Fringe : 5 épisodes incontournables de la série culte de J.J. Abrams

La Rédaction | 17 août 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 17 août 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Sept ans après la diffusion de son ultime épisode, Fringe est encore dans toutes les mémoires, et compte parmi les belles réussites télévisuelles en matière de science-fiction de ces dernières années. 

Alors auréolé du succès de Lost, devenu presque instantanément un phénomène culturel, J.J. Abrams bénéficie d’une grande bienveillance quand, accompagné d’Alex Kurtzman et Roberto Orci, il porte aux yeux du public ce projetSur le papier, avec son duo d’enquêteurs, ses expérimentations crados, ses êtres venus d’ailleurs, ses épisodes uniques riches de divers “monstres de la semaine”, la série évoque instantanément X-Files. 

Une parenté qui lui conférera une certaine visibilité, mais l’empêchera un temps de faire connaître sa singularité au grand public, que cette création toujours plus cruelle et complexe qu’elle n’en a l’air laisse un peu de côté. Sans jamais se transformer en championne des audiences, la production va générer un culte durable, grâce à quantité de trouvailles narratives. Et c’est pourquoi nous revenons aujourd’hui sur 5 épisodes cultes de la série. 

 

Photo Anna Torv, Joshua JacksonC'est parti !

 

L’OBSERVATEUR (saison 1, épisode 4) 

Après un double pilote entre science-fiction, horreur et thriller, difficile de savoir de quel côté pencherait ce récit détonnant. Plus encore que ses spectaculaires premières heures, c’est ce quatrième chapitre qui fait office de note d’intention. Pour la première fois, l’intrigue dévoile ce qui deviendra un de ses atouts majeurs : l’étrangeté. Et si le scénario prendra un peu trop son temps avant de donner de la chair à l’univers des Observateurs, leur première incursion dans le récit constitue un des plus grands moments du show. 

Donner au spectateur énormément d’éléments sans véritablement griller aucune cartouche narrative constitue un pari aussi risqué que potentiellement gagnant et l’épisode en témoigne avec brio. Alors que nos héros découvrent l’existence d’étranges “observateurs”, chauves, élégants, et amateurs de nourriture épicée, toujours présents aux environs de diverses catastrophes, leurs tentatives d’interagir avec eux met en lumière divers thèmes qui seront exploités plus tard. 

Voyages temporels, existence de multiples dimensions, les possibilités sont infinies, et déjà, nous comprenons que toutes vont s’articuler autour d’un certain professeur Bishop, qui s’avérera beaucoup plus qu’un sympathique savant fou amateur de LSD. Enfin, au-delà de ses percées thématiques, ce chapitre nous donne à voir quelques-uns des premiers grands et beaux moments de complicité entre Peter et Olivia, qui deviendront progressivement le cœur palpitant du récit. 

 

photoBruce Willis en plein effort

 

LA CROISÉE DES MONDES (saison 1 épisode 20) 

Après une entrée en matière redoutablement efficace, Fringe a failli perdre les spectateurs. Composée essentiellement de chapitres autonomes, la saison ne manquait ni de charme, ni d’inventivité, et proposait dès cette entrée en matière des personnages tantôt forts, tantôt attachants, toujours impeccablement écrits et caractérisés, confrontés à moult bizarreries et monstruosités. 

Et si un embryon de mythologie se dessinait semaine après semaine, l’univers était alors très loin de dévoiler son potentiel et inquiétait déjà les déçus de Lost, craignant une narration à rallonge, dopée à coups de concepts vaseux, jamais fouillés. Jusqu’au season finale qui fit plonger le récit dans une nouvelle dimension, dans tous les sens du terme. 

On imaginait que le méchant David Robert Jones deviendrait un antagoniste classique, mais les scénaristes nous surprennent en mettant fin à ses plans, comme si un des rares fils rouges de la saison n’avait été qu’une diversion. Pas tout à fait, puisque la mort du personnage interprété par Jared Harris est l’occasion d’une belle scène gorasse, comme l’affectionnera régulièrement Fringe, mais surtout parce qu’elle donne l’occasion au show de dévoiler son véritable jeu. 

Jusqu’alors toile de fond techno-complot assez banale, l’entreprise de William Bell dévoile une partie de son vrai visage, qui a les traits de Leonard Nimoy, et se paie le luxe d’un cliffhanger hallucinant. Au détour du dernier plan de l’épisode, nous comprenons qu’Olivia a été téléportée dans une autre dimension. Et pour ajouter au coup de boule conceptuel, cette ultime image dévoile un World Trade Center intact, comme pour mieux nous prévenir que les scénaristes comptent jouer avec nos cerveaux et les symboles qui les peuplent. 

 

photoLeonard Nimoy, légende de Star Trek et parrain de Fringe

 

PETER (saison 2, épisode 16) 

Fringe a souvent brillé par ses concepts malins et son bestiaire accrocheur, livrant des chapitres aussi excitants que parfois franchement cradingues. Un équilibre fort appréciable, que les spectateurs désespéraient de retrouver depuis les heures de gloire d’X-Files. Mais en développant sa mythologie et son intrigue, le show a dévoilé une facette plus inattendue et un domaine dans lequel l’élève a dépassé le maître : celui de la pure émotion. 

Imaginer une intrigue qui réunisse tous les protagonistes et leur offre un arrière-plan émotionnel digne de ce nom, voilà une figure de style casse-gueule tant elle peut devenir artificielle, mais avec sa narration axée autour de l’idée de mondes parallèles, des possibilités qu’ils offrent et de leurs conséquences, le show initié par J.J. Abrams a offert à ses protagonistes un destin tragique et bouleversant, capable de s’articuler aussi bien sur des ressorts intimes que des concepts de SF. 

 

photoUn Noël bien pourri

 

La preuve avec cet épisode au cours duquel ce que le spectateur soupçonnait est révélé : le Peter que nous connaissons n’est pas le fils de Walter, mais son avatar, kidnappé dans une autre dimension après la mort de l’original. Une idée simple, mais qui saisit ici par la perfection de son exécution. Alors que nous découvrons Walter avant son accident vasculaire, en pleine possession de ses moyens, ravagé par un deuil impossible, le scénario développe une de ses plus belles idées. 

Alors que le génial scientifique pénètre dans une autre dimension par effraction, pour enlever à son double son propre enfant, nous assistons simultanément au point de bascule qui altère son humanité et la révèle, tout comme nous découvrons ce qui fonde la défiance entre le père et le fils. Beau paradoxe que la série exploitera dès lors avec intelligence, cet élément narratif permet à la figure du sympathique savant fou de prendre une épaisseur nécessaire et émouvante.  

Ainsi, la confrontation entre Walter et l’avatar de sa femme, alors qu’il s’apprête à lui dérober ce qui est le plus cher à son cœur, est écrite et mise en scène avec une précision et une humanité très impressionnantes. Fringe aura toujours été un excellent divertissement de science-fiction, mais ses plus éclatantes réussites auront souvent sidéré par leur intelligence émotionnelle. 

 

photoElle va être sympa la prochaine réunion de famille

 

IL ÉTAIT UNE FOIS (Saison 2, épisode 20) 

Dans une série habituée à jongler chaque semaine entre idées vertigineuses et concepts velus, réussir à proposer un épisode “concept” est en soi une prise de tête. Et quand on découvre le programme, la mission, que les producteurs se sont fixés, on croit d’abord à un canular, tant que le défi apparaît complexe et absurde. Alors que l’esprit de Walter menace de tout à fait s’écrouler, ce dernier, complètement cramé du bulbe par un de ses cocktails stupéfiants, narre un conte à Ella. 

Ce dernier prend la forme d’un faux film noir aux accents de comédie musicale, narrant la rencontre et l’amour naissant entre ses futurs parents. Techniquement, l’intrigue est donc une parenthèse mentale sans véritable incidence sur ce qui suit ou précède, les enjeux sont pour le moins virtuels, tandis que la caméra fait son possible pour marier ritournelles musicales, film noir, hommage au romancier Raymond Chandler et hard SF. La recette de la catastrophe semble totale, et la série trouve pourtant dans cette alliance improbable un de ses plus beaux moments de grâce. 

 

photoFringe, à l'ancienne

 

Non seulement ce chapitre arrive à point nommé, tandis que la saison 2 atteint son apogée dramatique, alors que quantité d’arcs narratifs plus graves les uns que les autres sont sur le point d’entrer en fusion, mais l’ensemble tient miraculeusement la route. Le jeu très classique dAnna Torv, l’interprétation faussement lisse de Joshua Jackson, s’accordent merveilleusement à des hommages un peu rigides, ou à des univers aux codes très marqués et ils se glissent idéalement dans la peau de leurs personnages alternatifs. 

Enfin, la volonté de ce segment d’offrir à ses protagonistes quelques moments de réconfort et d’humanité tranche avec le versant pris par la narration, et arrive à point nommé, comme pour mieux nous rappeler que les auteurs de l’ensemble ont su plus d’une fois utiliser le tempo de la série comme un outil narratif et émotionnel à part entière. 

 

photoOlivia, l'atout majeur de la série

 

AU DÉTAIL PRES (saison 3, épisode 3) 

Avoir de bonnes idées c’est bien, trouver comment les agencer pour qu’elles impressionnent le public et génèrent un récit organique, voilà déjà une épreuve beaucoup plus relevée... que ce chapitre relève avec brio. Son idée de départ, à savoir la traque impossible d’un assassin que ses capacités de calcul autorisent à quasiment prédire l’avenir, contient de belles promesses, que l’épisode s’efforce de tenir. 

Mais surtout loin d’en rester au “problème de la semaine”, l’idée s’insère intelligemment dans les conflits et enjeux des personnages, jusqu’à esquiver malicieusement son obstacle initial. En effet, au-delà des jeux thématiques et scénaristiques autorisés par ce puissant antagoniste, c’est le challenge auquel fait face Olivia qui s’avère épineux. Comment faire en sorte qu’elle déjoue ce dispositif qui fait d’elle un simple pion face à un adversaire en mesure d’appréhender le moindre de ses gestes ? 

 

photoUn adversaire redoutable

 

En utilisant ce qui deviendra une des principales intrigues de la saison à venir, à savoir le fait qu’Olivia se trouve désormais immergée dans un monde qui n’est pas le sien et dont elle ne peut connaître tous les us et coutumes, le scénario est aussi créatif que cohérent et donne un point de départ idéal au personnage pour engendrer la remise en question qui aboutira aux moments les plus forts de la saison. 

Enfin, Fringe n’a jamais été une œuvre misant tout sur son identité visuelle, cette dernière devant s’accommoder du cahier des charges de la Fox, extrêmement grand public et peu désireuse de prendre trop de risques. Néanmoins, comme plusieurs autres chapitres, Au Détail Près est confié à la caméra de l’excellent Brad Anderson, réalisateur notamment de The Machinist et Session 9, soit un artisan accompli doublé d’un excellent technicien, capable de créer une atmosphère en une poignée d’images. 

Il le fait dans cet épisode, tout en faisant preuve d’une remarquable acuité. Difficile de rendre lisible et claire une action muette (notre méchant de la semaine ne dialogue pas quand il appréhende les minutes à venir et échafaude ses plans diaboliques), complexe (les chaînes de cause à effet qu’il établit nécessitent une bonne gestion de l’espace et un grand effort de dramaturgie) et menée tambour battant. Mais le cinéaste s’en sort admirablement, et met en scène un des épisodes les plus ludiques et maîtrisés des cinq saisons qui composent la série. 

Au cours de ses 5 saisons, Fringe aura proposé quantité de segments passionnants, surprenants et invraisemblablement aboutis. Tous ne peuvent évidemment figurer dans ce dossier, où nous avons préféré opter pour les épisodes qui nous ont initialement le plus impressionnés, plutôt que de chercher à tout prix à être représentatif de chaque saison. En espérant que ces quelques lignes vous auront donné envie de redécouvrir la série ! 

 

photoOn va Fringer !

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commentaires
Kyle Reese
03/09/2020 à 10:08

J’en suis à la deuxième saison épisode 16. Sacré épisode qui confirme magnifiquement ce qu’on Avait deviné avec les indices.
En effet l’élève Fringe a dépassé le maître x-files. J’aime bcq surtout la trame principale, cette mythologie est géniale. Et comment ne pas tomber sous le charme d’Anna Torv qui joue vraiment très bien ainsi que l’incroyable John Noble en professeur A la fois effrayant et attachant.

Merci pour cette découverte.

Dido
20/08/2020 à 12:23

Intéressant de voir les "jeunes" découvrir cette formidable série injustement boudée à l'époque. Casting génial, J. Noble et A. Torv surtout dans bien plus que 2 personnages... Elle est à voir dans "mindhunter" et "secret city".

Ozymandias
19/08/2020 à 13:57

Excellente série oui. En ce moment je regarde "Evil", qui me rappelle un peu "Fringe" sur certains aspects. J'accroche bien aussi !

MdeM
19/08/2020 à 12:28

@troudku @kouak @Kyle Reese @BadTaste Je confirme, excellente série que j'ai moi aussi découvert tardivement et que je suis en train de voir/revoir sur Amazon Prime (auquel j'ai souscrit juste pour ça, c'est dire !). J'avoue qu'il m'a fallu m'accrocher un peu en début de saison 1 mais à l'épisode 10 j'étais fan ! J'adore les "œufs de pâques" parsemés dans chaque épisode et que personnellement je ne découvre bien souvent qu'au 2eme visonnage !

alulu
18/08/2020 à 21:27

Au sujet de l'épisode et de son anniversaire, heureusement que ses collègues étaient là pour nous rappeler qu'elle couvait quelque chose. Sûrement, cette colère intériorisée tellement féminine. John Noble sur la même séquence peut passer du touchant à l'énervement d'un claquement de doigt. Et pas besoin de connaître l'anglais ou je ne sais quoi pour ça. La séquence ou le duo enquête dans un bar est un peu là pour confirmer le truc. Après chacun va de sa préférence mais moi je ne l'a trouve pas extraordinaire comme actrice.

Numberz
18/08/2020 à 18:29

@sylvinception

Tu es allé plus loin que le pilote ?

@drachiam

Completement d'accord avec toi. Encore plus après avoir vu Mindhunter. Même si son personnage dans la saison 2 méritait meilleur traitement

sylvinception
18/08/2020 à 15:42

*c'en est pas une
(sorry)

sylvinception
18/08/2020 à 15:42

"J’ai cru à une sorte de copie de x-files"

Ah bon c'est est pas une, de copie ?? Première nouvelle!!
Bref, Abrams fait ce qu'il a toujours su faire le mieux, à savoir pomper les idées des autres pour les assaisonner à sa sauce, rien de bien nouveau.

Kyle Reese
18/08/2020 à 15:27

@ Zeorymer

“ série complexe qui débute sur des faux airs de X-Files. Ce qui aura peut être découragé des spectateurs de s'accrocher”

C’est exactement ce qui s’est passé pour moi. J’ai cru à une sorte de copie de x-files et j’avais déjà donné.

Bon, du coup entre ton msg et celui de Badtaste je crois que je n’ai plus trop le choix.
Je vais devoir binger Fringe. ;)

Drachiam
18/08/2020 à 13:37

@alulu

Pas du tout d'accord, Anna Torv est très douée, rien du tout de gênant dans son jeu, j'en veux pour preuvepar exemple les deux facettes qu'elle incarne d'Olivia Dunham dans les deux univers.

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