Sélection Steve McQueen chez Warner

Ilan Ferry | 29 avril 2006
Ilan Ferry | 29 avril 2006

Warner sort enfin à l'unité 4 des 6 films qui constituaient le coffret Steve McQueen qui avait vu le jour en novembre dernier (en attendant les éditions spéciales de La Tour infernale et Bullitt déjà disponibles en zone 1). L'occasion donc de redécouvrir quatre œuvres essentielles dans la filmographie de cet acteur mythique, du culte Guet-apens au légendaire Tom Horn, qui marqua sa dernière apparition, en passant par La proie des vautours qui le révéla aux cotés de Charles Bronson jusqu'au célèbre Kid de Cincinnati. Un belle brochette de films puisée au sein de l'inestimable catalogue de l'éditeur.

La proie des vautours (1959)
Un film de John Sturges
Avec Frank Sinatra, Steve McQueen, Charles Bronson, Richard Johnson et Gina Lollobrigida

Réalisé entre Le Dernier train de Gun Hill (1959) et Les sept mercenaires (1960) par John Sturges, La proie des vautours présente le crooner-acteur, Frank Sinatra, au commande d'un groupe d'agents de l'OSS, au début de la seconde guerre mondiale entraînant les guerriers kachins à combattre l'envahisseur japonais dans la jungle birmane. Alors que le nom de Steve McQueen commence à se faire connaître avec la série TV Au nom de la loi, l'acteur trouve ici un rôle à la mesure de son charisme grandissant. Remplaçant au pied levé Sammy Davis Jr., Steve McQueen interprète Bill Ringa, jeune agent de l'OSS, qui prête main forte au capitaine Tom Reynolds (Sinatra) aux côtés d'un jeune Charles Bronson, et des anglais Richard Johnson et Peter Lawford. Porté par quelques scènes où il fait preuve de son talent, Steve McQueen interprète un personnage essentiel qui rappellera au brave capitaine Reynolds qu'enfreindre les règles pour faire ce qui semble juste, est parfois la meilleure solution. C'est d'ailleurs ce qui fait la force du film et ce qui le rend toujours d'actualité. Celui-ci posant en effet la question du bien fondé de la guerre, avec en point de mire la guerre de Corée qui vient de se terminer tout en annonçant déjà la catastrophe du Vietnam. Malheureusement cette réflexion certes sans surprises se trouve quelque peu « plombée » d'une romance qui n'a de raison d'être que pour sublimer la star du film. Une excentricité qui apporte néanmoins une touche glamour non négligeable puisque le personnage de Carla est interprété par la sensuelle Gina Lollobrigida. Si le DVD Warner permet de (re)découvrir La proie des vautours via un master restauré, celui-ci n'est pas exempte de quelques points blancs et propose par ailleurs des couleurs globalement ternes. La surprise vient au niveau sonore car si pour les langues française et italienne, le mono d'origine est de rigueur, la piste anglaise est, elle, offerte en Dolby Digital 5.1. Plus dynamique, elle permet de mieux mettre en avant la belle partition d'Hugo Friedhofer qui trouve ici toute son ampleur. Côté interactivité, seule la bande annonce du film est proposée…à regarder après avoir vu le film tant elle dévoile l'intrigue du film. (Note DVD : 6/10) FB

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Le kid de Cincinnati (1965)
Un film de Norman Jewison
Avec Steve McQueen, Edward G. Robinson, Karl Malden, Tuesday Weld, Ann-Margret

Réalisé de main de maître par Norman Jewison, Le kid de Cincinnati est au film de jeu de cartes ce que L'Arnaqueur (1961) de Robert Rossen est au film de billard. Steve McQueen est Éric dit « le Kid », jeune joueur en quête de nouveaux défis pour être Le plus grand joueur de poker au monde face au redoutable numéro un, Lancey Howard (majestueux Edward G. Robinson) alias « Le maître ». Jeu de mains et de regards, lorsque les cartes sont distribuées, le temps semble s'arrêter pour mieux bluffer son adversaire. Les regards se fusillent les uns les autres tel un duel de western. Rien de surprenant à cela tant le cadre du récit ressemble étrangement à celui d'un western classique (modèle du jeune cowboy voulant se créer une réputation de tireur rapide). Si la tension est intense lors des parties endiablées de poker, elle sait redescendre lors de séquences romantiques entre Eric et Christian, sa compagne (interprété par Tuesday Weld) et de séduction entre « Le Kid » et la féline Melba (magnifiquement campée par Ann-Margret). Véritable tournant de la carrière de Steve McQueen et de son auteur, Le kid de Cincinnati est aujourd'hui considéré comme un classique du genre. Cette nouvelle édition DVD de chez Warner permet un visionnage des plus agréable avec un master au transfert quasi somptueux si quelques points blancs n'étaient pas présents. La définition est tout de même accrue et c'est donc tout le travail des ombres et des lumières de Bill Lathrop qui en bénéficie. Côté son, les pistes française et italienne, mono d'origine, sont logées à la même enseigne (avec un léger souffle) tandis que la piste anglaise mono offre un peu plus de punch à l'ensemble (notamment sur la musique de Lalo Schifrin). À défaut de proposer un making of, nous retrouvons Norman Jewison via un commentaire audio des plus informatifs (remplacement de Sam Peckinpah ; rapport avec le producteur etc.) et ce malgré quelques pauses et l'absence de sous titres. Quelques scènes sont commentées par deux experts du poker et ont le mérite d'éclairer les anglophones étrangers au poker. Le reportage d'époque, restauré, montre les différents tours de cartes de l'expert, Jay Ose, qui ici entraîne l'actrice Joan Blondell, donneuse dans le film. Le tout est complété par la bande annonce d'époque, à découvrir après la vision du film. (Note DVD : 8/10) FB

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Guet-Apens (1972)
Un film de Sam Peckinpah
Avec Steve McQueen et Ali MacGraw

Plus de 30 ans après, le film de Peckinpah n'a rien perdu de sa puissance évocatrice et demeure un véritable modèle du genre. Comme à son habitude, le grand Sam transcende le genre pour mieux porter un regard personnel sur les relations humaines à travers des personnages emblématiques ne pouvant trouver la paix qu'au prix du sang. Un leitmotiv récurrent dans la filmographie du réalisateur qui trouve ici son point d'orgue via cette mise à l'épreuve d'un couple de braqueurs réuni dans l'adversité. Film-somme fonctionnant à des niveaux de lectures multiples, Guet-apens se démarque avant tout par l'intermédiaire de son couple vedette auquel Steve McQueen et Ali MacGraw insufflent force et charisme ainsi qu'un montage particulièrement bien travaillé et la superbe musique de Quincy Jones en totale adéquation avec l'univers de Peckinpah. Le DVD redonne des couleurs au film grâce à une image de toute beauté à mille lieux de celle de la première édition datant de 1998, le transfert est des plus réussi malgré quelques petits fourmillements. Déception cependant concernant le son puisque les pistes françaises et anglaises sont toujours en Dolby Digital1.0. En guise de bonus nous n'avons droit qu'à deux commentaires audio et une bande annonce. Si les commentaires du producteur Nick Redman et des auteurs Paul Seydor, Garner Simmons et David Weddle se révèlent intéressants malgré son côté scolaire, le cinéphile averti se penchera avant tout sur celui, « virtuel », de Sam Peckinpah, Ali Mac Graw et Steve McQueen : il s'agit en fait d'une compilation d'entretiens audio enregistrés en 1972 et montés sur les 10 premières minutes du film. Un supplément passionnant mais frustrant de par sa courte durée et son absence de sous-titres. Au final voici une édition qui se distingue avant tout par son traitement technique et non interactif. (Note DVD : 7/10) IF

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Tom Horn (1980)
Un film de William Wiard
Avec Steve McQueen et Linda Evans

« Un homme de l'ancien Ouest essayant de survivre dans le nouveau ». Cette simple phrase déclamée par Linda Evans à un Steve McQueen parfait en cow boy désabusé, définit à elle seule la trame de Tom Horn, western semi naturaliste ayant marqué la dernière apparition à l'écran de l'acteur. Basé sur l'histoire vraie de Tom Horn, véritable légende de l'Ouest aux prises avec son passé et un monde en pleine mutation, le film de William Wiard préfigure Impitoyable de Clint Eastwood avec qui il entretient la même réflexion sur la figure du mythe. Ainsi, le sort de Tom Horn fait étrangement écho à l'emprise de plus en plus grande du monde moderne sur l'Ouest sauvage au début du 20è siècle. Si le propos se voit maladroitement traduit par l'intermédiaire de flash back et de dialogues trop explicatifs malgré une structure scindant parfaitement western et film de procès, la magnifique interprétation de Steve McQueen en ancienne gloire de l'Ouest au regard mélancolique tour à tour ambigu et touchant, insuffle à l'ensemble une puissance insoupçonnée. Dès lors, Tom Horn sort des sentiers battus du western et sonne comme le chant du cygne de l'acteur qui restera à jamais dans nos mémoires le lieutenant Bullitt. Le DVD joue la carte du minimalisme : ainsi, nous avons droit à une image de bonne facture où les contrastes se voient bien définis faisant presque oublier les quelques griffures de pellicule qui parsèmesnt le flim. De même les pistes françaises et anglaises Dolby Digital 1.0, plutôt faiblardes, ne satisferont que les amateurs forcenés de mono. Enfin, au niveau des suppléments nous n'avons droit qu'à une maigre bande annonce. Un achat qui ne s'impose donc que pour les fans de l'acteur tant l'édition en elle-même relève de l'anecdotique. (Note DVD : 5/10) IF

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