Critique : Bosta l'autobus

Flavien Bellevue | 23 février 2007
Flavien Bellevue | 23 février 2007

Film événement au Liban lors de sa sortie en 2005 (avec 140 000 entrées, largement devant King Kong), Bosta l'autobus de Philippe Aractingi est un véritable cri d'amour et d'espoir à la vie et au cinéma. Avec, en toile de fond, un Liban en pleine reconstruction, le film de Philippe Aractingi raconte comment une troupe d'anciens camarades de classe se retrouve pour former une troupe de danse qui sillonne le pays à bord d'un busqui et détourne une danse folklorique, la dabké, avec de la musique techno. Bosta, l'autobus est un voyage musical auquel nous sommes conviés et où modernité et tradition s'opposent comme elles se mélangent.

Sous ses airs de légèreté, Bosta, l'autobus est le reflet d'un Liban moderne où une nouvelle génération veut redonner un nouvel élan à un pays qui a trop souffert de multiples guerres. Il y a trente ans, suite au massacre dans un bus (Bosta en arabe) une guerre civile éclata au Liban et dura dix-sept ans. Aujourd'hui, ce véhicule est un véritable symbole de renouveau et devient l'emblème du film grâce un magnifique travelling où en arrière plan, les ruines d'une école se dressent encore tandis que le bus (datant de 1943) est repeint par la troupe et donne au plan, un brin de poésie. Tout au long de ce voyage, de nombreux problèmes sont abordés comme la religion à travers un amour quasi impossible entre un musulman et une chrétienne, la relation difficile entre un père et un fils qui n'a pas réussi ses études à l'étranger, l'homosexualité avec la danse, et la place de la femme dans la société libanaise. Au fil du voyage, tous ces tabous se brisent.

Si on peut reprocher à quelques acteurs de surjouer, il est indéniable que l'ensemble du casting dégage une énergie captivante. Le réalisateur a choisi le ton de la comédie musicale qui avec ses couleurs et ses costumes, rappellera au public le cinéma Bollywood, très populaire dans le monde arabe mais sans pour autant verser le film dans l'effet « carte postale ». Avec un casting féminin et masculin de choix et de charme, Bosta pourrait bien faire naître de nouveaux adeptes du cinéma libanais. Véritable ode à la vie, il est enfin un message d'espoir où nous redécouvrons le Liban à travers ses différents peuples et ses couleurs et signe également un renouveau du cinéma local dont on espère les futures productions sauront en tirer parti.

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