Entre Hitchcock et Le Silence des Agneaux, l'obsédé le plus malsain et détestable du cinéma

Geoffrey Fouillet | 18 janvier 2024 - MAJ : 18/01/2024 12:50
Geoffrey Fouillet | 18 janvier 2024 - MAJ : 18/01/2024 12:50

Dans L'Obsédé de William Wyler, Terence Stamp essaie de nous enseigner l’art de la séduction en séquestrant sa bien-aimée. En voilà des manières !

Depuis M Le Maudit, en passant par Psychose et Le Voyeur, les tueurs en série ont gagné leurs galons au cinéma, et pour certains d’entre eux, on leur aurait donné le Bon Dieu sans confession. Propres sur eux, l’œil malicieux et l’air débonnaire, ils affichent le parfait look du gendre idéal. Mais voilà, comme chacun sait, l’habit ne fait pas le moine, et à ce niveau-là, Terence Stamp était tout désigné pour incarner la lie de l’humanité dans toute sa splendeur.

C’est William Wyler, le papa de Ben-Hur, qui lui offrira cette opportunité en le dirigeant dans L’Obsédé, adapté du livre éponyme écrit par John Fowles. Et plus encore que ses pairs et maîtres en la matière, Hitchcock en tête évidemment, le réalisateur multi-oscarisé va miser sur une élégance de style et de ton prompte à déjouer les attentes (même pour les plus fins limiers d’entre nous).

 

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UN JOUR, MON PRINCE VIENDRA

"Aimer jusqu’à la déchirure, aimer même trop, même mal", chantait Jacques Brel, et à vrai dire, on ne saurait mieux résumer que par ces paroles l’état dans lequel se trouve Freddy Clegg, qu’interprète Stamp. Fasciné par la beauté et la grâce de Miranda (Samantha Eggar), il l’enlève un jour dans une ruelle et l’enferme dans le sous-sol d’une demeure qu’il vient tout juste d’acquérir, en rase campagne anglaise. On se croirait alors dans une scène bucolique issue d’un roman de Jane Austen. Un cadre idyllique en somme, pour une situation qui l’est beaucoup moins.

Tous les oripeaux du récit médiéval pastoral semblent ainsi réunis, mais détournés sous forme de leurres. Freddy se rêve quasiment en preux chevalier, pourvoyant aux besoins de sa dulcinée sans se rendre compte qu’il se comporte en despote. De même, la cave aménagée pour Miranda a bien plus des airs de cachot que de nid douillet, tout comme la camionnette de Freddy ressemble davantage à un corbillard qu’à un carrosse. Le havre de paix et de bonheur que le film a conscience de falsifier joue donc pour beaucoup dans le malaise que l’on ressent.

 

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commentaires
Ray Peterson
18/01/2024 à 23:52

Chef d'oeuvre du grand Wyler! Stamp est époustouflant et Eggar sublime ! Demme a dût forcément voir le film pour s'inspirer de la déco pour son Silence des Agneaux.
Perso le titre Original "The Collector" sonne quand même mieux que "L'obsédé"....