Coppola is back
L’idée de Megalopolis est de démontrer que la politique, et plus globalement la civilisation, sont condamnées à répéter une histoire et des systèmes mortifères tant que l’on voudra enfermer la société dans des modèles figés. C’est pourquoi chaque personnage (ou presque) porte le nom d’une figure de l’Empire romain, et que le film se déroule dans un nouveau New York qui mélange Rome antique, révolution industrielle et futur. Du Coppola pur jus, qui créé un univers éblouissant, merveilleux, croisement de chemins connus qui, ensemble, en révèlent un nouveau.
Une beauté que, parfois, l’audace des effets numériques porte à la limite du ridicule. Un ridicule sans doute nécessaire à l’exploration d’une forme aussi décomplexée. Pris dans son délire esthétique sans compromis, le réalisateur-peintre avance bille en tête dans un labyrinthe de créations superbes pourtant largement agrémenté de touches niaises et stéréotypées. Une démarche qui avait fait le génie de films comme Dracula, Twixt ou Coup de Cœur, tous d’une grande beauté baroque, tous à la lisière maîtrisée d’une frénésie qui rappellerait par moments Baz Luhrmann.

L’introduction des éléments antiques dans l’histoire de Megalopolis est absolument artificielle (coiffez Jon Voight d’une couronne de laurier et le tour est joué), comme la direction d’acteur et bon nombre de dialogues volontairement théâtraux. Mais Coppola aime l’artifice, aime le montrer, aime en faire une méthode et un sujet. Aussi, dès lors qu’on accepte ce ton, caractéristique de ses productions les plus ignorées mais les plus personnelles (et donc les meilleures), on se laisse conter sans mal cette étrange mythologie qui nous apprend que rien n’a fondamentalement changé dans notre civilisation occidentale depuis qu’elle existe.
Si le propos n’est pas nouveau, c’est sans doute la première fois qu’il est énoncé avec un tel lâcher-prise, paradoxal avec la minutie de la mise en scène et de la démonstration théorique. L’élément le plus constitutif de la démarche est peut-être la présence d’un acteur, lors des projections en festivals, qui intervenait dans la salle de cinéma pour poser une question au personnage d’Adam Driver, qui lui répondait à l’écran. Une expérimentation aussi ludique que signifiante, à l’image des séquences 3D de Twixt.

Plus mégalomane que Megalopolis
La sève coppolesque est donc bien au rendez-vous dans ce film-somme de tout ce qui a porté sa carrière. Si Megalopolis est un film testament, comme on dit, il remplit parfaitement son rôle. Pour le meilleur et pour le pire. Si une partie du meilleur a déjà été évoquée, il est tout de même regrettable qu’elle soit largement teintée du pire. À savoir que l’orgueil et l’égocentrisme qui ont poussé le réalisateur à tomber dans une rhétorique anti-« woke” lors de la promotion du film, se ressentent terriblement dans le film.
Quelle ironie que de jouer au vieux monde quand on présente une œuvre prônant le progressisme civilisationnel. Mais voilà, Coppola profite de la majesté de Megalopolis pour faire du film une ode à lui-même, s’enfonçant dans la complaisance de certains dialogues, présentant le génie de son personnage comme le sien, et allant jusqu’à donner le nom de “Francis” au premier nouveau-né de son utopie (on notera un manque de crédibilité : absolument plus personne n’appelle son bébé “Francis” en 2024).

Pas facile d’afficher un tel narcissisme en essayant de faire fonctionner une fable mi-futuriste mi-mythologique au style déjà quelque peu ampoulé. Avec cet étirement ronflant de certaines situations, Coppola tire une balle dans le pied de son film dont le rythme devient souvent laborieux, et dans lequel la théorie prend trop souvent le pas sur l’humain. Autant dire que passée une heure de film, les paupières se font parfois lourdes.
Par le passé, le réalisateur avait mieux su dérouler ses dissertations brillantes sans que ses personnages en pâtissent, au contraire. Dans le cas de Megalopolis, le véritable personnage principal, c’est Coppola lui-même, et ce manque de recul (et de modestie) étouffe parfois le spectateur, quand il ne le fait pas tout simplement rire. Avouons que c’est bien dommage.

Il était temps
Mais ce qui reste admirable, dans Megalopolis, c’est l’impression que Coppola parvient, avec ce film, à prolonger (si ce n’est à conclure) brillamment la longue réflexion sur le temps élaborée dans la deuxième partie de sa carrière. Cette thématique du temps, elle était déjà présente, entre autres, dans Peggy Sue s’est mariée, Dracula, L’Homme sans Age, Tetro et Twixt (ces trois derniers films formant d’ailleurs la trilogie du temps). Alors si Megalopolis s’ouvre sur une séquence au cours de laquelle Adam Driver teste sa faculté à arrêter le temps, ça n’est évidemment pas un hasard.
Après avoir exploré le voyage temporel, la réincarnation et l’immortalité, le réalisateur étudie avec son dernier film l’essence même du temps, comme matière. Là où les personnages qui entourent le héros sont les émissaires d’une conception linéaire du temps, condamnée à répéter les mêmes étapes sur une frise chronologique horizontale qui, de l’Empire romain aux siècles futures, ne laissera jamais de place à l’évolution, l’architecte César a une vision.

Celle qui correspond à “la durée”, comme théorisée par Bergson : ce temps intuitif et impossible à quantifier au sein duquel le mouvement de la vie existe. Le héros de Coppola change cette intuition du temps en matière, pour faire de la vie-même une évolution, un progrès, et permettre la naissance d’une utopie. Dans une représentation non-matérialisée, c’était déjà cette durée intuitive qui permettait les retrouvailles magiques de Peggy Sue avec ses jeunes années, les retrouvailles de Dracula et Mina par-delà les siècles, les retrouvailles de Hall et Virginia dans la dimension des rêves de Twixt.
Presque littéralement, Coppola explique l’héraclitéisme, ce concept du philosophe Héraclite selon lequel le monde n’est que mobilisme, transformation et mouvement perpétuel de toute chose. Et la véritable vie, celle qui vaut la peine d’être vécue, est celle qui accompagne ce mouvement, en opposition à celle qui se vautre dans la complaisance des vieux modèles. L’aboutissement magnifique d’une série de films dont Megalopolis n’est pas le meilleur, mais au sein de laquelle il a une place certaine.

Vu hier soir. Petit à priori négatif parce que mon dernier souvenir de Coppola père c’est Twixt, que j’avais globalement détesté.
En et fait, même si c’est bordélique, qu’il y a du superflu, certains dialogues/monologues relativement insipides/prétentieux et que le scénario est linéaire voire faiblard dans l’ensemble, j’en ressors amusé et finalement assez conquis !
Cette œuvre (oui, au moins on peut dire que c’est du vrai cinéma, fait avec passion, avec une vision, et du talent), si on la découvre sous le spectre d’une caricature d’anticipation sur la décadence de notre civilisation, nous fait passer un bon moment.
Ca peut se rapprocher d’un kaléidoscope : on ne sait pas trop ce qu’on regarde, mais c’est beau et fascinant. Evidemment au bout d’un moment ça peut lasser, et je concède qu’il y aurait eu mieux à faire au montage pour condenser le récit et zapper quelques lenteurs. Mais il y a toujours des fulgurances auxquelles se raccrocher : des très beaux plans, des décors majestueux, des costumes fous, une mise en scène travaillée et aussi des acteurs convaincants dans leur délire.
Bon par contre c’est vraiment pas pour tout le monde, il faut se lancer dedans en s’imaginant une œuvre relativement abstraite, très caricaturale, grotesque et outrancière par moments… en fait je me suis dit à plusieurs reprises que ce film s’apparente à un mélange d’Idiocracy (Nation Stupid), Brazil, de péplums, et de Triangle of Sadness (Sans Filtre)… c’est un cocktail détonnant auquel je ne m’attendais pas du tout.
Et rien que pour cet effet de surprise, ça vaut le coup d’oeil pour les cinéphiles avertis !
La plus belle scène César sur des poutrelles ( La photo qui illustre l’article .) JULIA le rejoint luit demande d’arrêter le temps. Il prend sa main un baiser le temps ce fige. Quelques fulgurances dans MEGALOPOLIS.
MEGALOPOLIS pas aussi catastrophique que je pensais. Une histoire d’une famille bien barré l’architecte CÉSAR , le cousin arriviste le banquier, la femme du banquier épris de CÉSAR.
La lumière vient de JULIA son Amour pour CÉSAR lui donnera des Ailes pour la création du Nouveau ROME 🗽.
Francis Ford Coppola questionne sur le temps ⌛️ le temps qui passe qui nous reste à vivre , perdre son temps et l’ART est une manière de figer le temps. C’est bavard pompeux ils nous site des citations de Marc Auréle ancien Empereurs de ROME.
Juste pour la relation entre CÉSAR et JULIA tout le reste n’est qu’une perte de Temps.
MEGALOPOLIS ☆☆
2h de film qui en paraissent 4, j’ai failli m’endormir (ce qui ne m’était jamais arrivé). Des dialogues tantôt ineptes, tantôt pompeux et souvent sans fond (ou alors inintéressant). Shia LaBeouf en fait des caisses et Adam Driver m’a bien fait marrer dans une scène vers la fin du film. Et à quoi sert le pouvoir d’arrêter le temps en terme d’impact réel sur l’intrigue ? A rien du tout. Un concept de SF usé et posé là sans raison. Visuellement, à une mise en scène pas désagréable se mélange des effets spéciaux ponctuellement immondes et une facture ultra lisse sans charme. Vous donnez sûrement des clés de compréhension dans votre critique mais pour une fois je n’ai pas le courage de la lire. Et avant de me faire gronder par les sanguins du fond : je suis le premier à dire que chacun doit se faire un avis sur une oeuvre, selon ses goûts et son ressenti (sans se faire influencer par les autres) et respecter les opinions contraires. Donc si vous avez aimé c’est génial ! Vive le cinéma ! Antoine je t’aime !
Complètement séduit, pour ma part, mais je comprendrai totalement ceux qui n’aiment pas.
Pour ma part, c’est exactement la sensation qu’on a quand on se plante devant une oeuvre d’art contemporain, et qu’on se dit : « J’ai aucune idée de ce que je regarde, mais c’est étrangement beau. » (si, si, ça peut arriver).
En tous cas, il a peut-être le potentiel pour devenir un futur film culte. Ca va être un énorme bide, mais je pense que dans des dizaines d’années, on reparlera forcément de ce film quand on évoquera Coppola. Contrairement à Twixt ou à d’autres Coppola « récents »…
Bon à mon avis Coppola a dû pas mal picolé et fumé sur le tournage de MEGALOPOLIS!
Je ne vois que ça pour expliquer ces jeux du cirque loufoques, ces visions numériques jaune pipi kitsch, ces dialogues inutilement ampoulés pour asséner des banalités, Jon Voight en roue libre en Robin des Bois qui a la trique et cerise sur le gâteau avarié cette fin niaise digne de Disneyland!
Critique intéressante qui pique ma curiosité
Francis même si je pique une sieste
Je vais payer mon ticket pour Un voyage Au bout de ta mégalomanie, T le plus marquant de l ex nouveaul Hollywood et t as raison dé pas être modeste.
A demi raté mais à demi réussi donc? Mais un film de Coppola a moitié foiré c’est déjà peut être quand même du grand cinéma…ou au moins du Cinéma, c’est déjà ça! Je pense aller le voir sur grand ecran, même en risquant la déception.
Bouerf… je sais pas trop… ciné… pas ciné…
Compliqué… je crois que je vais attendre un peu.
Enfin avec une « vraie » critique loin des ricanements et des sarcasmes que Cannes nous a infligé. De toute manière même avec une note négative j’y serai allé.
Mieux vaut un Coppola complètement Megalo qu’un beta produit pondu par un troupeau de militants putatifs moyennement Polis.