Clones : critique chevelue
Il y a dans Clones, une belle idée de cinéma : faire jouer les surrogates, ou substituts androïdes, par des humains. Les effets spéciaux ne sont alors là que pour lifter, maquiller, coiffer et finalement lisser et uniformiser Bruce Willis, Radha Mitchell ou Rosamund Pike. Soit l'extrême opposé de vers quoi le cinéma essaie d'aller avec James Cameron et son Avatar - qui aurait presque été un meilleur titre français que Clones. Jonathan Mostow fait ainsi de la résistance, mais il est tout seul.
CASSER LE BRUCE
Dans son univers à la Minority Report ou The Island, avec son casting tout droit sorti d'un épisode de soap opera ou d'Hollywood Night, le réalisateur du Soulèvement des machines décide de casser l'icône Bruce Willis. Littéralement. Un bras en moins, la tête défoncée, il n'est bientôt plus qu'un tas de tôles froissées. Or, le cinéma d'action n'est aujourd'hui avec Transformers, Terminator ou G.I. Joe qu'une histoire de tôles froissées. C'est pourquoi Jonathan Mostow ressort un vrai corps de cinéma, le John McClane de Die Hard. Le temps a a presque eu raison de lui, avec la barbe grisonnante, le visage marqué et la démarche lourde, mais le film tente de le célébrer une dernière fois.
Peine perdue, producteurs, scénaristes et réalisateur n'ont pas envie de faire le même film. Jonathan Mostow voudrait se la jouer John Carpenter du nouveau siècle, à l'instar de sa « fin » du monde à la Los Angeles 2013, mais les autres pensent adaptation de comics, attention danger déshumanisation (aujourd'hui les portables, demain les clones, bouh !) et vite nos deux scènes d'action. Résultat : une note d'intention d'1h25 où les espoirs le disputent aux compromis et aux frustrations.
Hein? Quoi? L'aube du 6ème jour ?
REBRUCE POIL
Le salut du film se trouve finalement là où on ne l'attendait pas, ni dans l'action old school mais mal torché, ni dans la perspective SF qui lorgne entre I, Robot et Gamer, mais dans l'image même des clones. Les personnages féminins, coéquipière et femme du héros, existent à travers les traits sublimés de Radha Mitchell et Rosamund Pike, mais de deux manières différentes.
Rosamund Pike est cassée
La première ne sera finalement qu'une coquille vide, le substitut important plus que l'humain qui est derrière. A l'inverse, la seconde révèle à travers son apparente perfection (ou sa parfaite apparence), son humanité mise à mal. Là, Clones arrêtait de faire le clown et devenait aussi vertigineux que passionnant.
Lecteurs
(0.0)21/07/2018 à 01:24
Je suis globalement d'accord avec la critique. A part que je préfère retenir les points positifs du film à ces points négatifs. Clones est divertissement SF fait avec efficacité et savoir faire. U.e pointe d'originalité supplémentaire aurait pu en faire un modèle du genre.