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Cannes 2025 : on a vu Highest 2 Lowest, l’énorme nanar de Spike Lee avec Denzel Washington

Par Alexandre Janowiak
20 mai 2025
Cannes 2025 : on a vu Highest 2 Lowest, l'énorme nanar de Spike Lee avec Denzel Washington © A24 Films

Ecran Large est de retour sur la Croisette pour le Festival de Cannes 2025. Et c’est l’heure de parler de Highest 2 Lowest, le faux thriller de kidnapping et vrai nanar de Spike Lee avec Denzel Washington.

En 2021, Spike Lee était sur la Croisette en tant que président du jury, remettant de ses mains la Palme d’or à Titane de Julia Ducournau. Ils étaient chacun au firmament. Quatre ans plus tard, les deux cinéastes sont logiquement de retour sur la Croisette et hasard (ou non) du calendrier, ils ont présenté gravi les marches du Palais le même soir ce 19 mai : la Française en compétition avec Alpha et l’Américain en hors-compétition avec Highest 2 Lowest. C’est ce dernier qui nous intéresse particulièrement ici en tant que remake contemporain de Entre le ciel et l’enfer d’Akira Kurosawa.

nanardesque

De quoi ça parle ? Un magnat de la musique, réputé pour avoir « les meilleures oreilles de la profession », est la cible d’une demande de rançon pour libérer son fils kidnappé. Il est confronté à un dilemme moral, entre vie et mort.

Et c’est comment ? Il ne donnait pas envie ce pitch ? Denzel Washington qui reprend le rôle culte de Toshiro Mifune dans Entre le ciel et l’enfer pour en incarner une version contemporaine plongée dans un New York grouillant, le tout sur fond de kidnapping, rançon, courses-poursuites, filatures et jeu de dupes, voilà qui promettait de très belles choses. D’autant plus avec Spike Lee, cinéaste ayant suffisamment filmé la grosse pomme dans sa carrière pour la rendre aussi luxurieuse qu’inquiétante.

Le teaser annonçait d’ailleurs la tension à venir, notamment avec le long monologue de Denzel Washington. Avec ses mots sur l’éthique, l’argent, le succès, l’échec et l’amour, on pouvait s’attendre à une histoire mouvementée, où justice et criminalité, intégrité et corruption, ordre et chaos, se percuteraient à travers des personnages ambigus. Et alors des questions : jusqu’où ira-t-il pour sauver son propre enfant ? Et serait-il prêt à aller aussi loin pour l’enfant d’un autre, celui d’une personne qu’il aime ?

Denzel Washington dans Highest 2 Lowest
Il y a de quoi rigoler oui, mais pas pour les bonnes raisons

Ce programme alléchant est bien présent dans Highest 2 Lowest mais en arrière-plan de l’arrière-plan, caché sous les intentions dissimulées de Spike Lee : réaliser un remake à sa sauce, loin du chef d’oeuvre de Kurosawa. Dans l’idée, pourquoi pas ? À quoi bon refaire un chef d’oeuvre quand on peut se contenter de le revoir encore et encore ? C’est sans doute ce qui à animer Spike Lee à concrétiser sa variante complètement décomplexée, pour le meilleur et pour le pire.

Dès son générique d’ouverture planant au-dessus de New York sur le Oh, What a Beautiful Mornin’ de Gordon MacRae, Spike Lee annonce presque la couleur. Le thriller tendu espéré va s’effacer au profit d’une ironie faussement « mordante », laissant carrément place à un style camp, volontairement grotesque. Le début d’un grand-guignol interminable, où le duo d’amis Spike Lee et Denzel Washington se jette sans sourciller dans un festival de roue libre.

Denzel Washington dans Highest 2 Lowest
Aucune tension à ce moment là, au contraire

Entre des dialogues catastrophiques, des répliques risibles (« meilleures oreilles du monde, mais coeur de pierre ») et des situations absolument lunaires, dont une où le personnage de Denzel Washington demande de l’aide à des portraits de James Baldwin, Stevie Wonder ou encore Jimi Hendrix, c’est un enchainement presque légendaire de ridicule. Et quand, en plus, l’ensemble est accompagné par une bande-originale insupportable signée Howard Drossin, c’est un calvaire interminable qui se joue sous nos yeux ébahis.

La scène du du métro (reprenant celle du train chez Kurosawa donc) en est le plus gros symbole, toute tension étant sabotée par cette musique envahissante, couplée à une course-poursuite sans queue ni tête, largement entachée par une mise en scène d’une platitude affligeante. Bien sûr, voir la gravité des dilemmes se percuter à cette bouffonerie tient au coeur même du genre camp (l’appart A24 amusant). Sauf que Spike Lee se plante lamentablement, les spectateurs riant avant tout de son film plutôt que de ses personnages (hormis peut-être le flic blanc de la troupe).

Et malheureusement, ce n’est pas un simili propos sur la musique dans les derniers instants qui permet de redresser la barre, tant cette ode à l’artisanat, à l’art pour l’art, loin des mannes financières, est bien trop maigre pour raviver un film plus proche de l’enfer que du septième ciel.

Et ça sort quand ? Le 5 septembre sur Apple TV+ en France.

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Lee est un mec assez doué mais il a une carrière en dent de scie et je crois que ses meilleurs travaux sont derrière lui.
Je pense aussi qu’il serait bien qu’il laisse les chefs-d’œuvre du cinéma asiatique en paix, son Oldboy n’étant déjà pas fameux je n’attendais pas sa relecture d’un classique de Kurosawa avec une impatience débordante.
Après, je sais que Lee a pas mal de fois divisé la critique donc je préfère quand-même rester prudent vis a vis de ce nouveau film, il est important de voir avant de s’emballer.

Cepheide

Si enfin on pouvait se rendre compte qu’hormis un propos politique poussiéreux, spike lee n est pas un real extraordinaire? ça erait chouette.

j.czaja

Il serait temps pour écran large de changer de critiques 😂 vous y connaissez plus rien

Sanchez

Spike lee un des reals les plus surcotes de tout les temps. Au bout de combien de merdes on le considérera pour ce qu’il est ? C’est à dire un cinéaste tout juste moyen dans ses meilleurs