Jenna Ushkowitz (Glee)
Après avoir donné la parole à la tyrannique Sue Sylvester puis au producteur exécutif de la série, il est temps de s'intéresser à ce qu'ont à raconter les premiers intéressés de Glee : les adolescents (ou du moins, ceux qui les interprètent). Jenna Ushkowitz ouvre le bal, en revenant sur son personnage de Tina, gothique timide... et talentueuse.
Propos et autoportrait (en fin d'article) recueillis par Stéphane Argentin au cours du 50ème Festival de Télévision de Monte-Carlo (juin 2010). Traduction et retranscription par Aude Boutillon.
Avec tout ce que comprend ce phénomène qu'est Glee (la série, les chansons, les chorégraphies, la tournée), n'êtes-vous pas épuisée ?
Je n'ai tout simplement pas le temps d'y penser ! (rires) Toutes ces choses prennent énormément de temps, mais nous essayons de prendre aussi pas mal de moments pour décompresser, donc ça va. Pour l'instant !
Ce succès fulgurant vous a-t-il surprise ?
Bien sûr, je pense qu'aucun d'entre nous ne s'y attendait. C'est incroyable. Mais nous savions que nous nous engagions dans quelque chose de spécial, nous ne pouvions qu'espérer que ça fonctionne.
Pouvez-vous nous expliquer le processus de production des épisodes, votre emploi du temps ?
Un épisode est fait en 8 jours. Lorsque nous faisons un épisode, nous recevons déjà le script relatif au suivant. Donc quand nous filmons un épisode nous nous préparons déjà pour le suivant. Quand on ne tourne pas, on se rend au studio de danse, où l'on répète avec une démo. Ceux qui doivent chanter vont faire l'enregistrement, ce qui prend de une à trois heures pour une chanson, après quoi vous pouvez répéter la chorégraphique sur la version finale de la chanson. Puis le tournage à proprement parler peut prendre d'une demie à une journée.
Pourquoi les adolescents s'identifient-ils tellement à vos personnages ?
Il y a déjà des séries comme Gossip Girls, 90210, qui montrent un côté très glamour du lycée, et c'est un aspect que j'adore. Mais Glee montre aussi l'opposé, c'est-à-dire les gamins qui se font ennuyer, les marginaux. Nous représentons ceux-là, c'est-à-dire la majorité, et les gens apprécient cela. De nombreux fans viennent me voir en me disant : « Tina, c'est moi dans mon lycée ». C'est donc une vraie responsabilité de montrer ces ados d'une façon positive.
Il n'y a pas si longtemps, vous étiez encore au lycée. Ne pensez-vous que les storylines vont trop loin ?
Vous savez, on va un peu loin, tout simplement parce que c'est la télévision ! Je n'ai pas l'impression que l'on va si loin que ça, on doit simplement représenter ce qui se passe au lycée, en bien comme en mal. Il y a notamment beaucoup de controverses autour des « jocks » (jeunes sportifs très investis dans leur discipline, NDLR), et des « born again christians » (individus autrefois écartés de la religion qui revendiquent leur rédemption religieuse, NDLR), mais je pense, malgré le fait que ça soit très drôle, que ça part d'une réalité, la grossesse chez les ados, tout cela.
Vous n'adoptez manifestement pas le même style vestimentaire que votre personnage, Tina. Récemment, dans le show, vous avez été amenée à en changer, car le style goth-vampire est devenu interdit. Etiez-vous soulagée de ne plus avoir à le porter ?
Un petit peu, mais pas tant que ça, car mon personnage et moi-même sommes deux personnes différentes, donc porter ces costumes aide considérablement à se mettre dans la peau de cette fille discrète et un peu sombre. C'était marrant et agréable d'arriver sur scène avec mon propre style, sans maquillage, juste dans un vieux sweat gris. Mais j'étais heureuse de retrouver Tina, je pense que c'est important, c'est ce qu'elle est.
Vous avez commencé une carrière relativement jeune. Pouvez-vous nous en parler ?
J'ai travaillé pour quelques épisodes sur Sesame Street, puis sur un épisode ou deux pour Reading Rainbow. Quand j'étais plus jeune, j'ai fait de nombreuses pubs, des doublages. Puis quand je suis arrivée à Broadway, j'ai suivi une formation théâtrale, pris des cours de danse tous les jours, des cours de diction toutes les semaines, c'est très différent de ce que l'on fait ici à Los Angeles dans Glee. Mais ça a aidé, cet entraînement m'a été bénéfique.
Quelle a été votre première réaction quand on vous a proposé le rôle de Tina dans Glee ? Pensiez-vous que c'était une simple redite de High School Musical, ou que les séries musicales sont vouées à l'échec, comme Cop Rock, ou Viva Laughlin, qui n'ont pas du tout marché ?
Nous avions un peu peur, bien entendu. Mais quand j'ai lu le script pour la première fois, j'ai su que Glee était différent, que ça fonctionnait, le contexte était le bon, comme cette façon de réinterpréter des morceaux, et non de faire les originaux comme c'est le cas dans High School Musical, c'est une différence importante. Beaucoup de gens ont pensé à High School Musical, mais pas nous. Aucune des autres séries musicales n'ayant marché, nous étions inquiets, bien sûr, mais nous savions avec certitude que Glee était spécial.
Quant au fait que le créateur de Glee soit celui de Nip/Tuck, une série très transgressive, trouviez-vous étrange qu'il aborde le sujet des jeunes, ou saviez-vous qu'il avait auparavant fait une série sur le lycée (Popular) ?
Je connaissais Ryan Murphy, et sa réputation venant de Nip/Tuck, mais je savais surtout qu'il avait dit vouloir changer pour quelque chose de plus léger, positif, et sincère. Il a fait en sorte que la série soit dans cet esprit tout au long. Nous savions qu'il y aurait un côté estampillé « Ryan Murphy », sombre, sec, comme le représente le personnage de Sue Sylvester, mais nous savions dans quoi nous nous engagions.
Vous dites penser que Glee propose une description réaliste de la vie au lycée.
Oui, en effet. J'appartenais à un « glee club » (chorale), au lycée, c'est assez fidèle à ce que j'ai vécu. Même si on ne s'est jamais moqué de nous comme dans la série, nous étions des « geeks du théâtre », nous n'étions pas des gamins populaires. Je pense que les problèmes abordés sont véridiques. Beaucoup des amis que j'avais traversaient des épreuves qui sont traitées dans la série, comme le coming-out vis-à-vis de la famille, ou même la grossesse. Le personnage de Tina me vient d'une amie que j'ai fréquentée au lycée, une gothique qui faisait du théâtre avec moi.
Qui serait votre guest star de rêve ?
Certainement Hugh Jackman, il irait vraiment bien avec M. Schuester, il sait danser, chanter, jouer, il a fait de la scène. C'est comme l'équivalent masculin de Kristin Chenoweth.
Quels étaient vos moments préférés dans la première saison ?
Oh, il y en eu tellement... On a adoré faire « Somebody to love », c'était vraiment particulier. Le spécial Lady Gaga était très marrant à faire aussi. La scène que j'ai préféré voir, c'était quand les garçons ont interprété « Single Ladies » sur la terrain de foot, je pense que c'était un épisode plutôt épique !