Mort de Christopher Lee : de Dracula à Saroumane, retour sur une carrière mythique

Jacques-Henry Poucave | 11 juin 2015
Jacques-Henry Poucave | 11 juin 2015

Christopher Lee est mort le 7 juin. Alors que l’émotion s’empare de tous les cinéphiles qui ont grandi avec lui, l’heure est revenue de vous proposer un bref retour sur une carrière pléthorique.

Car si nous gardons tous en mémoire l’image d’un Comte Dracula assoiffé de sang, ou pour les plus jeunes celle d’un sorcier à l’interminable barbe, Christopher Lee participa à plus de 225 films, autant de propositions et de nuances détonnantes.

Plus important, on aurait tort de réduire l’artiste à ses seules incursions fantastiques, tant il sut varier les rôles et les approches devenant une véritable icône de la culture populaire, à la fois accessible et exigeante.

 

 

Dracula

Sans aucun doute possible LE rôle qui aura fait la légende de Christopher Lee. Loin des incarnations fantômatiques de l’expressionisme allemand, il rend au vampire la symbolique que lui a conféré Bram Stoker.

Avec Lee, le fameux Comte recouvre sa dimension prédatrice et sexuelle. C’est un mâle diabolique en quête de chair et de sang, un félin fascinant qui séduit le spectateur au moins autant qu’il le terrorise.

 

Frankenstein s’est échappé

Incroyable réunion de talent, le film rassemble Peter Cushing, Terence Fisher et bien sûr Christopher Lee. Si on a tendance à ne se remémorer que Boris Karloff, Lee compose ici une créature bien différente. Moins massive, plus réaliste et sensible. Énorme succès, le film constituera une étape fondamentale dans la création d’une certaine cinéphilie fantastique.

 

Le Chien des Baskerville

L’occasion pour l’artiste de se frotter à un classique de la littérature britannique et de convaincre les derniers sceptiques qu’il est aussi polyvalent que magnétique. Aritstocratique et redoutable, il vole littéralement la vedette à Sherlock Holmes, qui fait bien pâle figure à côté de lui.

 

The Wicker Man

Film inclassable, curieux, inquiétant et venimeux, The Wicker Man doit beaucoup à la folie qu’y injecte l’acteur. Christopher Lee nous prouve ici que tout symbole de l’horreur à l’ancienne qu’il soit, son jeu se conjugue merveilleusement avec des œuvres plus ambiguës.

 

Le Corps et le Fouet

Mario Bava atteint ici un sommet de sa carrière. Histoire de perversion, romance sadique par excellence, cette création sensuelle marque une réussite exceptionnelle dans la carrière de son auteur. Choix des couleurs, découpage et direction d’acteur sont remarquables, en particulier la performance de Lee, inoubliable lors d’une séquence spectrale où il revient d’outre-tombe, nimbé d’une lumière bleutée hallucinogène.

 

Fu Manchu

Christopher Lee fut Fu Manchu pas moins de cinq fois. Rôle étonnant, curieux, qui marqua nombre de metteurs en scène et d’amateurs de curiosités filmiques, on y retrouve de nombreux hommages disséminés ici et là. Vous vous demandiez pourquoi donc Rob Zombie avait tenu à faire apparaître un Nicolas Cage grimé en Fu Manchu dans le faux trailer de Werewolf Women of the S.S. ? Vous avez la réponse.

 

L’Homme au Pistolet d’Or

Aussi raté et kitsch que soit le film, il ne vaut guère que pour Christopher Lee. Méchant imperturbable, aristocratique et classieux, il impose une atmosphère hors du temps et décalée au film, à l’époque où la saga James Bond courait désespérément après les modes du moment.

Une prestation anachronique mais savoureuse.

 

 

Gremlins 2

L’auto-parodie est souvent le domaine de la blague goguenarde, mais ici, Christopher Lee nous offre un pastiche délicieux de ses grandes compositions. Manifestement amusé à l’idée de jouer des stéréotypes qu’il a contribué à créer et parfaitement maître de son image, le maestro se livre à un numéro d’une humilité et d’une exubérance délicieuses.

 

Prélogie Star Wars

S’il ne fallait sauver qu’une seule chose du naufrage de George Lucas, ce serait probablement le Comte Dooku. Unique personnage capable en un clignement de sourcil de réactiver tout un pan de mythologie, nous faire croire à la puissance du côté obscur, il maintenait à la moindre de ses apparitions l’illusion que derrière la catastrophe numérique, Star Wars survivait.

 

Le Seigneur des Anneaux

On sait Peter Jackson fin cinéphile. S’il n’est bien sûr pas le seul à avoir voulu convoquer la légende qui forma son imaginaire, il est probablement celui qui aura le mieux su combiner hommage et véritable proposition de cinéma. Christopher Lee donne une fois encore le meilleur de lui-même et offre un peu de son aura à un texte immense, qui ne pouvait trouver meilleure incarnation.

Tout savoir sur Christopher Lee

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