Julie Benz (Dexter)

Aude Boutillon | 8 juillet 2011
Aude Boutillon | 8 juillet 2011

L'an dernier, l'épisode final de la quatrième saison de Dexter divisait les fans comme jamais auparavant : scandalisés, ravis, soulagés... La disparition brutale de Rita Morgan de la série dont elle avait occupé un rôle majeur durant quatre ans ne pouvait décemment pas laisser indifférent. La première concernée, Julie Benz, n'a assurément pas la langue dans sa poche, et ne cache aucunement sa déception derrière des formules alambiquées et polies. Elle revient également sur son passage marquant dans Desperate Housewives, ainsi que sur sa nouvelle série : No Ordinary Family.

 

Propos et autoportrait (en fin d'article) recueillis par Stéphane Argentin au cours du 50ème Festival de Télévision de Monte-Carlo (juin 2010). Traduction et retranscription par Aude Boutillon.

 

 

Quand avez-vous pris connaissance de la mort de votre personnage, et quelle a été votre réaction ?

Je l'ai appris une heure avant qu'ils ne fassent le script. J'étais choquée, contrariée. On vous apprend que vous venez de perdre votre boulot, que vous aimiez, où vous étiez depuis quatre ans.

 

Avez-vous eu la possibilité d'en discuter avec les scénaristes ?

Oui, mais la décision était déjà prise. C'est votre travail d'acteur que de faciliter l'histoire. Il n'y a pas grand-chose à faire quand vous apprenez quelque chose comme ça. L'histoire a été montée ainsi, et ils voulaient une fin-choc. Ils trouvaient justifié de tuer Rita.

 

Il parait que le dernier jour de tournage, quelqu'un a transformé votre caravane en morgue.

Oui, mon petit ami et ses amis. Une grande partie de l'équipe n'a appris la nouvelle que le dernier jour de tournage de la saison. Je l'ai su une semaine avant tout le monde, il n'y avait pas eu de script qui avait circulé. Beaucoup de personnes étaient contrariées par cette nouvelle, et je tentais d'en rire un peu. C'était vers Halloween,  je me baladais avec une petite pierre tombale avec écrit « RIP » dessus, et je l'ai mise dans la baignoire. J'essayais juste d'égayer un peu tout ça, parce que certains membres de l'équipe pleuraient carrément mon départ de la série ! C'était aussi très émouvant pour moi.

 

Que pensez-vous du personnage de Rita ?

Je l'ai adorée dans la première saison, si fragile, brisée, sans maquillage. Evidemment, ça a changé au fur et à mesure de la série. Je pense qu'il y avait davantage à en dire, des choses que les scénaristes n'ont pas jugé utile d'explorer. J'aurais aimé voir sa réaction à la découverte de qui est vraiment Dexter. Mais elle ne l'aurait pas cru, elle voyait toujours le bon en lui. C'est ce qu'on voit dans la vraie vie, quand vous apprenez que votre voisin est un tueur en série, vous n'en revenez pas, parce que c'est une personne normale au possible, et la femme ne s'en est jamais doutée. Et c'est comme ça pour Rita : quand vous partagez votre vie, votre cœur, votre lit avec quelqu'un, vous ne voyez pas cette face sombre. Car si vous parvenez à la voir, qu'est-ce que ça dit sur vous ? Et surtout, dans le cas de la série, qu'est-ce que ça dit du bébé ? Je pense que Rita, en tant que mère, n'aurait jamais pris conscience de cette face de Dexter, pour sauver Harrison.

 

 

Etes-vous frustrée de ne pouvoir jouer la scène où elle découvre la vérité sur Dexter ?

Bien sûr ! La dernière saison a apporté beaucoup de frustrations. J'aurais adoré avoir une scène avec John Lithgow (rires). Mais cette scène se passe hors caméra. Ils ont cessé d'écrire de cette manière pour le personnage de Rita dès la deuxième saison. Et c'est très insatisfaisant, de n'avoir jamais pu jouer ces scènes, qui n'ont pas été écrites.

 

Est-ce que vous reviendrez, sous forme de come-back ?

Je sais que beaucoup de fans de la série ne l'aimait pas beaucoup (rires). Mais moi, je l'adore réellement ainsi que sa relation avec Dexter. Si je revenais, ce serait donc pour mon amour pour Rita.

  

Michael C. Hall vous a-t-il dit quelque chose de spécial, quand vous avez quitté la série ?

Tout le monde était un peu sous le choc. Il m'a offert une magnifique couverture blanche. A la même époque, il se battait contre la maladie. Je crois que tout le monde s'est dit que je retomberais sur mes pieds. Les derniers jours étaient durs, parce que Michael savait, et je savais. Je pense que l'équipe a commencé à sentir qu'il se passait quelque chose, parce qu'on tournait, et soudain j'éclatais en sanglots, et Michael me faisait un câlin. L'idée était choquante, vraiment.

 

Que pouvez-vous nous dire de votre nouvelle série, No Ordinary Family ?

No Ordinary Family est une série très drôle. Selon moi, c'est un nouvel hybride de série, qui mêle drame, comédie, action. C'est un mix entre Heroes, Les Indestructibles et Brothers & Sisters. Nous sommes une famille fragilisée, qui se découvre des super-pouvoirs, ce qui nous permet de resserrer nos liens. Et tourner avec Michael Chiklis après avoir joué aux côtés de Michael C. Hall. J'ai beaucoup de chance.

 

Quel est le pouvoir de votre personnage ?

La super-vitesse.

 

 

Pensez-vous que ce pouvoir reflète la vie d'une mère moderne ?

Mon personnage, Stéphanie, est la meneuse de la famille. Elle a une carrière formidable, c'est une scientifique, et elle peine à être une mère et une épouse. Elle est tellement absorbée par sa carrière qu'elle ne trouve pas le temps pour le reste. Donc elle développe ce pouvoir, et soudain, elle peut à la fois être la scientifique, la femme et la mère. C'est tout juste si elle ne se fiche pas d'où vient ce pouvoir, parce qu'elle a tellement galéré. Je pense que c'est quelque chose qu'on voit beaucoup, de nos jours, surtout avec cette économie à cause de laquelle les deux parents doivent travailler. Vous bossez 40, 50, 60h par semaine, et vous n'avez pas le temps de vous occupez de vos enfants, qui ne s'en sortent plus à l'école, et vous n'avez pas de liens avec eux, et votre mari s'éloigne...

 

Vous avez fait une apparition dans Desperate Housewives. Etait-ce drôle, de jouer une strip-teaseuse ?

Le rôle m'a été offert le lendemain de la diffusion du dernier épisode de Dexter. Je n'en revenais pas, j'étais ravie. C'était génial. J'adore Desperate Housewives depuis le début de la série, et je n'aurais jamais pensé avoir l'opportunité d'y être. J'ai trouvé Robin géniale, pure. Toutes les femmes ont des secrets, et Robin accepte simplement qui elle est : une strip-teaseuse lesbienne. Les gens la jugent, et elle arrive à dépasser cela. C'était très amusant de faire de la comédie, et de jouer quelqu'un d'aussi différente de Rita.

 

Comment vivez-vous le fait de tourner si peu vêtue ?

Personne n'est jamais à l'aise ! Le secret, c'est beaucoup d'autobronzant, ça vous donne l'impression de porter des vêtements (rires). Je ne suis pas le genre de personne à porter ce genre de vêtements, mais mon personnage si, donc quand j'étais en tournage, c'était très naturel, je n'y pensais même pas. Est-ce que je faisais attention à ce que je mangeais ? Oui ! Est-ce que j'ai fait beaucoup d'exercice ? Oui ! Est-ce que j'étais un peu névrosé, à propos de tout ça ? Peut-être un peu (rires). L'histoire du sirop d'érable était tellement drôle ! Et j'avais peur d'aller trop loin, et on me disait « non, non ! ».

 

Le baiser avec Dana Delany était-il difficile à tourner ?

Non. Quand vous tournez une scène de baiser, c'est toujours un peu bizarre, même Michael, qui n'est pas mon copain. Mais quand vous êtes dans votre personnage, c'est naturel. Dana  est belle, elle sent très bon, elle n'a pas de poils sur le visage... Il y a des choses dont vous avez à vous préoccuper quand vous tournez avec un homme, pas avec une femme (rires) ! 

 


 

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