Critique : Jappeloup

Louisa Amara | 13 mars 2013
Louisa Amara | 13 mars 2013

« Louisa, y a l'avant-première de Jappeloup, ça te dit ? » « ça parle de quoi ? » « d'un cheval... Y a Guillaume Canet dedans. » « Canet ? Un cheval ? C'est bien, ça ? »

Question légitime à la découverte du film Jappeloup, un film qui porte très mal son titre pour plusieurs raisons. 1) Ceux qui ont connu l'histoire de Jappeloup, cheval qui a remporté plusieurs prix dans les années 80, sont morts aujourd'hui ou trop vieux pour représenter le cœur de cible du film. 2) Ce n'est pas Cheval de guerre de Steven Spielberg, le film ne raconte pas l'histoire du cheval ou de son point de vue, mais bien de son cavalier : Pierre Durand, champion olympique.

Reprenons donc les bases, les équidés, animaux qui peuvent être d'une stupidité alarmante, [dédicace à Flash, le poney qui ne voulait pas avancer (ironie de la vie) qu'on m'avait fait monter à la MJC], sont pourtant considérés par beaucoup comme une race noble. Le cavalier et sa monture, de Lucky Luke à Zorro ont fait les beaux jours du cinéma, de la TV et de la BD. Avec Cheval de guerre, Spielberg a même osé le pari fou de raconter une histoire à travers les yeux d'un cheval. Mais quel cheval ! Traversant les tranchées au galop, se blessant avec les barbelés pour retrouver son maître... Aventures, émotions, actions au programme. 

Difficile de passer juste après le génie du créateur d'E.T.. Mais le projet Jappeloup germait depuis 1995 dans la tête de Pascal Judelewicz, producteur. Guillaume Canet, fils d'éleveur de chevaux, et ayant lui-même pratiqué l'équitation toute sa jeunesse, est approché pour écrire le scénario et le projet se concrétise enfin. Et c'est peut-être là que le bât blesse, il s'est écrit un rôle en or : omniprésent, mégalo, le plus souvent assez antipathique, le profil type du « petit bourgeois », mots employés par Daniel Auteuil (brillant) qui joue son père. Comme si Guillaume Canet avait envie d'aller jusqu'au bout des émotions les plus fortes et de creuser le côté obscur du héros, pour se détacher ou se rapprocher, l'histoire nous le dira, du vrai Pierre, qui ne se reconnait pas du tout dans cette vision, évidemment. 

Du coup on aurait aimé en savoir plus sur le cheval, de sa naissance à sa mort, et pas seulement son entraînement et ses exploits sportifs. Toutefois, le film nous emporte dans sa magie. Amateurs de chevaux, d'équitation ou pas du tout, on résiste difficilement au charme de Marina Hands et Daniel Auteuil. L'une apporte toute sa détermination, sa douceur à la femme de Pierre, cavalière émérite puis épouse aimante, son pilier dans l'existence. L'autre, assumant pleinement son âge, représente la force tranquille, l'œil vif, le sourire espiègle, tout en pudeur aussi. Les scènes d'échanges père/fils sont très touchantes, sans tomber dans le pathos, et devraient séduire tous les spectateurs. Enfin, ceux qui ont un cœur et des attaches familiales fortes au moins, ça englobe déjà toute la Méditerranée !

Et quand un réalisateur arrive à créer le suspense, la tension à chaque compétition, avec un film pourtant tiré d'une histoire vraie et connue dans le monde entier, on dit chapeau ! Bravo l'artiste, Christian Duquay, réalisateur québecois et ex-membre de l'équipe canadienne d'équitation. C'est rythmé, bien filmé, bien qu'il abuse des plans rapprochés dans la foulée de Jappeloup, pour ne pas trahir l'artifice des cascadeurs et/ou montures différents. On se laissera happer par l'histoire, même si on a été marqué par une mauvaise expérience avec un poney ou cheval. Si, si. 

Résumé

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