True Lies : le remake de Disney+ est là, et c'est pire que ce qu'on craignait

James Cameron a eu une idée délirante et géniale en réalisant True Lies, le remake musclé de La Totale, mais l'histoire improbable du couple-espion aurait dû s'arrêter là, pas sur Disney+.

Dans un monde où L'arme fatale, Taken, Equalizer, Le Transporteur et Rush Hour ont été adaptés en séries et où Twilight le sera bientôt aussi, il n'est pas étonnant qu'un film aussi culte que True Lies ait également eu droit à un lifting douteux. Mais si James Cameron a eu le nez fin en faisant une version surprotéinée et finie à la dynamite de La Totale, une comédie de Claude Zidi avec Thierry Lhermitte en James Bond du dimanche, faire le remake d'un remake au format télévisuel sentait mauvais de loin.

Et ce n'est pas le premier épisode de True Lies - Pour le meilleur et pour le pire diffusé sur Disney+ qui a prouvé le contraire.

C'ÉTAIT MIEUX AVANT

Le principal intérêt de la série créée par Matt Nix était de se pencher sur les angles morts du film de James Cameron (les enfants ou le Secteur Oméga), mais aussi de creuser davantage les problématiques liées aux deux protagonistes précédemment joués par Arnold Schwarzenegger et Jamie Lee Curtis.

Si le premier point semble bien à l'ordre du jour, il paraît peu probable que les états d'âme du couple soient réellement approfondis étant donné que le pilote s'apparente à une version mâchée et régurgitée du film de 1994. Ce condensé de 45 minutes garde le même point de départ, à savoir la double vie d'Harry Tasker et le quotidien routinier de sa femme Helen, pour enchaîner sur leur enlèvement, les révélations et leur retour au bercail.

Une pirouette scénaristique à ne pas reproduire chez soi

En toute logique, les prochains épisodes se concentreront donc sur la formation d'espionne d'Helen, ses futures missions avec son mari, et le maintien compliqué de leur vie familiale. Et c'est bien dommage, car tout ce qui faisait le sel de l'oeuvre semi-originale a donc été laissé de côté ou réduit à peau de chagrin.

Helen, désormais incarnée par Ginger Gonzaga (She-Hulk), est une coquille vide dont le soi-disant mal-être et l'ennui sont balayés après deux lignes de dialogue. Faute de temps, Simon le baratineur qui cherche à la séduire a été dégagé du scénario, qui doit donc composer sans son quiproquo comique. La fausse mission d'Helen orchestrée par Harry a elle aussi disparu, tout comme le faux interrogatoire qui lui permettait de vider son sac et d'exprimer sa frustration. Ces ruptures de ton touchantes dans le film de Cameron laissent donc place à un second degré permanent dans la série, qui ne développe pas le moindre enjeu, ou le désamorce en quelques minutes seulement.

True Lies, mais vraie arnaque aussi

La ZIZAnie, mais pas de Claude Zidi

De son côté, Harry est un gentil bouffon, apparemment surentraîné alors qu'il se contente de mettre des béquilles et quelques patates molles à ses ennemis. Sa culpabilité et sa difficulté à jongler entre deux vies sont à peine effleurées, tous comme sa place vacante dans la famille, l'épisode reprenant simplement l'image bien clichée du papa absent qui achète des boules à neige en duty-free à ses enfants.

Le fait de caster Steve Howey (Shameless) semblait pourtant un choix judicieux, l'acteur ayant une carrure à mi-chemin entre Thierry Lhermitte et Arnold Schwarzenegger, mais aussi une voix douce et un potentiel comique idéal pour le ton burlesque de la série. Et même si personne ne s'attendait à revoir une armoire à glace péter des dents de terroristes, une course poursuite à cheval, des avions de chasse, des fusillades dans tous les sens ou un méchant attaché à un missile, l'action est réduite à trois scènes de piètre qualité.

Moins d'humour, moins d'action, moins d'argent

Les quatre mouvements de chorégraphies, la réalisation et le montage sont tellement risibles et approximatifs qu'ils feraient passer Claude Zidi pour Michael Bay et Thierry Lhermitte pour Bruce Willis. Sans même parler de la direction artistique ringarde et l'habillage visuel pseudo-technologique pour le Secteur Omega.

Même si les prochains épisodes pourraient gagner en intérêt en prenant leur propre chemin (plutôt que de calquer bêtement les rebondissements de True Lies), on doute encore fortement de l'utilité ou de la plus-value que pourra apporter cette énième série reboot tiède.