Critique : Paparazzi : Objectif chasse à l'homme

Jean-Baptiste Herment | 9 février 2008
Jean-Baptiste Herment | 9 février 2008

Plus dangereux que le terroriste : le paparazzo ! Pur produit destiné à venger les stars de leurs nemesis les plus envahissants, à savoir ces photographes sans scrupules–, cette production Mel Gibson est un de ces films réactionnaires comme Hollywood aime à en produire. À la vision de la article-details_c-trailers, on pouvait au moins espérer un polar bourrin et sans complexe dans le plus pur esprit de la Cannon. Ce n'est malheureusement pas le cas, Paparazzi visant apparemment les ménagères de moins de 50 ans et les républicains les plus endurcis. Le film refuse bêtement d'illustrer un thème passionnant et d'actualité (le droit au respect de la vie privée des célébrités) pour ne délivrer qu'un vigilante movie de plus qui n'a même pas les couilles de s'assumer. Le film a beau faire mine d'ouvrir le débat, le simplisme de son traitement ne permet qu'une seule conclusion : les stars sont des chics types poussés à bout et les photographes, des crapules de la pire espèce. Bonjour le sens des réalités !

Avec la finesse d'un éléphant, le film dresse donc un portrait complaisant du monde hollywoodien en opposition à celui plus que caricatural –des paparazzi. Tous les clichés répondent à l'appel : du jeune héros débarqué de sa province natale en passant par l'épouse docile et victime, sans oublier le flic tenace mais sympa. Au lieu de traiter son sujet et de confronter deux mondes forcément indissociables quelles que soient leurs différences, le film préfère nous la jouer vierge effarouchée. Il faut voir comment ses créateurs usent des pires moyens pour justifier les actes plus que limites de son héros, décrits ici comme une réponse normale aux agissements des bad guys. Le reste est à l'avenant : les acteurs en font des mega-tonnes (Tom Sizemore en tête), et le script fonce tête baissée dans les clichés les plus éculés et semble insidieusement justifier l'autodéfense. Et ce n'est pas la peine d'espérer une bifurcation de l'histoire dans le trash et la violence, ce qui aurait au moins permis au film d'être un peu plus jouissif à défaut d'être plus réussi. Mais ici, le héros ne tue (presque) pas les méchants, il les pousse le plus souvent à mourir (appréciez la nuance !), PG-13 oblige. Le film ose même conclure sur une fausse résolution à l'amiable de la situation, histoire de se donner bonne conscience.

Avec son scope et sa bande-son tonitruante, Paparazzi a beau se donner des airs supérieurs, il ne trompe personne sur sa nature de bon gros téléfilm des familles. Pur produit inoffensif (pas de mort du côté des gentils) et complaisant (les caméos de stars venues apporter leur soutien, Chris Rock en tête), il finira, après sa sortie furtive en salles, fort logiquement sa course sur les étagères des vidéoclubs pour ne plus les quitter. On lui préférera donc toujours un vieux Bronson (voire un Schumacher, pour les plus pervers...), histoire de se défouler de nos instincts les plus vils !

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