Test Stellar Blade : oubliez les polémiques débiles, le jeu est absolument grandiose

Léo Martin | 8 mai 2024
Léo Martin | 8 mai 2024

Depuis sa sortie, Stellar Blade a beaucoup été commenté sur son aspect le moins intéressant. Le jeu sud-coréen a en effet causé grand bruit sur internet du fait de la sexualisation son héroïne, Eve, qui était certes mise en avant par la publicité. Shift Up, le studio derrière Stellar Blade, a réussi son coup promo, mais au prix de nombreuses polémiques qui ont presque fait oublier l'essentiel : le jeu lui-même (premier triple A du studio !) et ses prometteuses inspirations. Et c'est dommage parce que Stellar Blade s'est révélé être une excellente surprise, et l'une des exclusivités PlayStation 5 les plus grandioses de 2024. 

Un joyau de la PS5

Stellar Blade a le bon goût de nous plonger dans son univers in medias res pour en mettre plein les yeux dès les premières minutes. Plutôt que de tomber dans le piège d’une grosse introduction, à base de longues cinématiques bavardes, et de nous présenter son univers, Shift Up laisse parler les images et la mécanique du jeu. Et très vite, on comprend l’ambition de Stellar Blade. 

L’objectif est de nous faire une démonstration de force technique (c’est souvent le cas avec les exclusivités PS5) et il faut admettre que celle-ci est très réussie. Visuellement, Stellar Blade est sublime, n’ayons pas peur des mots. Durant les premières heures de jeu, on a vite été fasciné par sa beauté formelle, ses qualités technologiques et le bon goût de sa direction artistique – qui contraste avec le code vestimentaire d’Ève, mais on y reviendra.

 

Stellar Blade : photoLe débarquement sur Terre a du panache

 

Tout au long de l’histoire, Stellar Blade renouvelle ses environnements, et toujours avec un grand sens de la composition des images et de la lumière, ainsi qu’une extrême cohérence dans la présentation des éléments naturels à l’écran. En particulier, la nature tangible de l’eau ou les effets météorologiques sont saisissants.

À l’inverse de bien des mondes ouverts et semi-ouverts que l’on a tendance à parcourir dans les triples A récents (en particulier ceux de J-RPG), celui-ci paraît absolument concret. La seule ombre au tableau étant quelques murs invisibles et des obstacles dans le décor assez pénibles. Mais au-delà de ça, la PS5 a rarement émulé un univers post-apocalyptique aussi dynamique et sensoriel que celui de Stellar Blade

 

Stellar Blade : photoLa prochaine étape : sentir les rayons du soleil à travers la manette

 

la réussite dual sense PS5

En parlant de cet aspect sensoriel, l’utilisation de la fonction Dual Sense de la manette de la PS5 est également impressionnante dans sa précision. Ainsi, la sensation des gouttes de pluie heurtant la paume de la main lorsque Eve marche à travers la bruine emporte dès les premières heures de Stellar Blade. Un outil d’immersion cent fois plus subtil que de la 4DX dans un cinéma par exemple, mais tellement plus saisissant. 

Et quand la subtilité de cette technologie est mise en service du cœur du jeu, c’est-à-dire les combats, les émotions sont décuplées. En mêlant sa grande précision technique et sensorielle à son incroyable gameplay, Stellar Blade fait un sans-faute niveau action. D’autant qu’il s’inspire des meilleurs. 

 

Stellar Blade : photoÈve contre Goliath

 

Stellar baston 

Il est facile de lister tous les modèles de Shift Up dans le développement de son triple A (Nier : Automata, Final Fantasy, Sekiro, Devil May Cry, etc). Ces références sont plus qu’assumées, mais elles n’anéantissent jamais l’identité propre du jeu sud-coréen, qui se veut très dense et polyvalent. Stellar Blade propose ainsi au joueur des affrontements qui sont exigeants (parfois proches des jeux From Software au niveau de la difficulté), mais qui peuvent être abordés avec diverses approches.

Ainsi, les combats, bien qu’ardus, sont terriblement accessibles grâce à un gameplay suffisamment flexible pour correspondre à divers styles de jeu. Et chaque approche reste grisante et très bien amenée dans les mécaniques. Sans compter que tout au long de la campagne, celles-ci ne cessent de se renouveler et de s’enrichir pour ne pas lasser. 

 

Stellar Blade : photoLes animations de combat et les effets pyrotechniques des coups sont jouissifs

 

Côté baston, on en a pour tous les goûts. Que ce soit un gameplay hyper nerveux et pyrotechnique à la Devil May Cry ou des mécaniques basées sur la parade et le sens du rythme du joueur à la Sekiro chacun trouvera chaussure à son pied. Même pour les amateurs de TPS, Stellar Blade s’offre des mécaniques de tir plutôt chouettes, qu’il met d’ailleurs à profit dans de surprenantes séquences hommages à Dead Space.

Les ennemis représentent tous un danger mortel qui force le joueur à s'adapter. C’est là où Stellar Blade ressemble le plus à un Souls-like, et c’est tant mieux puisque c’est de cette façon que la maîtrise de son gameplay est la plus gratifiante. On sort triomphant de n’importe quel petit combat et bien évidemment, les duels contre les boss sont des moments de grâce. Même si l’on n’atteint jamais les sommets d’un Elden Ring sur ce terrain, c’est déjà du haut niveau pour un premier triple A du genre. 

 

Final Fantasy XVI : photoCôté réalisation, Stellar Blade n’égale pas non plus un FF16

 

Le problème Ève du futur 

En somme, les enjeux majeurs de Stellar Blade étaient de briller en tant que jeu d’action héritier des Souls et de faire une superbe démo technique pour la console de Sony. Et dans les deux cas, on est conquis. C’est un pur plaisir et si tous les triples A de l’industrie partageaient la même ambition qu’un Stellar Blade, on serait diablement heureux.

Mais quid du reste ? Le scénario, les personnages, les quêtes secondaires... tout ça. Sur tous ces points, on va être un poil plus mesuré. Car en dépit de notre engouement, il est certain que Stellar Blade n’est pas parfait. Surtout pour ce qui est de son écriture et de son traitement des personnages. Et d’ailleurs, autant vous le dire clairement : si vous espériez que la sexualisation d’Ève ait une quelconque raison d’être dans le scénario du jeu, c’est un grand non. C’est totalement gratuit. 

 

Stellar Blade : photoÈve n’est pas seule à être sous-écrite

 

Le physique d’Ève (elle n’est même pas la plus mal lotie dans le jeu) est traité comme un gadget esthétique, et fait malheureusement tache dans ce monde ravagé. Et le souci n’est pas que là. Eve a beau être iconisée comme une combattante d’élite impressionnante et pleine de ressources, elle manque cruellement de personnalité. Elle n’a pas le charisme d’une femme fatale à la Bayonetta, ce qui aurait justifié un peu son sex appeal, ou la force de caractère d’une Lara Croft. À la place, Ève est davantage une pin-up guerrière ; parfois badass, mais souvent creuse.

Ce sentiment d’avoir juste fait de son héroïne une vitrine pour le jeu, alors qu'elle a un vrai potentiel à certains moments, se fait encore plus sentir de par la pléthore de tenues affriolantes que le jeu nous fait débloquer – certaines étant vraiment abusées, même si au moins, aucun de ces contenus n’est payant, ce qu’il faut noter. Eve manque donc d’un brin d’âme et l’impact émotionnel sur le scénario du jeu s’en retrouve amoindri. 

 

Stellar Blade : photoCe personnage, et la ville qui tourne autour de lui, restera toutefois assez intrigant

 

l'Ève du futur

De toute façon, l’histoire de Stellar Blade est assez générique et prévisible. Elle est efficace, mais elle sert en réalité de prétexte à la mise en scène épique et l’action frénétique. Shift Up n’a semble-t-il pas souhaité miser sur une écriture complexe, dans le style d’un Nier : Automata, qui est pourtant l’une de ses références.

Le studio s’est focalisé sur une expérience mécanique, qui transporte une émotion certes, mais moins par le scénario que par le game design et une atmosphère globale. Grâce à son level design plaisant, Stellar Blade donne au joueur l’envie d’explorer son univers, même en dehors de l’intrigue principale. Ce qui n’est pas rien.

 

Stellar Blade : photoEve : un personnage presque attachant, mais qui manque encore un peu d’âme

 

Les quêtes secondaires sont assez nombreuses et souvent gratifiantes (certaines font appel à notre ingéniosité et permettent d’élucider des mystères ou d’approfondir les zones qu’on a déjà explorées). La mythologie de Stellar Blade imprègne le corps du jeu en entier, et son scénario ne lui sert que de colonne. 

Et c’est en particulier à la musique – c’est sur ce point positif que l’on va conclure – que Stellar Blade doit une très grande partie de son charme et de son identité. Cette bande originale exceptionnelle apporte une mélancolie sincère et ravissante au jeu de Shift Up, et pourrait devenir une nouvelle obsession à la hauteur de la musique de Persona 5. Un tour de force. 

 

Test réalisé sur PS5. Stellar Blade est disponible sur PS5 depuis le 26 avril.

 

Stellar Blade : photo

Résumé

Pour un premier triple A, Stellar Blade est exemplaire. Shift Up semble être un élève prodige qui a puisé avec génie dans ses différents modèles pour créer une œuvre résolument neuve. Si l'écriture de Stellar Blade n'était pas aussi superficielle, le studio nous offrait peut-être là un prétendant au titre de jeu de l'année. 

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commentaires
KARAFACTORY
12/05/2024 à 10:12

Concernant la politique du boulard de l’héroïne, franchement ceux qui critiquent ne sont pas franchement des joueurs, même occasionnels. Que l'on se concentre sur l'esthétique d'une héroïne lors d'un film, oui effectivement c'est tout à fait crédible. Mais par contre dans un jeu vidéo, quand on doit se concentrer sur les ennemis, les touches, l’environnement, bref gérer plein de trucs en même temps, franchement le cul de l'héroïne, on s'en fout complètement au bout de quelques minutes.

Pierre 42
10/05/2024 à 22:30

@Marc
De toute évidence t'as pas fait le jeux...

Car a aucun moment il cherche a remplacer Nier, il y a quelques similitudes mais sa s'arrête là, on bien plus proche au final qu'un Sekiro avec ses parade parfaite et la nécessité d'apprendre les boss, qu'un Nier automota qui ne propose aucun vrai challenge (a l'exception d'Emile et du dlc)

Axia
10/05/2024 à 21:39

Un très bon triple A, bien loin des épaves qui s'empilent mois après mois.

Pour son premier gros jeu sur console, on peut dire que ShiftUp a réalisé un baptême du feu sans accroc, technique soignée, optimisation aux petits oignons, système de combat complexe et fluide, caméra intelligente, temps de chargement rapide, bref, l'expérience sur le jeu est vraiment agréable.

Pour ce qui est du reste je suis plutôt d'accord avec Ecranlarge, on sens que c'est le premier jeu de ShiftUp, les personnages principaux manque un peu de temps pour se développer, sans doute habitué au format des story que l'on retrouve sur tous les jeu portable comme NIKKE, qui raconte les histoires des différents protagonistes aux travers de journaux et recueil de données que l'on lit tout simplement.

Pour ce qui est de l'histoire, je pense qu'elle est satisfaisante, sans être subversive, elle remplit sa fonction d'introduire un monde et ses enjeux de manière parfaitement claire et compréhensible. L'appréciation finale reste au demeurant à la diligence de chacun, pour ma part elle m'a convaincue.

Et pour en finir, on va un peu parler des ignares et des hypocrites qui critique le jeu sur la base d'une démo ou de 20min de jeu (paye ta crédibilité), ou qui on ce réflexe maladif de toujours comparer à Bayonetta ou Nier Automata (j'espère qu'ils y ont joué plus que 20min...).
Hyung-Tae Kim a précisé qu'il s'était inspiré de plusieurs jeu pour Stellar Blade, que ce soit pour l'univers, les combats ou la DA. On sait également que c'est un grand fan de Nier Automata et plus particulièrement de Yoko Taro,

Il a également précisé en interview qu'il avait voulu rendre Eve attractive car il aime ce qui est beau, comme Yoko Taro en son temps avait justifié l'apparence de 2B par ses gouts personnels, rien de plus, rien de moins.
En aucun cas les 2 hommes n'ont cherché a faire en sorte que leurs héroïnes se fondent dans le décor de l'univers qu'ils ont construit.
Le fait qu'au contraire elles détonnent au milieu de ces décors post apo les rendent encore plus singulière.
Autre temps, autre mœurs. Si Nier Automata ou Bayonetta étaient sortis en Avril 2024, ils auraient souffert des mêmes polémiques stupide qui gangrènent le monde du jeu vidéo depuis plusieurs années. L'hypocrisie à ses limites.

J'ai remarqué que la plupart des critiques positives sur le jeu se concentre sur l'aspect technique et sur le feeling des combats, et qu'à l'inverse, chez les détracteurs, on a tendance à faire une fixette sur le physique...
Du coup je sais plus trop qui sont les vrai obsédés (dans tous les sens du terme) dans l'histoire.

Le jeu vidéo est un medium artistique, au cas ou les twittos l'auraient oublié, et introduire de la politique et des polémiques ne va que brider la créativité et forcer les développeurs à se conformer à des standards afin de limiter les risques.

Pavé César

Miraken
10/05/2024 à 19:17

Excellent jeu d'action avec un setting intéressant. Il est supérieur à Nier Automata au niveau gameplay mais n'a pas du tout la profondeur narrative du chef d'œuvre de Yoko Taro... après c'est clairement pas sur l'histoire que je l'attendais même si elle est plaisante.

Tom33
10/05/2024 à 13:58

Le jeu est excellent.

Marc
10/05/2024 à 05:28

Ce jeu ne propose absolument rien d'original, aucun intérêt par rapport à Nier.
Ces avis complètement surfaits c'est à se demander si vous ne réagissez pas en réaction des polémiques.
Il y a Hadès II avec des personnages bien sexualisés mais qui ne fait pas polémique probablement parce que c'est amené de façon plus organique et moins otaku

DjFab
09/05/2024 à 13:58

C'est très drôle ceux qui critiquent négativement et arrivent à écrire un pavé à partir de 20 minute de démo ! Je suis en train de faire le jeu, j'en suis à 18H, et c'est effectivement excellent, l'envie de jouer est là !

Dod
09/05/2024 à 10:06

Les derniers Boss du jeu sont énormes, c'est jubilatoire.
On est loin de reste du jeu plutôt tranquille avec de l'exploration.

Je trouve Eve plutôt attachante, son côté lisse est volontaire.
Pour moi ce n'est pas un défaut, ça fait partie du personnage.

eric2
09/05/2024 à 08:24

Oubliez les polémiques débiles... Je suis bien d'accord... Mais le jeu est grandiose ?? Très très moyen un sous sous nier automata...

Dis
08/05/2024 à 21:26

20 minutes sur la démo, le résultat est nâvrant. Un écho permanent à ses modèles, mais en moins bien (et donc, le même problème que FFXVI), Nier Automata en tête avec son héroïne fade et ultra stylisée qui jamais n'égale la sensualité sobre et froide d'une 2B, surtout quand ses dix premières minutes sont une espèce de guimauve comportementale classique au possible.

Le gamelay est une resucée de Sekiro avec encore moins de dynamisme. Les mouvements - notamment d'esquive - sont molassons et le timing est crucial (donc, pour tous les allergiques de FromSoftware, passez votre chemin), donc chiant.

La direction artistique est on ne peut plus commune. C'est beau, oui. Mais horriblement commun.

Le seul espoir est que le jeu s'améliore drastiquement sur tous ces points dans les heures qui suivent, mais me concernant, c'est intérêt zéro. Je préfère refaire mille fois un Nier Automata que me plonger dans ce jeu peu inspiré au design aseptisé et outrageusement sexualisé sans raison aucune. D'autant que la com' a été entièrement axée sur le postérieur d'Eve (mais ce nom quoi... au secours).

Après, je souhaite un grand kiff à tous ceux qui y jouent avec plaisir (où se touchent devant). Mais sachez que si vous découvrez ce genre de jeu ou d'univers et que ça vous plaît, tout a déjà été fait en mieux ailleurs.

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