Critique : Les Cerfs-volants de Kaboul
L'adaptation au cinéma d'un livre à succès n'est jamais chose aisée.
Comment rester fidèle aux mots avec des images ? Comment ne pas trahir
l'essence du propos, sans simplifier à l'extrême et ôter la substantifique
moëlle d'un livre ? De Harry Potter au Nom de la Rose, les exemples
abondent, allant du franc succès à la réussite plus mitigée.
Le cas
des Cerfs-volants de Kaboul occupe une place un peu particulière. Sorti à
l'automne 2004 sous la plume de Khaled Hosseini, ce premier roman est
devenu un best-seller en une poignée de semaines... Rien n'était pourtant
joué : l'histoire de deux garçons dans l'Afghanistan des années 70, puis
après l'invasion soviétique et l'arrivée des Talibans. En toile de fond, la
peinture d'un pays majestueux oublié des hommes ou synonyme de pays pauvre
en guerre. Pas de flon flon dans l'écriture, pas de fioriture, des mots tout en couleurs : un très grand ouvrage.
Marc Forster, à qui l'on
doit Neverland avec Johnny Depp et bientôt le nouveau Bond, s'est lancé bravement dans la mise
en images des Cerfs-volants de Kaboul. Un défi de taille si l'on considère
les différentes époques du livre, la situation de l'Afghanistan
d'aujourd'hui, et l'histoire elle-même. On dira donc que, à l'évidence, le
film s'en tire honorablement. Bien sûr, il n'a pas la force du livre,
survole plus qu'il n'explique et pourrait par moments être un brin
réducteur dans certains aspects plus documentaires du récit.
Mais les
enfants choisis pour interpréter Amid (Zekiria Ebrahimi) et Hassan (Ahmad Khan Mahmoodzada) brillent de naturel, l'image flamboie souvent. Le concours de cerfs-volants dans un Kaboul hivernal baigné de soleil est
sans doute l'une des plus belles scènes du film. Il manque parfois ce petit
plus qui prenait aux tripes dans le livre, bouleversait malgré soi, faisait
monter une sourde révolte et un sentiment amer
d'injustice.
L'histoire du tournage est presque plus passionnante que le
film lui-même, tourné dans l'ouest de la Chine. Les autorités afghanes ont interdit la diffusion du film, dont la sortie a été initialement retardée de six semaines afin de permettre de mettre à l'abri aux Emirats Arabes Unis les enfants acteurs et leurs familles.
Au final,
un film de facture correcte auquel le souffle de l'inspiration, de celle
qui transforme un film honnête en grande œuvre, fait défaut.
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