Le Salaire de la peur : le chef-d'œuvre négligé de Clouzot sur la folie et l'existence

Arnold Petit | 24 octobre 2022 - MAJ : 22/03/2024 14:59
Arnold Petit | 24 octobre 2022 - MAJ : 22/03/2024 14:59

Quand Henri-Georges Clouzot s'attaque à la folie des hommes, ça donne Le Salaire de la Peur, une leçon de cinéma et d'existentialisme intemporelle.

Au milieu de l'Amérique latine, quatre hommes sont engagés pour conduire deux camions chargés de nitroglycérine sur plus de 500 kilomètres de routes sinueuses et de petits chemins de montagne afin d'éteindre un puits de pétrole en feu. Un voyage long et dangereux au coeur des ténèbres qu'Henri-George Clouzot a mis en scène dans un pur exercice de tension, un film d'aventure désabusé et viscéralement éprouvant adapté d'un roman de George Arnaud en 1953, Le Salaire de la peur.

Un des films les plus célèbres de l'histoire du cinéma français, réalisé par l'un de ses plus grands cinéastes, mais qui est parfois négligé à côté du Convoi de la Peur et des autres œuvres qu'il a inspirées, comme Mad Max : Fury Road, alors qu'il reste un chef-d’œuvre dans lequel Clouzot dépeint la noirceur du monde et des hommes à travers un conte existentiel fulminant.

  

Le Salaire de la peur : photoVoyage au bout de l'enfer

 

Huit clos

Dès le premier plan, le film introduit un paysage désolé, un théâtre de cruauté. Des cafards sont attachés ensemble et torturés dans la boue au bout d'un bâton, le passe-temps d'un garçon à moitié nu dans une rue poussiéreuse. Alors qu'un vendeur de glaces passe, l'enfant abandonne les insectes pour se diriger vers l'objet de ses convoitises, oubliant qu'il n'a pas de quoi se l'offrir, puis retourne à ses cafards pour constater qu'un charognard a pris sa place.

Dans cette ouverture aussi sadique que métaphorique (que Sam Peckinpah se réappropriera en 1969 au début de son western nihiliste La Horde Sauvage), Henri-George Clouzot canalise une des thématiques qu'il va exploiter tout au long de son film : les hommes, éternellement insatisfaits, courent après l'impossible, même à leur détriment.

 

Le Salaire de la peur : photoDes vagabonds perdus au milieu de nulle part

 

Le paysage de Las Piedras ("Les Rochers") n'est pas tant un village qu'un tableau de misère et de torpeur, auquel l'économiste et démographe Alfred Sauvy vient de donner la formule de "tiers-monde" en 1952. Situé dans un pays d'Amérique jamais clairement identifié, le lieu abrite des autochtones béats, des ouvriers en sueur, des enfants qui mendient et des expatriés traînant à la recherche d'un coin d'ombre en s'amusant à lapider un chien ou à humilier le patron du taudis qu'ils occupent.

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commentaires
Tnecniv
24/10/2022 à 23:44

@Faurefrc
Le film de Friedkin est très bien, mais à titre perso, je me demande si je ne l'aurai pas davantage apprécié sans avoir vu le salaire de la peur, que j'avais dû visionner au moins à trois reprises. De mon souvenir, celui Friedkin (que je n'ai vu qu'une seule fois) avait quelque chose de mystique, particulièrement sur la fin.

Pulsion73
24/10/2022 à 19:53

Très très bon film. La nitro est déjà un sujet sensible alors sur un terrain aussi "miné" il y a de quoi suer, les personnages et nous.

Morcar
06/04/2022 à 14:59

Le roman dont il est adapté est déjà très bon. Mais il est vrai que son adaptation est très réussie également.

Numberz
05/04/2022 à 21:46

Je faisais ma liste des DVD cet aprèm. Je tire pas deux fois le salaire en DVD chez René château. L'ayant aussi dans le coffret Clouzot, je l'ai en triple. C'est que c'est un chef d'oeuvre ce film. Je n'arriverais jamais a le départager avec le convoi.

TOCAP
05/04/2022 à 20:31

UN DIAMANT !
Et dire que Steve McQueen et Lino Ventura n'étaient pas loin de jouer dans le Convoi...
Il reste un remake énorme quand-même.

Faurefrc
05/04/2022 à 20:20

Film génialissime… dont j’aimerai d’ailleurs bien voir le remake réalisé par le grand Friedkin.

captp
05/04/2022 à 20:17

J'oublie la vérité bordel ...
Non la filmographie de ce mec c'est un truc de malade.

captp
05/04/2022 à 19:55

Ma porte d'entrée pour le cinéma de Clouzot et pourtant peut-être celui que j'aime le moins au final.
J'ai un gros problème avec montant . Il me pane complètement le film tellement je le trouve mauvais surtout durant la première moitié. Après avec le suspense qui se met en place on oublie un peu .
Gros fan de Clouzot il me serait difficile de choisir entre diaboliques, quais des orfevres et le corbeau mon préféré.

Roxy
05/04/2022 à 18:49

Infaisable aujourd'hui ce film, les commentaires racistes des personnages sur les autochtones en début de film, je vous laisse imaginer comment ça se passerait devant un comité de censure...