je sais plus quelle raison.

MIL
07/11/2022 à 13:37

Amoureux de ce film à sa sortie au ciné, c'est une joie toujours intacte à chaque visionnage. Maîtrise totale de la mise en scène, scénario, jeu des acteurs...

Dick Laurent
07/11/2022 à 10:37

Chef d'oeuvre. Effectivement la scène de dialogue entre Hoffman et Pepper avec ground zéro en arrière plan est un sommet. On attend toujours le 4k...Et cette BO...

Mouais Bof...
06/11/2022 à 13:00

Sans doute le dernier grand film de Spike Lee.Lui qui livra des oeuvres fortes et subversives dans les années 80 et 90. On sent qu'après ce film ,la patate artistique n'y est plus.

Norton magistral , les autres sont aussi excellents . Le monologue de la fin est un cri dechirant et poignant . Grand film .

S3rgio
06/11/2022 à 12:45

Mon Spike Lee préféré avec Clockers. Jamais édité en Blu-ray en France, quelle tristesse…

Mx
06/11/2022 à 12:42

Un film magnifique, porté par d'excellents acteurs, un vrai drame humain qui va droit au coeur, je crois que c'est le seul spike lee que j'ai vu, mais bon dieu, quel film!!!!


l'un des meilleurs rôles de norton, on en parle pas assez, dans sa filmo, et en général, de ce film, merci ecran large!!

Ray Peterson
06/11/2022 à 12:38

Un des rares film de Spike Lee que j'aime revoir. Le casting est impeccable, Hoffman en tête.
Un des derniers meilleurs rôles de Norton pour moi parcequ'après.... Un peu un gâchis cet acteur avec des premiers apparitions superbes (Larry Flint, Primal Fear, Rounders, American History X) et là dernièrement à part Birdman, Moonrise Kingdom (et encore ça remonte) je ne reconnais plus mon Edward Norton. Même son Brooklyn Affairs m'a ennuyé.

CLAY
06/11/2022 à 12:38

Quel film et quelle fin déchirante

Plus